Nous avions vaincu la grippe par inadvertance. Curieusement tout le monde s’en fiche pour l’hiver qui vient…<!-- --> | Atlantico.fr
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Une membre du personnel soignant d'une maison de retraite s'apprête à vacciner une résidente de 88 ans, contre la grippe saisonnière à Bozouls, dans le sud de la France, le 14 octobre 2020.
Une membre du personnel soignant d'une maison de retraite s'apprête à vacciner une résidente de 88 ans, contre la grippe saisonnière à Bozouls, dans le sud de la France, le 14 octobre 2020.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Quel hiver voulons-nous ?

Alors que la grippe touche chaque année, en moyenne, près de 30 millions d'Américains et entraîne plus de 30 000 décès, des taux très faibles et un net recul de la grippe ont été enregistrés l'an dernier suite aux mesures déployées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Cette situation est-elle inquiétante pour l'hiver à venir ? Un rebond des cas de grippe est-il à redouter avec l'allègement des gestes barrières ?

Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon est médecin généraliste à Clamart,  président d'honneur et porte-parole de la Fédération des médecins de France. Il a été la voix des généralistes dans toutes les crises récentes.

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Atlantico : Chaque année, en moyenne, la grippe rend malade environ 30 millions d'Américains et en tue plus de 30 000. Sauf que l'année dernière, les choses ont été différentes : au cours de la saison de grippe 2020-21, les États-Unis n'ont enregistré qu'environ 2 000 cas. Peut-on parler de disparition de la grippe ?

Jean-Paul Hamon : On ne peut pas parler de disparition de la grippe, elle restera présente. On voit bien déjà que le réseau sentinelle a détecté des cas de grippe alors que la saison n'a pas encore commencé. Il y a de nombreux cas de bronchiolite, et de pathologies virales (rhinopharyngites, angines...) que l'on ne voyait pas l'an dernier. Les confinements successifs et les fermetures d'écoles ont fait que les virus ont beaucoup moins circulé l'an dernier, et on peut faire l'hypothèse que les gens n'ont pas été confrontés à ces virus, on a une immunité moindre. En ajoutant à cela des gestes barrière moins respectés, impactant l'efficacité du vaccin. On a pu observer une réelle flambée de bronchiolites, nous espérons ne pas observer un retour massif de la grippe. Il faut que les gens fragiles se vaccinent contre la grippe, en espérant qu'il soit efficace. Je ne sais pas comment les industriels ont fabriqué leur vaccin cette année, mais le virus a très peu circulé l'an dernier.

Certains épidémiologistes avancent que l'infection pourrait produire une réponse immunitaire générale qui conférerait également une protection contre la grippe. Est-ce la seule piste d’explication que nous avons à l’heure actuelle ? Qu'en est-il de la situation en France ?

On peut espérer que les épidémiologistes soient sur la bonne voie. Il y a eu très peu de grippe l'an dernier, que ce soit aux Etats-Unis ou en France. Mais on peut craindre que la grippe reprenne de plus belle cette année. On peut aussi se dire que la fabrication du vaccin n'a pu se faire que sur une faible circulation du virus de la grippe. Il faudra vacciner massivement pour ne pas se retrouver dans la même situation qu'il y a deux ans, où les pharmaciens ont vendu leur vaccin sans prioriser les personnes fragiles, et on a eu des pénuries.

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Que dire de ce climat de négligence vis-à-vis de la disparition manifeste de la grippe l’hiver dernier ? Est-il dangereux pour l’hiver à venir au sortir des confinements ?

Avec le redémarrage des gastro-entérites, il est clair que les gens respectent moins le lavage des mains. L'an dernier, elles avaient presque disparu. Les gens se lavent beaucoup moins les mains, il y a eu un vrai relâchement sur les mesures barrières. Probablement parce que les gens en ont marre, c'est un relâchement compréhensible. Il faudra faire des campagnes de rappel pour expliquer aux gens qu'il faudra bien mettre le masque, se laver les mains et respecter des distances de sécurité. On est en automne, l'hiver arrive, et on ne pourra pas aérer les appartements comme on pouvait le faire en été. Quand on voit que les hôpitaux sont saturés avec l'épidémie de bronchiolites qui arrivent plus tôt que d'habitude, on ne peut qu'éspérer qu'il n'y aura pas d'épidémie de grippe qui remplacera les cas Covid des hôpitaux. Les soignants en ont marre, et ça va aussi poser de graves problèmes, ils s'épuisent.

Pour les vaccins du Covid, on a une forte demande de troisième dose pour les personnes à risque, on fera le vaccin contre la grippe à ces gens-là, ils sont très motivés, c'est positif.

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