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Nouveau rebondissement dans le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 : impact zéro sur l’opinion ?
©Reuters

Berlusconisation

Nicolas Sarkozy avait déposé une plainte à l'encontre de Médiapart pour "faux et usage de faux", dans le cadre de l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle... mais cette saga médiatique présente peu d'intérêt : elle est bien trop instrumentalisée pour.

Alexis Théas

Alexis Théas est haut fonctionnaire. Il s'exprime ici sous un pseudonyme.

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Atlantico : La justice a rendu vendredi une décision de non-lieu dans le cadre de l'affaire opposant Nicolas Sarkozy à Médiapart, au sujet d'un document censé démontrer l'existence d'un financement libyen de sa campagne. Pourtant, cette situation est elle à réellement à même de fragiliser la situation de "pré-candidature" de l'ancien Président de la République ? 

Alexis Théas : Non, cela paraît peu probable. Selon le jugement en question, il n'existe pas de preuve que le document en questions serait un faux. Mais cela n'établit pas pour autant la culpabilité de Nicolas Sarkozy dans ce dossier. On ne voit pas bien en quoi cette annonce serait de nature à desservir directement et gravement sa candidature probable. Il n'est pas certain d'ailleurs qu'elle passionne les Français. Quelle personnalité politique a des réponses pour sortir la France de la crise profonde, économique et mentale qu'elle traverse aujourd'hui? Aujourd'hui aucune ligne claire ne transparaît nulle part, ni sur les questions économiques ni sur les grandes préoccupations sociales comme la sécurité ou l'immigration, encore moins sur les affaires européennes et internationales. Voilà ce qui inquiète profondément les Français de tout bord aujourd'hui et le problème de Sarkozy est qu'il n'a pas plus de réponse que les autres...  

Deux scénarios demeurent possibles : une condamnation et une peine inéligibilité pour Nicolas Sarkozy ou une situation de  statu quo. En attendant, braquer les projecteurs sur un tel événement  n'a-t-il pas pour seul effet d'accentuer la polarisation de l'électorat : les uns y voyant chaque fois la preuve que M. Sarkozy est victime d'un acharnement et les autres qu'il n'y a pas de fumée sans feu ?

Oui, bien sûr, s'il était condamné dans l'une des affaires, son éventuelle candidature à la présidentielle serait gravement hypothéquée. Il y a dans l'opinion une quête de probité, après l'affaire Cahuzac, qui est indéniable. Toutefois, d'après le calendrier judiciaire que l'on connaît cette hypothèse paraît peu crédible. La nouvelle du non lieu dont bénéficie le site Internet Médiapart ravive les souvenirs de la haine anti-sarkoziste qui a marqué les années de sa présidence, puis la campagne de Hollande et ses deux premières années. Cette nouvelle, en effet, ne saurait avoir d'autre effet que de creuser les clivages. Les défenseurs de Nicolas Sarkozy y verront le fruit d'une acharnement contre leur champion. Ses adversaires y liront le signe "qu'il n'y a pas de fumée sans feu". En revanche, on ne voit pas quel impact peut avoir  cette information sur l'électorat flottant de la droite qui fera la décision lors des primaires.  Le plus probable est qu'il est nul, surtout à six mois du vote.

Dans ce cadre, les différentes "affaires" en cours concernant Nicolas Sarkozy ont elles réellement eu un effet sur sa popularité ?

Dans ce cadre, les différentes "affaires" en cours concernant Nicolas Sarkozy ont elles réellement eu un effet sur sa popularité ?

Il a deux effets simultanés. D'une part, il contribue fortement à souder le noyau dur des soutiens à l'ancien président. Celui-ci est vécu comme une victime d'un système qui ne cesse de s'en prendre à lui. Ce statut de paria crée un phénomène d'identification à son personnage et de forte solidarité en sa faveur. A ce niveau, c'est l'affect, la passion qui joue, plutôt que la raison. On le voit à travers l'engouement de ses partisans pour obtenir sa dédicace lors des signatures de son livre.  Le phénomène est important car le président Sarkozy compte sur ce noyau dur d'admirateurs pour l'emporter en novembre 2016 et en mai 2017. En revanche, sur le plan de l'opinion publique en général, au-delà de la question du non lieu de mediapart, les affaires font partie d'un ensemble qui contrinue à l' impopularité globale de Nicolas Sarkozy. On voit bien que depuis sa défaite en 2012, il n'y a pas de large courant d'opinion en sa faveur et qu'il n'est pas ressenti comme un recours. Cet obstacle tient à sa personnalité, jugée trop clivante mais aussi aux affaires qui d'un point de vue général, national, nuisent à son image.

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