Migrants : quand l'Europe se noie (et les noie) dans un océan d'hypocrisie<!-- --> | Atlantico.fr
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Des migrants débarquant en Italie.
Des migrants débarquant en Italie.
©Reuters

Que d'eau, que d'eau..

Ils sont nombreux à se presser au bal des Tartuffes. Certains dansent mieux que les autres.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Un spectre hante l'Europe : celui de la pitié dangereuse. De toutes parts - mais surtout d'Allemagne et de France - dégouline la sirupeuse mélodie de la générosité : pauvres migrants, gentils migrants, qu'ils viennent, oui qu'ils viennent parce que c'est notre honneur de les accueillir ! Cela fait plaisir à ceux qui jouent cette partition avec les sanglots longs de leurs violons. Et ça ne fait aucun bien aux migrants qui s'entassent dans des conditions effroyables et qui, souvent, sont en butte à l'hostilité de populations auxquelles on n'a pas demandé leur avis sur la question.

Mais le plus grave est ailleurs : c'est l'Europe qui sombre dans un océan de mensonges dont elle est seule responsable. On clame au sommet qu'on veut, qu'il faut, accueillir les migrants. Et en même temps, on envoie une task-force en Méditerranée chargée d'éliminer les bateaux des passeurs. Vingt embarcations détruites (on espère qu'elles étaient vides) en un mois ! Bravo ! Mais à quoi servent les passeurs ? A faire venir en Europe les migrants paraît-il si désirés. Pourquoi combattre les passeurs qui est une façon biaisée et peu honnête de barrer la route aux migrants. Redoutable et dévastatrice schizophrénie.

Sur le podium de l'hypocrisie c'est, pour le moment, l'Allemagne qui occupe la première place. Douloureusement piégée par son premier élan charitable - "nous accueillerons un million de migrants" - Angela Merkel tourne en rond comme un papillon de nuit, affolée par la lumière qu'elle a elle-même allumée. Que faire ? L'Allemagne a trouvé un tout petit début de solution. Elle renvoie chez eux des dizaines de milliers de réfugiés kosovars auxquels elle avait donné l'asile. Il s'agit de faire de la place pour les nouveaux arrivants, Syriens et autres. C'est pas beau ça ?

En même temps, l'Allemagne donne de la voix contre les brebis galeuses de l'ancienne Europe communiste qui ne veulent pas entendre parler de migrants. Ils érigent des murs, installent des barbelés dans le but de sanctuariser leur territoire. Des égoïstes, des nationalistes dit l'Allemagne. Veut-on obliger ces pays là, de plus en plus marqués à droite, de plus en plus eurosceptiques, à affronter une rébellion généralisée de leurs populations ?

Celles-ci, à peine libérées du totalitarisme communiste sont saisies d'effroi face au danger d'un nouveau totalitarisme : le totalitarisme islamiste. Concernant la distribution des récompenses dans la compétition "qui est le plus hypocrite", il convient de noter la bonne tenue de la France. Notre pays est de tous - écoutez François Hollande et les autres - celui dont la parole est la plus douce est la plus sucrée. "Migrants on vous aime" répètent en chœur les plus hautes autorités de l'Etat. 

Bien sûr qu'on les aime ! Et on les aime d'autant plus qu'ils ont la bonté de rester loin de chez nous. On en a accueilli quelques milliers à grands renforts de cérémonies émouvantes et convenues. Mais la masse, la grande masse des migrants a élu domicile en Allemagne qui joue, en quelque sorte, le rôle d'un mur pour la France. C'est très confortable et ça permet sans aucun dégât d'aimer les migrants. 

Autre hypocrisie. Celle qui consiste à dénoncer le retour des nationalismes et des tentations identitaires suscités par la déferlante humaine des migrants. On entend dire chez nous après Jaurès que le nationalisme c'est la guerre. Ah bon ! Et on va faire la guerre contre qui ? Contre la Pologne, contre la Hongrie, contre la Slovaquie, contre la République Tchèque, ces nations égoïstes ? Et qui va la faire ? François Hollande ? Angela Merkel ? Peut-être les deux ensemble. Quelques brigades franco-allemandes auraient vite fait de ramener à la raison ces nations récalcitrantes. Hypocrisie là encore ? Non. Juste de la bêtise. Cette dernière a aussi son podium. 

A lire du même auteur : "Comment je suis devenu un sale Français", de Benoît Rayski, publié aux Editions Du Rocher, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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