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Montebourg et le plan social Alcatel : le low-cost à la "Free mobile" va-t-il détruire nos emplois ou est-il une preuve de compétitivité ?
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Il n'a pas tout compris

Arnaud Montebourg veut "remettre de l'ordre" dans les entreprises françaises et donc s'attaque au low-cost. En ligne de mire, Free Mobile, fleuron des opérateurs qui bradent les prix aux dépens de l'emploi. Une croisade que n'a pas commenté l'entreprise mais qui souligne sans doute les raccourcis utilisés par le ministre du Redressement productif pour justifier sa politique.

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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On accuse toujours les nouveaux entrants de tous les maux. FREE, nouvel entrant de la téléphonie mobile ne fait pas exception à la règle.  Arnaud Montebourg, aiguilleur en chef du redressement productif  a dénoncé en début de semaine « les conséquences de la course au low cost »  pour les opérateurs eux mêmes, pour les fournisseurs et la sous-traitance.  M. Montebourg note que la situation d’Alcatel Lucent s’est dégradée et il met en cause les choix de l’ancienne majorité, l’accusant d’avoir favorisé des équipementiers concurrents d’Alcatel. Avant l’élection présidentielle, au mois de janvier, alors qu’il était dans l’opposition, M. Montebourg n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour saluer le rôle de FREE. Il déclarait en substance que le nouvel opérateur avait offert plus de pouvoir d’achat aux Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans ! Bigre.

Une petite leçon de chose économique s’impose pour rétablir un peu de raison  dans un débat ou les contre vérités se mêlent aux coups bas.

  1. Pendant très longtemps, les opérateurs « historiques » ont "cartellisé" le marché des télécommunications. Ils ont d’ailleurs été condamnés à payer plus de 500 millions d’euros d’amende par le Conseil de la concurrence en 2005. De 1997 à 2003, ces opérateurs partageaient les informations. Tous les mois, ils se communiquaient mutuellement des chiffres précis et confidentiels ainsi que le nombre de clients ayant résiliés leurs contrats. En réalité, pendant trop longtemps, les opérateurs historiques se sont servis une rente scandaleuse sur le dos des consommateurs. Ils ont profité de leur position. A ce jour, plus de trois millions de clients sont passés chez FREE. On comprend le dépit des membres de l’ancien cartel. Si les autorités de la concurrence ne s’en étaient pas mêlées, les ententes concurrentielles auraient survécu et des centaines de millions d’euros auraient été perçus indûment par les grands barons du marché. Aujourd’hui, M. Montebourg défend ses dossiers. Les entreprises. Certes, elles ont besoin d’être protégées, mais peuvent-elles l’être au détriment des intérêts des consommateurs ? Autrement dit, faut-il payer pour assurer la rente des entreprises historiques des grands marchés ?
  2. A chaque fois qu’un opérateur low-cost arrive sur un marché, non seulement, il propose des offres de qualité standard à un prix beaucoup plus bas que le prix moyen du marché, mais il oblige aussi tous les « offreurs » de ce marché à revoir leurs propositions tarifaires. Le low-cost fait tendanciellement baisser tous les prix du marché. On nous dit que le soutien au pouvoir d’achat est ici l’ennemi de l’emploi. Ce serait vrai, si les acteurs low cost n’élargissaient pas le marché en baissant les prix. Il y a une vrai élasticité de la demande au prix et l’élargissement de la demande créé des emplois et des besoins supplémentaires en termes de services.  Les low-costers démocratisent certains types de consommation et soutiennent l’émergence de nouveaux métiers.

La conclusion de cette petite leçon de chose économique, c’est que l’embourgeoisement est fatal  pour les entreprises et tragique pour les consommateurs. Alcatel Lucent est en situation de concurrence avec d’autres acteurs de son marché, mais ne manque ni de savoir faire, ni de compétences. Je suis convaincu que l’entreprise trouvera la parade. En revanche que M. Montebourg vienne dire le bien et le mal en économie ne fait avancer ni les intérêts des consommateurs, ni ceux des entreprises françaises.

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