Mondial 2014 : le carton plein du continent américain

En géologie, les continents dérivent. Il en est de même en football. Si on s’amuse à sortir sa calculette, ce que j’ai fait, on s’aperçoit que cette Coupe du Monde marque la fin de l’hégémonie européenne sur la planète foot. Pour mémoire, 32 équipes se sont qualifiées pour cette phase finale. C’est le cas depuis 1998 (contre 24 équipes à partir de 1982, 16 pour les précédentes éditions entre 1954 et 1978, 13 pour l’édition de 1950). Sur ces 32 nations en compétition au départ,  13  représentaient l’Europe soit 40% des participants,  10 l’Amérique soit 32%,  5 l’Afrique soit 16% et 4  l’Asie/Océanie soit 12%. A mi-parcours, avec 50% d’équipes éliminées, l’Amérique, avec 8 équipes, représente 50% des pays encore en course contre 6 pour l’Europe (37,5%) et 2 pour l’Afrique (12,5%). Ceci est une première dans l’histoire de la Coupe du Monde.

Jamais un continent autre que l’Europe n’arriva seul en tête avec au moins 50% des équipes encore en liste. Il y eut deux matchs nuls entre l’Europe et l’Amérique du Sud : 1950 et 1970. Tiens tiens, comme par hasard, les deux Coupes qui se jouèrent déjà au Brésil. Le football est comme l’histoire, il peut être cyclique ! En dehors de ces deux exceptions, depuis l’après-guerre, hormis l’Europe, jamais un continent représenta la moitié des équipes  au sortir des poules du premier tour.

L’Europe a longtemps fait figure de continent dominateur. Elle représentait 87,5% des nations qualifiées après le 1er tour en 1958 ; 75% lors du mondial chilien en 1962 ; 62,5% en 1966 ; 75% en 1974 ; 62,5% pourtant en Argentine en 1978 ; 83% en 1982 et une véritable stabilité, malgré l’entrée en liste de davantage d’équipes des autres continents, entre 1986 et 1998 avec 62,5% des formations présentes en 8ème  de finale. Cette suprématie européenne demeura en 2002 (56% contre 25% à l’Amérique, 12 % à l’Asie et 6% à l’Afrique) ainsi qu’en 2006 lors du Mondial allemand (62% contre 25% encore à l’Amérique, 6% à l’Afrique et à l’Asie).

Ce Mondial 2014 constitue donc une révolution. Certes, la dernière Coupe du Monde en Afrique du Sud avait été un avertissement au vieux continent puisque l’Amérique arriva déjà en tête avec 43,5% des équipes présentes en 8ème de finale contre 37,5% à l’Europe (qui d’ailleurs 4 ans plus tard reste stable), 6% à l’Afrique et 12% à l’Asie-Océanie. Cette dernière zone subit aujourd’hui un sérieux revers puisque pour la première fois depuis 1998, elle n’a pas de représentant à ce stade de la compétition.  Quant à l’Afrique, elle étrenne le fait d’avoir deux équipes en 8ème finale. Ce qui, je l’avoue, est pour moi une surprise. Mais hier, les Algériens ont démontré aux Russes qu’en foot, l’enthousiasme était aussi, si ce n’est plus important, que  la technicité !

Outre la dominance des équipes américaines (enfin surtout du Sud !) un regard attentif du tableau peut nous amener à penser que l’on se dirige tout droit vers une finale Brésil-Argentine. Au rythme auquel vont Messi et Neymar pour claquer des buts, ce scénario n’est pas impossible. En prime, sans avoir excellé, ces équipes, parfois avec l’aide de l’arbitre, sont largement arrivées en tête de leurs groupes respectifs.  Si vous êtes un fidèle de ma chronique, sachez cher lecteur que je ne me renie pas. Je pense toujours que l’Allemagne demeure l’équipe la plus solide ! Mais il faut bien admettre que le panorama semble favorable aux équipes du sous-continent américain. Déjà il y a une certitude, il y aura bien une équipe sud-américaine en demi-finale puisque les vainqueurs des Brésil-Chili et Colombie-Uruguay se rencontreront en quart de finale. Quant à l’Argentine, sauf potentiellement les Pays- Bas  en demi, l’Albiceleste semble avoir un boulevard. Cette 20ème Coupe du Monde pourrait bien avoir pour nom : l’America’s cup !