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Le MRAP, ses obsessions 
et ses aveuglements
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Tri sélectif

L'une des associations antiracistes françaises les plus connues est devenue un vieux CD rayé, bloqué sur un immuable refrain contre les propos méprisables de Jean-Marie Le Pen. Une condamnation "socialement" facile. Et le MRAP de rester silencieux quand il s'agit de sujets plus sensibles...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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A quoi sert Jean-Marie Le Pen ? A vagir (les bébés et les vieillards ont ça en commun) de temps en temps ! A quoi sert le MRAP ? A rugir quand le président d’honneur du Front national vagit ! C’est ainsi que les propos méprisables (et qui devraient être traités comme tels, c’est-à-dire par le mépris) de Jean-Marie Le Pen après la sanglante tuerie norvégienne ont suscité l’indignation du MRAP. Un Le Pen c’est toujours bon à prendre… Un Le Pen c’est toujours bon à pendre… Il y a de cela quelques jours, Nicolas Hulot parlant des Verts, dont le sectarisme vociférateur n’est plus à démontrer, avait dit : « Prononcez devant eux le nom de Sarkozy et c’est aussitôt l’orgasme ! » Prononcez le nom de Le Pen devant le MRAP, et là aussi, la jouissance atteint son nirvana.

Car l’organisation, dirigée par Mouloud Aounit, adore par-dessus tout traquer la bête immonde. La bête immonde de couleur brune. Et de cette couleur-là seulement. En effet, il suffit que la bête immonde soit revêtue d’un pelage vert (le vert des islamistes) ou d’un pelage rouge (eh oui, il y a des fous de l’anticapitalisme comme il y des fous de Dieu) et la chasse est immédiatement suspendue. Ce gibier-là, manifestement plus sympathique, doit être protégé : il est, semble-t-il, et en tout cas aux yeux du MRAP, plus doux et bénéficie donc de la compréhension qu’on se doit d’avoir pour les espèces rares. Alors qu’avec la bête immonde brune c’est du bonheur, du vrai bonheur. Taïaut ! Taïaut !

Quand on va sur la page d’accueil du MRAP les règles de la chasse sont là, clairement établies. Une demande de souscription en faveur de l’organisation que « Zemmour veut faire disparaitre ». Une affiche soutenant « un bateau français pour Gaza », ce qui doit sans doute se comprendre comme la contribution du MRAP à l’amitié entre les peuples palestinien et israélien. Des appels contre la guerre en Libye et réclamant une « solution politique » dans ce pays, c’est-à-dire un accord entre les assassinés et les assassins (soit dit en passant Kadhafi vaut à lui tout seul des dizaines de Breivik). Pas de trace visible en revanche d’un haut-le-cœur concernant les abominables tueries perpétrées en Syrie : mais il est à parier que si, par hypothèse (très improbable), les puissances occidentales intervenaient contre Bachar Al-Assad, l’organisation de M. Aounit condamnerait la guerre et demanderait, là aussi « une solution politique ». Car, n’est-ce pas, seuls des musulmans ont le droit de tuer des musulmans…

Ainsi sont les règles mrapiesques de la chasse. Et cette dernière se pratique en toutes saisons, par tous les temps. Houellebecq écrit-il que « l’Islam est la religion la plus con » ? Plainte et procès. Zemmour énonce-t-il une évidence – propos inutiles puisque cela ne se dit pas – sur les origines ethniques de la plupart des trafiquants de drogues ? Plainte et procès. Hortefeux se livre-t-il à une plaisanterie douteuse et de mauvais goût sur les Arabes ? Plainte et procès.

Mais parfois la vie du MRAP devient douloureusement tourmentée dès lors que l’origine des agressés et des agresseurs ne rentre pas dans les normes par lui balisées. Ainsi l’organisation a refusé de s’associer à la manifestation qui a suivi l’affreux assassinat d’Ilan Halimi. La victime était juive. L’assassin s’appelait Youssouf Fofana. De même elle s’est battue bec et ongle (commission d’enquête, un interminable rapport) pour empêcher l’exclusion du lycée Montaigne de deux gamins accusés de persécuter un de leurs congénères. Le persécuté était Juif. Les persécuteurs étaient Arabes. Il est utile de noter à ce propos que les initiales MRAP ont pendant longtemps signifié Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix. Puis un jour (va donc savoir pourquoi !) le mot « antisémitisme » a été effacé du sigle. Les initiales MRAP sont restées les mêmes mais avec un autre sens désormais : Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples. L’antisémitisme ? Un point de détail certainement… Et voilà comment le MRAP s’est transformé en petit, tout petit ectoplasme (comme le PC dont il est l’émanation) : le mrap.

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