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Le souverain pontife a canonisé hier dimanche les 800 martyrs d’Otrante.
Le souverain pontife a canonisé hier dimanche les 800 martyrs d’Otrante.
©Reuters

Canonisation

Le souverain pontife a canonisé hier dimanche les 800 martyrs d’Otrante. Un exercice en apparence banal. Pas tant que ça…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le 13 août 1480, 800 habitants du port italien d’Otrante furent décapités. Enfin pas tous : certains furent sciés en deux, d’autres empalés, d’autres encore hachés menu. C’était une époque cruelle. Leur crime : ils avaient refusé d’abjurer leur foi catholique. Depuis ce jour sanglant, l’Italie les honore, et le pape François, suivant en cela l’initiative de son prédécesseur Benoît XVI (Jean-Paul II les avait béatifiés en 1980), a fait d’eux des saints.

Dans son homélie, il a, bien sûr, trouvé les mots qu’il fallait pour saluer leur abnégation et s’incliner devant leur courage et leur amour du Christ. Mais qui a massacré les 800 martyrs d’Otrante ? Mais pourquoi, et au nom de quoi, les a-t-on suppliciés ? Ce n’est pas en écoutant l’homélie papale qu’on le saura. On peut la prendre par tous les bouts, la secouer, la tordre : pas un mot sur les bourreaux !

Pour ceux que ça pourrait intéresser, force donc est d’ouvrir un livre d’Histoire. Le 12 août 1480, une puissante flotte turque s’empara d’Otrante après un long siège. Les habitants réussirent à fuir. Pas tous. Le commandant turc, Gedik Ahmed Pacha, ordonna que les survivants soient amenés devant lui. Pour avoir la vie sauve, ils devaient renier le Christ et embrasser l’islam. Tous, les 800, refusèrent. Tous périrent.

Devrait-on s’étonner des omissions papales ? Devrait-on lui jeter la pierre ? Le pape François, attentif à la haine qui en 2013 (aujourd’hui, pas en 1480 !) brûle dans certaines régions du monde, et au nom d’une certaine religion, fait ce qu’il peut – et ce qu’il doit – pour éviter de nouvelles victimes. Il sait que des millions de chrétiens vivent dans des pays où la religion d’État est celle de Gedik Ahmed Pacha.

Il sait que des églises coptes ont brûlé en Égypte avec leurs fidèles à l’intérieur. Il n’ignore pas qu’au Pakistan être chrétien est dangereux et que le délit de blasphème (pas contre le Christ) est là-bas puni de mort. Il reçoit en permanence des nouvelles du Nigeria où une secte islamiste s’est fait un devoir de tuer les Infidèles qui ne reconnaissent pas Allah.

Alors oui, il baisse la tête de crainte de souffler sur les braises. Que peut-il faire d’autre que de prendre quelques prudentes libertés avec la vérité historique ? Certaines choses ne peuvent pas, ne doivent pas être nommées. Pour l’avoir fait, Benoît XVI, qui se référant à Byzance avait évoqué la propagation guerrière de l’islam, déclencha une dangereuse vague d’indignation dans le monde musulman. Et il fut à jamais marqué du sceau infamant d’islamophobe. Le pape François n’est pas islamophobe…

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