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Mme Erdogan fait l’éloge du harem : le Président turc est certainement d’accord !
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Les charmes du harem

M. Erdogan a le cœur gros comme une maison : il y a donc de la place. C’est en tout cas ce que pense sa femme.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le harem a tous les charmes des belles choses disparues. Le monde chrétien, et donc plus largement l’Occident, a toujours été incapable de comprendre la beauté sublime et intrinsèque de cette institution. Ce lieu de délices fut décrit par des Européens méchants et islamophobes (on ne les appelait pas comme ça à l’époque) comme une prison dorée pour des centaines de femmes esclaves (les chrétiennes étaient les plus prisées) enlevées lors de razzias, une activité spécifique aux tribus arabes. D’autres esclaves les surveillaient : des eunuques dont il est permis de douter qu’ils étaient volontaires pour subir la mutilation qu’on leur infligeait. Et tout ça pour le plaisir d’un calife, d’un sultan, d’un émir ou d’un quelconque pacha.

Ainsi, pendant des siècles fut salie par les mécréants occidentaux une des plus charmantes conquêtes de la civilisation arabo-musulmane. Une caricature infâme et injuste si l’on en croit Mme Erdogan. L’épouse du Président turc a, en effet, lors d’une cérémonie célébrant le long règne des Ottomans, réhabilité avec vigueur le harem : “un lieu bénéfique et utile pour l’éducation des jeunes filles” a-t-elle déclaré. D’un certain point de vue, nous ne pouvons que lui donner raison...

Au harem les jeunes filles - ça commençait selon les cas à neuf ans parfois - étaient effectivement protégées de la concupiscence des mâles. Un seul avait le droit de les mettre dans sa couche. C'était quand même mieux que si elles étaient passées de bras en bras, non ? En plus, elles étaient nourries, habillées, très convenablement lavées, parfumées. Une vie de château quoi ! Une vie de rêve, selon Mme Erdogan. D’autant plus que les harems étaient spacieux : ils pouvaient abriter, selon le rang et la richesse du seigneur et maître, des centaines de femmes. Ces chiffres posent problème. Car la plupart des prédicateurs musulmans affirment aujourd’hui que le Coran autorise jusqu’à quatre épouses pour un homme. Alors des centaines ? Les souverains, très rigoristes d’Arabie Saoudite, ont souvent une progéniture de 50 ou 60 enfants : seraient-il “haram”, impies ? N’ayant pu joindre, ni Tariq Ramadan, ni Dalil Boubakeur, il nous a fallu, pour être éclairé, consulter quelques sites spécialisés.

Et là, d’après nombres d'exégètes, il apparaît que le Coran autorise un nombre illimité de femmes à condition que leur heureux propriétaire puisse décemment subvenir à leurs besoins vestimentaires et alimentaires. Tout pour les riches ! Rien pour les pauvres ! Voilà une oppression que Karl Marx n’a jamais dénoncée... Dans l’esprit de ses laudateurs, la polygamie et le harem sont un symbole de pureté qui s’oppose à la dépravation occidentale. Ainsi, Mme Erdogan préférerait qu’il y ait quelques jeunes épouses à côté d’elle, à domicile, plutôt que de voir le Président turc s’encanailler à l’extérieur avec des danseuses du ventre. 

Un livre connu - Les liaison dangereuses de Choderlos de Laclos - illustre à merveille la bassesse des mœurs européennes, et donc la supériorité des pratiques amoureuses ottomanes. La pauvre et toute jeune - 15 ans et des poussières - Cécile de Volanges est séduite par Valmont qui en fait sa chose. Enceinte, elle fait une fausse couche et finit tristement au couvent. Or, si elle avait vécu à Istanbul à cette époque, elle aurait bien avant 15 ans été placée au harem. Un sultan lui aurait fait ce que Valmont lui a fait. Mais ne l’aurait pas abandonnée. Elle serait restée au chaud dans le harem. Nous en déduisons que Mme Erdogan a certainement lu Les liaisons dangereuses

PS : Les propos de l'épouse du Président turc ne mériteraient pas autant de place si la Turquie n’était pas candidate à l’Union européenne. Cette dernière tergiverse, certes, mais n’a pas osé lui dire non et laisse sa porte entrouverte. La mythologie grecque nous dit que la déesse Europe fut violée par Zeus. C’est quand même mieux que par les Turcs... 

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