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Michel Rocard : les charognards sont à l'œuvre…
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Détournement de cadavre

Et ils sont tous de gauche. Toute honte bue, ils pleurent à l'unisson sur sa tombe.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Rarement un homme autant piétiné de son vivant fut autant célébré après sa mort. Fleurs vénéneuses et couronnes mensongères s'amoncèlent sur son cercueil. Il y en a tellement que Michel Rocard disparaît étouffé sous leur poids. Droite et gauche entonnent le même requiem, louangeur pour certains et sirupeux pour beaucoup d'autres. Passons sur la droite qui, contrairement à la gauche, ne fait quand même pas trop de bruit, se contentant d'une petite musique de chambre.

Mais à gauche (Rocard n'aurait pas appelé "ça" la gauche !), la grosse caisse le dispute aux clairons et trompettes dans une symphonie hypocrite. Tous, toutes veulent leur petit bout de Rocard. Un petit bout de Rocard, ce pauvre mort qui ne peut se défendre. Tous, toutes prétendent avoir touché la Sainte Croix. Tous, toutes l'ont approché… Tous, toutes auraient reçu sa bénédiction ou, au moins, appris l'évangile selon Saint-Rocard. 

Du côté de François Hollande, on rocardise jusqu'à l'écœurement. "Il incarnait un socialisme exigeant et moral. C'était un réformiste radical". Un peu comme moi donc, susurre le président de la République, qui de Mitterrand n'a retenu qu'une chose : le cynisme… Martine Aubry que tout – absolument tout – séparait du défunt lance qu'elle a beaucoup appris de son père, Jacques Delors, et de Michel Rocard. Il lui faut deux pères désormais ! Elle s'est fabriquée sans aucune vergogne un PSA (Paternité Socialistiquement Assistée). De Jack Lang on ne citera rien, tellement chez lui tout est grotesque et mensonger. De toute façon, Lang ne s'exprime pas : il dégouline. Suit le menu fretin du PS qui sacrifie à la même dévotion. Eux aussi veulent avoir été oints par le mort qu'ils piétinaient allègrement, inspirés par la haine et le mépris que lui vouait François Mitterrand. 

Tout fut dit dans une phrase assassine de l'ancien président de la République s'adressant aux journalistes : "Rocard ? Pffff ! De toute façon on ne comprend rien à ce qu'il dit !". La Mitterrandie tout entière (et c'est elle qui est aujourd'hui au pouvoir) s'essuyait les pieds sur Michel Rocard. Ce dernier était "un honnête homme, un homme droit qui réfléchissait aux idées". C'est de Manuel Valls qui, un des rares, a su rester digne et juste. Légitime aussi, puisque c'est Rocard qui en 1980 le fit entrer en politique. 

Comment les autres socialistes, petits marquis vaniteux et sans envergure, auraient-ils pu pardonner à Rocard d'être resté "honnête et droit" ? Dommage qu'en droit français la notion de détournement de cadavre n'existe pas. Violation de sépulture, peut-être… Laissons pour se nettoyer un peu de ces visqueuses étreintes la parole à Michel Rocard (dans un entretien accordé à Marianne). "S'il fallait désigner le tueur du socialisme… il s'appelle François Mitterrand". Et plus près de nous : "Hollande est un fils de François Mitterrand".

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