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Et si l’on cessait 
le misérabilisme à chaque fois 
qu’on parle des banlieues ?
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Banlieues communs

Nicolas Sarkozy est en visite à Meaux ce vendredi pour un déplacement sur le thème de la rénovation urbaine. Quel est son bilan sur la question des banlieues ?

Camille Bedin et Bruno Beschizza

Camille Bedin et Bruno Beschizza

Camille Bedin est Secrétaire nationale de l'UMP en charge de l'égalité des chances, auteur du livre « Pourquoi les banlieues sont de droite » (Plon, 2012)

Bruno Beschizza est Conseiller Régional d’Ile-de-France, Secrétaire national de l’UMP en charge de l’emploi des forces de sécurité.

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Depuis quelques jours, la « banlieue » a fait irruption dans le débat politique. Comme à chaque avant-veille électorale, on feint de redécouvrir l’existence des banlieues et leurs lots de difficultés. Et une fois encore, on nous rebat les oreilles avec les sempiternels discours sur les quartiers relégués, abandonnés et perdus.

Ce constat est manifestement erroné. Pire, il est mensonger. Les habitants et les jeunes que nous rencontrons, les quartiers que nous parcourons, ne se reconnaissent pas dans ces discours misérabilistes d’un autre temps.

Nous avons un scoop : les valeurs desquelles se réclament les jeunes des quartiers, comme le travail, le mérite, le sens de la responsabilité individuelle, le respect ou encore la famille, ne sont certainement pas les valeurs mises en avant par la gauche. Ce décalage, entre le dogme socialiste et les valeurs de nos concitoyens de banlieues, n’a cessé de grandir.N’en déplaise aux caciques de gauche, l’ennemi de la jeunesse des quartiers, c’est l’immobilisme de la société, le conservatisme et la fermeture des élites, certainement pas le « monde de la finance » ! L’effort, la persévérance, le mérite ne leur font pas peur. Ils veulent réussir, gagner de l’argent et aider leurs familles en retour.

Leur idéal n’est pas l’allocation d’autonomie ou autre emploi d’avenir. C’est l’indépendance. Or, cela fait des décennies qu’on leur promet tout, sans rien leur permettre. L’assistanat leur fait horreur, la victimisation les énerve au plus haut point et ils rejettent toute forme de paternalisme. Ils n’ignorent pas, pour en avoir subi les frais, qu’il ne peut y avoir de « social » sans « travail ». Ils ne confondent pas nécessaire solidarité envers les plus fragiles et multiplication des subventions, qui placent les populations bénéficiaires dans la dépendance et engendrent le contrôle social et électoral.

En revanche, ils ont besoin de repères, de cadres et d’autorité. Face à cette réalité, la gauche a perdu toute décence : en proposant la dépénalisation du cannabis, elle parle aux bobos des centres villes et non aux milieux populaires. En refusant le rôle de l’autorité, elle nie l’importance de la transmission. En rejetant la vidéo-protection, comme dans certaines communes, elle refuse de voir la délinquance quotidienne. En justifiant les incivilités, elle pardonne par avance les coupables. En agitant, tel un hameçon, le droit de vote des étrangers, elle fait mine d’oublier que la force de la République réside dans la volonté individuelle de partager un destin commun. Surtout, elle oublie que les principales préoccupations des quartiers ne résident pas dans la régularisation massive des sans-papiers, mais bien dans l’emploi, l’éducation, le transport, le logement et la sécurité pour tous.

Il y a bien longtemps que la gauche a déserté les quartiers populaires. La force des « habitudes » et des traditions, héritées de l’après-guerre et de la décolonisation, lui confère toujours dans ces territoires un monopole électoral. En considérant ces populations comme acquises électoralement, il y a longtemps qu’elle n’agit plus et qu’elle ne les comprend plus. Bien sûr, quelques élus locaux font figure d’exception. Mais si vous bavardez un peu avec les proches de la Rue de Solferino, ils vous expliqueront que le combat de la gauche est ailleurs. Si vous discutez avec les têtes pensantes de Terra Nova, elles vous diront que les couches populaires ne sont plus rentables électoralement et qu’il vaut mieux encourager le communautarisme. Elles vous diront que le cœur de la gauche bat plutôt pour les « insiders », ceux qui sont déjà dans le système, pour mieux le conserver, pour mieux les protéger, aux dépens des plus faibles.

