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D’une élection à l’autre
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Editorial

En France, avec 20,24 %, l’UMP limite les dégâts. En Allemagne, dans le land de Bade-Wurtemberg, la CDU s’effondre en ne faisant « que » 39 %. Où quand les modes de scrutin donnent une saveur différente à la démocratie et à sa pratique…

La lecture des résultats électoraux réserve toujours des surprises. En France, aux cantonales, l’UMP « résiste » à la poussée de la gauche avec 20,24 % des suffrages (auxquels il faut raisonnablement ajouter les quelques 10 % de divers droite). En Allemagne, dans le land de Bade-Wurtemberg, aux régionales – qui sont en fait des élections législatives - la CDU prend un énorme claque avec… 39 % des voix. 44, 3 % si on leur ajoute leurs alliés libéraux (FDP).

Enorme claque ? C’est ce que disent les médias français depuis dimanche soir, cherchant comme un écho aux mésaventures de la droite française outre-Rhin. Chose curieuse pourtant, à la Une du Schwäbische Zeitung, l’un des plus importants quotidiens de la région – la presse régionale allemande est en excellente santé et ses tirages se chiffrent en centaines de milliers d’exemplaires – les élections n’occupent qu’une place… de second rang.

Le quotidien régional Südwest propose lui une carte interactive particulièrement édifiante du vote en Bade-Wurtemberg. Le vote CDU y est représenté en… noir. Les couleurs n’ont pas la même symbolique d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre. Imaginez la levée de boucliers si le vote UMP ou – évidemment – le vote Front national, étaient affublés de la couleur infamante noire ? Cela dit, le vote FN de couleur jaune ou violette dans les infographies à la télévision ou dans les quotidiens est tout aussi ridicule. Tout cela pour ne pas utiliser le bleu marine – la droite étant toujours représentée en bleu, en France – car le bleu marine ferait trop plaisir à … Marine justement. Seul le Parisien, à ma connaissance, a franchi ce Rubicon-là.

Le vote CDU en Bade-Wurttemberg sur Sudwest.de

Mais revenons à nos allemands. Le mode de scrutin outre-Rhin est mixte : on vote deux fois. Une fois pour un candidat, afin d’élire le député du Landkreis – le canton, on y revient... Et une fois pour une liste. Autrement dit, pour un parti, pour un programme. Pour des idées.

Et bien pour une fois, nous devrions nous, français, faire preuve d’humilité, et arrêter de penser que le modèle démocratique français est le meilleur au monde, et digne d’être adopté partout et par tous. Les électeurs de Bade-Wurtemberg ont émis un message très clair : Au suffrage direct (à un tour), nos voisins allemands ont élus… 9 députés verts, 1 député socialiste, et… 58 députés de la CDU. En France, les médias auraient titré sur le raz-de-marée de droite !

Au scrutin de liste en revanche, les électeurs de Bade-Wurtemberg ont accordé 39 % de leurs voix à la CDU – un score à faire pâlir d’envie la droite française. Et « seulement » 24,2 % aux verts – un score doublé par rapport aux dernières législatives régionales –  23,1 % aux socialistes, et 5,3 % aux libéraux de centre-droit FDP – moitié moins qu’en 2007.

C’est donc grâce au scrutin de liste que les verts, alliés aux socialistes, peuvent espérer gouverner la région de Bade-Wurtemberg, avec… un seul siège d’avance au Landesrat. Quand bien même l’immense majorité des députés élus directement sont issus des rangs de la CDU.

Si ce mode de scrutin était appliqué en France, aux législatives – les élections allemandes d’hier étaient des législatives locales - il est à peu près certain que le taux de participation remonterait en flèche. Enfin, les électeurs pourraient choisir des hommes et des femmes pour les représenter, et parallèlement faire « passer un message » en votant pour des programmes. Ce qui sortirait des urnes n’aurait sans doute rien à voir avec le gloubi-boulga électoral des cantonales dont l’analyse fera encore couler beaucoup d’encre ces prochains jours… Sans apporter la solution au problème de fond de la démocratie française : sa représentativité.

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