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François Hollande s'est fait hué sur les Champs-Elysées.
François Hollande s'est fait hué sur les Champs-Elysées.
©Reuters

Lettre (un peu) irrespectueuse

Vous les méritez. Mais ils s'adressent à vous. Pas au président de la République.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Vous avez été, Monsieur le Président, quelque peu hué sur les Champs-Elysées. Et vous avez confié aux journalistes qui vous ont interviewé que vous ne demandiez pas de respect pour l'homme mais pour la fonction qu'il occupait. A ma grande peine me voilà, une fois de plus, obligé d'être en désaccord avec vous. 

J'ai en effet beaucoup de respect pour l'homme qui a bataillé dur dans le but de devenir le candidat du PS aux présidentielles et qui a dû sa victoire à un miraculeux "mon ennemi c'est la finance". Mais, je n'ai aucun respect pour le président de la République, qui, une fois élu, n'a eu de cesse de montrer que la finance était son amie. Ce n'est pas bien de mentir aux pauvres gens. 

J'ai beaucoup de respect pour l'homme qui, sincèrement je veux le croire, a répété pendant la campagne électorale que le chômage était pour lui une souffrance inacceptable. Je n'ai aucun respect pour le président de la République, qui, défiant toutes les lois de la vérité, a proclamé, contre vents et marées, contre tous les chiffres disponibles, que le chômage allait baisser avec lui. Ce n'est pas bien de mentir aux pauvres gens. 

J'ai beaucoup de respect pour l'homme qui dans un lapsus certainement venu du coeur a, parlant de Nicolas Sarkozy, évoqué "un prisonnier innocent". Je n'ai aucun respect pour le président de la République, qui, dans la foulée, a demandé qu'on respecte la magistrature. En quoi serait-elle respectable quand elle jette en pâture "aux chiens" ( l'expression est de François Mitterrand après le suicide de Bérégovoy) les noms de ses adversaires politiques qu'elle place en garde à vue ? 

J'ai beaucoup de respect pour l'homme consumé par les feux de l'amour. Vous n'êtes qu'un homme, rien qu'un homme. Et ça nous rapproche de vous, nous autres, les mâles. Je n'ai aucun respect pour le président de la République qui dans le souci, louable, d'honorer sa belle, monte affublé d'un casque grotesque sur un scooter piloté par un de ses gardes du corps. 

Ne vous méprenez pas M. François Hollande, je vous aime bien. Je ne peux que me désoler de voir la presse, ingrate, ne consacrer que peu de lignes à votre intervention du 14 juillet. Vous étiez connu et reconnu à vos justes mérites en tant que conseiller général de la Corrèze. Vous êtes maintenant en passe de devenir inconnu en tant que président de la République.

J'ai pour vous, et à ce propos, une charmante histoire juive, que, connaissant votre goût pour les blagounettes, vous apprécierez certainement. Un président étranger est en visite en Israël. Comme le veut le protocole il se rend au tombeau du soldat inconnu et, stupéfaction, il voit sur la dalle l'inscription suivante : "Abraham Cherbanski né le... mort le ....". Il se tourne perplexe et interrogatif vers le président israélien. Ce dernier répond : "oui, en tant que soldat il était parfaitement inconnu. Mais en tant que tailleur...". 

Veuillez agréer, M. François Hollande, l'expression de mes sentiments respectueux. 

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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