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Non, manger plus de fruits et légumes ne viendra pas à bout de l'obésité
©Reuters

Cinq fruits... Bla bla bla...

Les Français ont augmenté leur consommation de fruits et légumes, mais cela n'a pas eu les effets souhaités : le nombre d'obèses est lui aussi en hausse.

Jean-Michel Cohen

Jean-Michel Cohen

Le Dr Jean-Michel Cohen, bien connu du grand public est médecin nutritionniste. Il propose à tous l’apprentissage d’une hygiène de vie et d’une alimentation nouvelle qui laisse une grande place au plaisir. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le Guide d’achat pour bien manger 2015/2016 et anime également le site internet www.savoirmaigrir.tv.

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Afin de lutter contre l'obésité, il est conseillé de consommer beaucoup de  fruits et légumes frais. On constate une augmentation de la consommation de ces produits : on mange 30 Kg de légumes et 25 Kg de fruits par an de plus qu'en 1970. Cependant le taux d'obésité continue de grimper. Comment expliquer que l'augmentation de la consommation de fruits et légumes ne parvienne par à endiguer l'obésité ?

Jean-Michel Cohen : Il existe une énorme confusion qui résulte du fait que la consommation de fruits et légumes est orientée vers la lutte contre l'obésité et les carences. Au travers de ce message, la population a cru que c'était la recette qui suffisait pour réduire l'obésité or la lutte contre l'obésité n'était pas le seul objectif. Il existe bien une corrélation entre la consommation de fruits et légumes et le maintien d'un poids stable mais l'obésité passe par la réduction des apports energétiques, ce que l'on appelle un régime. Mot qui passe de plus en plus difficilement prononcable à cause de sa connotation négative. Aujourd'hui nous ne savons même plus le définir ; un régime sans gluten en est-il effectivement un ? Qu'en est-il de ce que l'on appelle le "rééquilibrage alimentaire " ? Il y a aussi le fait que l'on ne sait plus très bien ce que l'on mange, les produits sont de plus en plus compliqués. Par exemple un gâteau sec comprend entre 350 et 650 calories.
Pourquoi ne nous satifaisons-pas de produits non sucrés et non gras ? 
On est naturellement attirés vers le gras et le sucre. D'autant plus que l'industrie alimentaire crée de nouveaux goûts, de nouveaux produits... Il y a une augmentation permanente de l'offre ce qui explique la hausse du nombre de personnes touchées par l'obésité. Il y a aussi une notion de liberté affectée à l'alimentation : "je mange ce que je veux et je m'en moque." 

Nos modes de vie favorisent-ils une alimentation moins saine qu'auparavant ?  

Ce n'est pas tellement notre mode de vie qui a changé même si nous sommes plus sédentaires qu'auparavant. C'est la production alimentaire qui a changé, l'industrie alimentaire produit plus, développe non plus seulement un produit mais aussi une gamme et crée des produits plus compliqués. 

La façon de consommer ou de cuisiner les fruits et légumes est-elle toujours pauvre en matière grasse ? 

Il y a un paradoxe. Si nous cuisinons de manière à ce que les aliments soient les moins caloriques possible nous n'allons pas avoir envie d'en remanger. Par exemple entre un plat d'haricots cuits à l'eau et un plat d'haricots cuits à la poêle avec des petits oignons, l'apport calorique n'est pas le même mais le goût non plus. Il faut quand même cuisiner un peu les fruits et légumes pour que cela plaise et que l'on ait envie d'en manger de nouveau. 

L'obésité toucherait moins les personnes ayant fait de longues études. La lutte contre l'obésité est-elle liée aux moyens financiers ? Quels sont les autres explications ? 

Oui, c'est lié aux moyens financiers. Les risques de devenir obèse sont proportionnels aux moyens financiers et diminuent plus les revenus sont élevés.Il y a aussi d'autres explications : quelqu'un qui est cultivé connaît la différence entre le fromage blanc et le yaourt par exemple et a plus facilement accès à la médecine.

Cela veut-il dire que quelqu'un qui n'a pas fait d'études a plus de chances de devenir obèse ? 

Un autre élément entre en compte; l'éducation par la famille. Tout se joue avant 16 ans, après cet âge il devient difficile de changer ses habitudes alimentaires. Seulement 20% à 30% des adultes parviennent à changer leur alimentation. S'il a reçu une bonne éducation alimentaire de la part de ses parents, qu'il ne la remet pas cause à l'âge adulte et qu'il ne cède pas aux pressions commerciales, il a toutes les armes pour ne pas devenir obèse. 

Pouvez-vous nous donner des conseils simples afin de limiter les risques ? 

Il faut tout simplement abaisser sa consommation calorique. Une étude récente montre que les personnes qui achètent le plus de fruits et légumes ont un poids inférieur à la moyenne. Il faut donc changer ses habitudes. Au début vous jetterez ces produits mais si vous continuez à les acheter vous finirez par les manger. 
Il faudrait également un système de repérage plus simple avec des catégories d'aliments et des couleurs selon l'apport de l'aliment. On peut aussi prendre l'exemple des pays nordiques ( Suède, Danemark, Norvège) où des cours de cuisine sont dispensés aux garçons et aux filles, et leur faible taux d’obèses montre que ce système fonctionne. Il faudrait également une baisse du nombre de produits proposés par l'industrie alimentaire pour encourager la population à maigrir. 

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