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Non, messieurs du Monde, tout n'est pas permis contre Marine Le Pen !
©Reuters

Trop c'est trop

On peut la critiquer : et il y a de quoi faire. Mais les coups bas …

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les fins de campagnes électorales sont éprouvantes pour les candidats et candidates. Ils, elles, fatiguent beaucoup. Et il leur arrive de tenir des propos confus (Macron les accumule) et parfaitement excessifs. Marine Le Pen n'échappe pas à cette règle. La présidente du Front national se pose en championne de la lutte contre le terrorisme, l'immigration. Pourquoi pas ? Encore que, dans ce domaine, François Fillon paraît plus sobre et plus crédible. 

Emportée par son élan, elle a déclaré que si elle avait été au pouvoir, certaines choses particulièrement horribles et sanglantes n'auraient pas eu lieu en France. "Avec moi, a-t-elle dit, il n'y aurait pas eu de Mohamed Merah, Français grâce au droit du sol". Et elle a enchaîné "avec moi il n'y aurait pas eu les attentats du Bataclan et du Stade de France", parce que les terroristes "ne seraient pas rentrés dans notre pays". 

Pour comprendre ce qui précède, il faut savoir que Marine Le Pen préfère le droit du sang au droit du sol. Et qu'elle veut en finir avec l'espace Schengen, revenir aux frontières nationales étroitement surveillées. C'est discutable et ça se discute. Tout comme son "avec moi" semble un peu péremptoire avec une efficacité qui est loin d'être garantie. 

Tout cela peut être contesté et critiqué. Mais cela n'autorise pas un journal, naguère qualifié de "journal de référence", à titrer ainsi son éditorial : "Marine Le Pen, la frontière de l'indécence". Nous avons nommé Le Monde. Ce journal accuse la présidente du Front national d'avoir, avec ses propos "indignes", franchi "une ligne rouge d'ordre moral". 

"Peut-on jouer ainsi à des fin électorales, avec la mémoire des morts?", s'écrie Le Monde, qui excelle dans le registre outragé. Une façon de transformer Marine Le Pen en hyène ou en charognarde. Et là, puisqu'il est question de décence, c'est Le Monde qui est indécent. Les mort, tous les morts, tous les assassinés, réclament vengeance. Les morts, tous les morts, tous les assassinés ont une famille, des proches, des amis qui se demandent légitimement si on aurait pu éviter leur perte. 

Nombreux sont ceux qui luttent contre les pesticides responsables, selon eux, des milliers de décès. Trouverait-on "indécent" qu'ils disent que si les pesticides avaient été interdits, il n'y aurait pas eu tous les morts qu'ils leurs imputent ? Encore plus nombreux sont ceux qui veulent interdire le nucléaire en raison de ses radiations supposées mortelles. Trouverait-on "indigne" qu'ils proclament que l'interdiction du nucléaire aurait évité des milliers et des milliers de cancers ? 

Comme souvent, Marine Le Pen exagère. Mais elle ne mérite pas les coups bas qu'essaye de lui porter Le Monde. Ce journal fait avec les mots ce qu'il reproche à Marine le Pen de faire avec les morts. Il y a aussi des charognards dans la presse. 

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