Les habitants des banlieues, qui vivent en marge de cette forteresse de privilèges imprenable, servent de « chair à élection » instrumentalisée. La visite « inopinée » de François Hollande dans un bâtiment, propriété de la Mairie de Paris, « occupé » par une association, en est une parfaite illustration. Au fond, le PS considère ces populations comme une force électorale d’appoint que les éléphants socialistes ont décidé de mettre en mouvement, sans conviction ni projet.

Nous rejetons en bloc cette République de la segmentation électorale et de la récupération politique. Bien sûr, la droite a une relation complexe avec les « banlieues », mélange fait d’attraction, de répulsion et surtout d’incompréhensions. Jusqu'à quand va-t-on considérer que ces territoires ne méritent aucune attention car ils ne votent pas, ou pas assez bien ? C’est au contraire en leur donnant maintenant des raisons de croire en un avenir possible, par l’école républicaine et par la fiche de paie, que ces citoyens s’exprimeront pour choisir le candidat qui portera leurs valeurs. Les certitudes sont le pire ennemi en politique. Il faut avoir le courage de les dépasser.

Telle était l’orientation du discours du 8 février 2008, prononcé par le président de la République, qui a marqué une rupture en faisant des quartiers populaires la ligne de front pour l’égalité des chances : « Tout ce qui entrave l'égalité des chances doit être combattu. Tout ce qui empêche chacun de faire valoir ses talents et ses mérites doit être corrigé. L'égalité des chances doit cesser d'être théorique pour devenir réelle ».

Telle est la réalité de son bilan, trop souvent escamoté car il est toujours moins facile d’agir que de critiquer. Le programme de rénovation urbaine constitue le retour palpable de la République réelle dans les quartiers, après des décennies d’abandon. La vie de quatre millions d’habitants vivant dans 485 quartiers est en cours de transformation totale, grâce au Plan National de Rénovation Urbaine, lancé par Jean-Louis Borloo, poursuivi par ce Gouvernement, dans une ampleur incontestée et incontestable. Plus de 16 milliards d’euros ont été injectés pour améliorer la vie de nos concitoyens. Le Grand Paris va permettre de désenclaver 157 zones sensibles, faisant de ces territoires des pôles de compétitivité pour attirer des milliers d’emplois.

Au-delà des murs, le président de la République s’est attaché à donner aux hommes, aux femmes et aux enfants qui y vivent une meilleure égalité des chances. Ainsi, la Dynamique Espoir banlieue, si elle a subi les assauts de la crise mondiale et les attaques faciles de ceux qui n’ont rien fait par le passé, a permis à des milliers de jeunes de croire en leurs talents et d’ouvrir le champ de leurs opportunités. Par l’éducation, avec la réussite éducative, les internats d’excellence, les classes préparatoires intégrées, le programme ECLAIR, ou encore par l’emploi, avec le contrat d’autonomie, l’apprentissage, l’alternance, ou l’auto-entrepreneuriat, il a fait bouger les lignes et engagé de nouvelles perspectives.

Fort de ce constat, il est grand temps de mettre fin à la litanie néo-paternaliste, toujours aussi méprisante, proférée par ceux-là mêmes qui, durant cinq années, se sont politiquement opposés à tous ces dispositifs. Le seul impératif pour les quartiers, comme pour tous les territoires oubliés de la République, est d’en finir avec les plafonds de verre d’une société sclérosée par tant de conservatismes. C’est ce projet républicain que porte Nicolas Sarkozy. Les cinq dernières années ont été la démonstration que la volonté politique pouvait abattre des montagnes face aux blocages de notre société. Le président de la République a été celui qui a accompagné celui qui veut s’en sortir, qui a débloqué des moyens pour celui qui veut entreprendre, qui a encouragé celui qui veut travailler. Il a placé l’égalité des chances au cœur de son action. C’est ce chemin vers la liberté, aussi long et difficile qu’il soit, que nous devons poursuivre.

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