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Myriam El Khomri : une supercherie utile à la France
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Ce ministère, qui depuis 20 ans aurait dû être rebaptisé « ministère du chômage » est le prototype du ministère « de façade », dont l’activité est de prétendre avoir un impact sur l’emploi, alors qu’il a déjà bien du mal à gérer l’inactivité.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Il y a des blagues drôles et utiles. Celle qui amène la presse, unanime, à faire de Myriam El Khomri, la porteuse d’une fronde réformatrice, qui attaque au plus profond de ses fibres, la gauche de la gauche, est à mourir de rire. Mais le rire est, à la fois bon pour la santé, et en second lieu, dans ce cas, utile pour l’économie. Pour une fois que les politiques nous font une blague utile, ne boudons pas notre plaisir.

Myriam El Khomri est une blague. Comme ses prédécesseurs, de droite et de gauche. Ce ministère, qui depuis 20 ans aurait dû être rebaptisé « ministère du chômage » est le prototype du ministère « de façade », dont l’activité est de prétendre avoir un impact sur l’emploi, alors qu’il a déjà bien du mal à gérer l’inactivité. Un observatoire, au mieux, de la disparition de la prétention mal placée de l’Etat, d’avoir le moindre pouvoir sur la création d’emplois dans notre pays.

Les Français ont enfin réalisé que l’Etat ne créait pas l’emploi. L’emploi se créé dans et par les entreprises. C’est fou non ? Qui l’aurait cru ? Ce sont plus précisément, les entrepreneurs, dans les PME et TPE, qui sont les créateurs de cette source de richesse, autrefois inépuisable et désormais totalement éreintée. A force d’oublier les entrepreneurs et de considérer ces 3 millions d’entreprises comme quantité négligeable nous avons fini par… négliger la création d’emploi. A force de plans futiles, sur la création d’emploi focalisé sur les jeunes, de discours convenus et sans substance sur l’apprentissage et les emplois d’avenir, qui ne sont ni des emplois, et n’ont aucun avenir, nous en avons oublié et tari la source. Nous. Les entrepreneurs. Les prolétaires de l’économie capitaliste, cette économie qui s’est perdue en faisant de ses performances boursières trimestrielles, le critère de jugement de son action, quand l’action de l’entreprise, ne devrait être mesurée que par la richesse qu’elle créé et le progrès qu’elle apporte.

Les grands groupes, malgré eux, pour une large partie d’entre eux, détruisent de l’emploi même quand ils en créent. En clair, ils embauchent un nombre de salariés, inférieur à celui de ceux qui les quittent chaque année. Le solde net est ainsi négatif, depuis de nombreuses années dans notre pays, et la tendance se vérifie chaque année. Il faut donc compter sur les petits, les misérables, les « causettes » de l’entreprise, pour redonner vigueur aux statistiques du chômage et paradoxalement justifier l’existence d’un ministère du Travail. A un moment où l’emploi tel que nous l’avons connu, disparaît pour se faire « ubériser » par la notion d’activité.

Hollande est un « magic calculator ». Il a trouvé que Macron, son électron libéral, prenait trop de gallon, trop vite et a voulu neutraliser la météorite, qui elle même avait servi à neutraliser un Valls trop compatible à droite et au centre, qui pouvait représenter un danger pour sa propre survie politique. Exit la Loi NOE qui pouvait affirmer la vision de ce ministre qui avait sa carte de gauche dans sa poche de droite, afin de tout recentrer sur la Loi Khomri, censée être la preuve apportée aux réactionnaires de droite (ils le sont presque tous chez LR), que la rénovation et le libéralisme soufflent à gauche. Et tout le monde de porter au pinacle, au hit parade de la « réformite », une Myriam, qui savait à peine ce que signifiait le droit du travail quelques semaines avant. La ficelle est bien grossière, mais une partie de la presse adore les hameçons grossiers, alors que les ficelles de la marionnette partent de l’Elysée et de nulle part ailleurs. Elle fait ce qu’on lui dit de faire, elle écrit ce qu’on lui dit d’écrire, elle n’a aucune espèce d’autonomie en la matière et le sujet est trop sensible pour le confier à plus incompétent que les incompétents. Bref, un Ministère et une Ministre inutile, qui fait un playback digne des chanteurs des années 70, sans les Claudettes en toile de fonds.

Dans ce moment de crise, que le Président à trouvé opportun, pour accroître de 6 postes un gouvernement déjà bien démesuré quand on le compare à ses réalisations, afin de satisfaire les prostituées de la scène politique, qui peuvent enfin trouver une porte assez large pour y faire passer leur ego (Placet en tête de ce bal de la petitesse et des minables ambitions), nous aurions pu faire l’économie d’un Ministère inutile. Mais non, sa seule utilité sera politique, faire de l’ombre à l’homme qui fit de sa barbe de 2 jours, l’objet du bavardage des médias couvrant le CES en janvier.

Mais retenons une leçon utile. L’attaque des dogmes, même si ils sont souvent restés à l’état de mots, aura été le fait d’un gouvernement de gauche. Celui de Hollande. Ces mots, qui sont le premier pas qui mène de l’idée à la réforme, auront été prononcés, susurrés, par la gauche, quand la droite y resta sourde et muette, pendant tout son mandat. A aucun moment la droite de Sarkozy, qui semble penser que vendre 200 000 livres promet un succès aux présidentielles (ce qui assurerait Amélie Nothomb, ou Marc Levy ou Houellebecq d’être élu président avec 1M de livres vendus), n’a osé prononcé un certain nombre de mots, considérés comme tabous. Seuils sociaux, 35H, accords au niveau des entreprises, attaque des rentes, flexibilité, chômage des seniors. Jamais à droite ! Il faut donc reconnaître à ce gouvernement d’avoir lancé le débat, car sans débat, carburant de la réforme possible, nul mouvement.

C’est pour cela que la blague El Khomri ne doit pas faire oublier que nous allons enfin, en France, lancer un débat sur la flexibilité, le temps de travail, le choix laissé aux entreprises de discuter avec leurs salariés leurs conditions de travail. Sans la dictature de syndicats trop souvent obtus et qui doivent être réformés. Non pour les supprimer, mais au contraire pour étendre la représentation sociale à tous ceux qui souhaitent s’en emparer, sans avoir à passer par un syndicat existant, et en réformant leur système de financement. Derrière la marionnette qui tient lieu de ministre se joue la réforme de la gauche et c’est bien. Le conservatisme est tel à droite, qu’à ce rythme le libéralisme deviendra un concept historique enseigné avec les langues mortes chez les Républicains.

La farce cache une histoire bien sérieuse et utile pour faire enfin passer la France du siècle de Germinal à celui du numérique. Je sais, c’est un peu optimiste, mais il est impossible de monter l’escalier sans franchir la première marche et le gouvernement vient de nous préparer la courte échelle. A suivre !

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