Nos élites bien-pensantes détestent ce que fut la France, et méprisent ce qu’elle est aujourd’hui<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Nos élites bien-pensantes détestent ce que fut la France, et méprisent ce qu’elle est aujourd’hui
©

Révisionnisme des élites ?

Dans son dernier ouvrage "Le suicide français", Eric Zemmour revient sur les 40 années qui ont selon lui défait la France. Il mobilise aussi bien la politique que l'économie ou la littérature, le cinéma et la chanson. Extraits 2/2.

Éric Zemmour

Éric Zemmour

Eric Zemmour est journaliste et essayiste. Il a déjà publié une quinzaine de livres dont "Le Suicide français" (Albin Michel), "Destin français" (Albin Michel), "Le coup d'Etat des juges" (Grasset) ou bien encore "Le livre noir de la droite" (Grasset). Eric Zemmour vient de publier en septembre 2021 "La France n'a pas dit son dernier mot" aux éditions Rubempré.  
Voir la bio »

Le 21 octobre, la bataille de Trafalgar fut célébrée par une magnifique parade navale. Les autorités françaises y avaient envoyé de fort bonne grâce le sous-marin nucléaire Charles de Gaulle et une digne escorte. Le musée de la Marine anglaise avait organisé une exposition « Nelson-Napoléon » à laquelle les institutions françaises (Louvre, Versailles, musée de l’Armée, etc.) prêtèrent leur concours : une manière perfide d’humilier les Français sans avoir l’air d’y toucher, que d’opposer – sur un pied d’égalité – l’illustre marin mais soudard Nelson, et l’empereur des Français ! Le hasard à l’humour très british voulut que le vernissage de l’exposition eût lieu le jour même où Londres – battant Paris sur le fil – fut désignée pour organiser les Jeux olympiques de 2012 ; l’annonce fut célébrée par des cris de joie britanniques et des tapes ironiquement amicales sur les dos français.

Ce fiasco – au sens sexuel de Stendhal – fut analysé comme l’expression la plus aboutie de la « haine de soi » française. Cette analyse à l’origine iconoclaste et mal pensante que François Furet attribuait à la bourgeoisie postrévolutionnaire devint trop vite banalité. Cette « haine de soi française » est d’ailleurs un peu différente de son modèle, la haine de soi juive du XIXe siècle, car elle affecte davantage le passé de notre pays.

Nos élites bien-pensantes détestent ce que fut la France, et ne font que mépriser ce qu’elle est aujourd’hui. Nos bien-pensants haïssent et vilipendent leurs parents et ancêtres, mais ils s’aiment et s’estiment beaucoup. Napoléon est honni car il incarne jusqu’à la caricature ce que fut notre pays, et fit sa grandeur – la gloire de ses armes. Dans les ouvrages scolaires d’Histoire, pour collégiens ou lycéens, ses batailles innombrables ne sont même pas mentionnées. Les seules parfois retenues sont ses défaites, Leipzig parce qu’elle forgea la nation allemande, Waterloo parce qu’elle fonda l’hégémonie anglaise. On ne veut retenir de Napoléon que le Code civil, les préfets, la Banque de France. Son œuvre pacifique. C’est la guerre qui rebute. Et derrière lui, l’Homme. Guerre, Homme, Patrie, trinité diabolisée de notre temps.

Extrait de Le suicide français, Albin Michel (1er octobre 2014)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !