Migrants : et si on rendait Calais aux Anglais ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Migrants : et si on rendait Calais aux Anglais ?
©Reuters

God save France !

On sait que la République est "une et indivisible". Mais, pour une fois on pourrait faire une exception.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Calais fut anglais de 1347 à 1358. A l'issue d'un long siège les armées du roi Edouard III avaient conquis la ville, événement immortalisé par le geste des six bourgeois de Calais venus en chemise et la corde au cou se soumettre au bon vouloir du souverain britannique. Triomphant et dominateur, Edouard III fit graver au-dessus de la porte principale de la ville l'inscription suivante : "They shall the Frenchmen Calais when iron and lead like a cork shall swim" ( "Calais sera français quand le fer et le plomb flotteront comme le liège).

C'était pour le moins présomptueux, puisqu'après 10 ans d’administration anglaise le duc de Guise hissa sur la ville le drapeau fleurdelysé. Un jour de deuil pour l'Angleterre : "après ma mort, si vous ouvrez mon cœur vous y verrez gravé le nom de Calais" soupira la reine Marie Tudor. Un jour de gloire pour la France. Au vu de ce qu'il se passe aujourd'hui à Calais, on peut se demander si nous avons vraiment bien fait de reprendre la ville à notre ennemi héréditaire. Des milliers d'hommes s'entassent là-bas dans des conditions épouvantables. Des immigrés ? Des émigrés ? Non. Quelqu'un qui a quitté son pays pour venir en France est un immigré vu de chez nous. La même personne est un émigré si on la regarde du point de vue du pays d'où elle est partie. 
Ceux de Calais, sont des êtres hybrides : des migrants c'est-à-dire, selon les définitions de tous les dictionnaires, des personnes qui bougent et se déplacent. Ils ne veulent pas rester chez nous, contrairement à beaucoup d'autres : ils souhaitent aller en face. Par tous les moyens possibles avec souvent la mort au rendez-vous. Mais, qui y-at-il donc en Angletterre qui vaille la peine qu'on risque sa vie pour qu'on s'y rende ? David Cameron est-il plus séduisant que François Hollande ? La reine d'Angleterre est-elle plus sexy que Christiane Taubira ? Les raisons sont plus prosaïques. 
En Grande-Bretagne le chômage est deux fois moins élevé qu'en France :beaucoup plus facile d'y trouver du travail. En Grande-Bretagne la flexibilité sociale est la règle : on peut travailler pour 4 misérables euros de l'heure, une fortune quand on vient du Soudan, d’Érythrée, d'Egypte ou d'Irak.
La presse populaire anglaise tire sans ménagement sur les "frenchies". Pourquoi ont-ils installé ce gigantesque camps de migrants à quelques heures de train ou de camion de la Grande-Bretagne ? Pourquoi la police française est-elle incapable de sécuriser Calais et surtout les accès à Eurotunnel ? Et les plus déchaînés de ces journaux réclament qu'on envoie l'armée, leur armée, à Calais. 
Nous, on veut bien. L'amour propre de Mm Hollande et Valls et aussi soyons justes, de ceux qui les ont précédé, en prendra certes un coup. Mais, tout vaut mieux que cette situation absurde, tragique et grotesque. La France est incapable d’accueillir les migrants dignement et humainement. La France n'arrive pas à contrôler efficacement une partie de son territoire (demandez donc à la maire de Calais ?). La France ne parvient pas à empêcher les migrants de partir pour l'Angleterre qui, par ailleurs, n'en veut pas. Alors, oui messieurs les Anglais venez et tirez (c'est une façon de parler) les premiers. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !