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Mère Agnès-Mariam de la Croix, cette religieuse accusée à tort de faire la propagande du régime de Bachar al-Assad : autopsie d'un coup fourré foireux
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Au pilori

Mère Agnès-Mariam de la Croix, Supérieure du couvent de Saint Jacques l'Intercis, en Syrie, a donné récemment à Paris une conférence pour témoigner du sort cruel réservé aux chrétiens par les rebelles syriens. Elle n'occulte pas pour autant les excès du régime de Bachar al-Assad.

Jeudi 21 mars France-Israël Paris recevait une personnalité des plus inattendues dans ce sérail : Mère Agnès-Mariam de la Croix higoumène en Syrie pour une conférence-débat sur le thème : "Situation des chrétiens en Syrie, quel message pour Israël et pour la France ?".

Présidente d’un groupe d’amitié judéo-chrétienne en Val-d’Oise depuis des décennies, nous décidons à quelques-uns de nous y rendre ; le sujet correspond en effet aux préoccupations du groupe.

Le sort des chrétiens d’Orient nous préoccupe fort en cette région où la ville de Sarcelles après avoir abrité les réfugies juifs de Tunisie, accueille à présent des Chaldéens réfugiés d’Irak et des Coptes réfugiés d’Egypte. Dans le silence et l’oubli médiatique, les terres arabes sont peu à peu vidées de leurs autochtones non-musulmans.

Un nettoyage ethnique qui progresse sans la moindre indignation de médias aptes à montrer à d’autres la voie de la rectitude humaine.

Mais que dit Mère Agnès en danger de peuple disparu ?

Sa présence inattendue à France-Israël s’explique par les refus des instances européennes, tous niveaux confondus, de lui donner la parole. Elle ne vient pas prendre parti. Elle tient absolument à témoigner, elle veut simplement décrire la fin violente de la communauté chrétienne d’Orient, sources originelles du christianisme.

Mais les oreilles et les officines sont closes.

Avec les yeux grands ouverts du témoin visuel, elle raconte le sort cruel réservé aux chrétiens de la ville de Homs, les tonnes d’or razziées, dans les souks d’Alep, aux bijoutiers arméniens, leurs biens détruits et totalement pillés. Ils ne savent où se réfugier entre Charybde et Scylla, entre Syrie et Turquie.

Elle raconte les églises brûlées, les viols systématiques de femmes par les révolutionnaires, car, explique-t-elle, selon la charia la prise des femmes est un droit au plaisir du combattant.

Mère Agnès affirme que le gros des troupes de combattants est formé de mercenaires salafistes barbus, financés par les milliardaires des pays voisins.

Ces combattants sont, dit-elle, des barbares sans foi ni loi, recrutés dans toute l’Europe. Ils viennent de Suède, de Grande Bretagne, de France et se permettent comme ils l’ont déjà fait à Tombouctou, de détruire complètement Alep, une ville pourtant reconnue patrimoine mondial. Bâtiments, foyer culturel, rien n’est épargné.

Les véritables combattants républicains sont étouffés et réduits au silence, comme dans d’autres pays du printemps arabes. Mais personne ne veut l’entendre.

Elle n’occulte pas pour autant les excès de la famille Assad. La situation des chrétiens de Syrie est celle des minorités en terre arabe : "entre les acteurs de la révolution actuelle et le pouvoir en place, cela revient pour nous à choisir entre la peste et le choléra". Critiques à fleuret moucheté, car elle retourne en Syrie, son lieu de vie.

Peu après la réunion notre envie d’en savoir plus sur le personnage reçu, nous pousse à activer des moteurs de recherche. La surprise est de taille ! Nous découvrons l’horrible vérité sur des sites au propos exubérant pour ne pas dire à la limite de l’hystérie.

Au cours de cette rencontre où le seul sujet d’inquiétude et d’information, fut la disparition programmée des chrétiens de Syrie prémices d’un Orient christianrein, nous nous étions commis semble-t-il, avec les pires complotistes négationnistes du siècle.

La messe est dite.

Dans un fatras incompréhensible de termes copiés collés d’un article de Vincent Hugueux de l’Express en 2012, pour suggérer au lecteur les connotations, les alliances sous-terraines, on retrouve dans les deux articles, en vrac en un Who’s Who d’enfer : Dieudonné, Soral, Faurisson, Thierry Meyssan, le réseau Voltaire, Ahmadinejad.

N’en jetez plus ! Tout cela dans un style à ce point de même facture qu’on les dirait écrits de la même plume.

Mediapart ajoute pour faire bonne dose que la structure complotiste négationniste du réseau Voltaire est hébergée par le Hezbollah. Augurant ainsi, que ce même journal se prépare enfin à faire campagne pour inscrire le Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes. Nous promettons à Mediapart une aide active et enthousiaste dans cette entreprise.

Allant plus loin dans son  envolée, Mediapart voit dans cette invitation syrienne une volonté juive de croisade anti musulmane au nom de l’antique "choc des civilisations". Nous comprenons ainsi que Mediapart adhère de facto à la fameuse "Alliance des civilisations", dont il nous faut rappeler les conditions et les résultats.

Alliance qui préconise de "promouvoir la culture islamique" et de "proposer un projet de déclaration universelle du dialogue entre les civilisations". L’OCI doit y jouer un rôle "d’avant-garde mondiale".

Sur une proposition de Khatami cette alliance est soutenue en 2004 à l’ONU par Luis Zapatero. Il y voit  la force du dialogue entre les peuples pour lutter contre le terrorisme.

La délégitimisation de la Commission des Droits de l’homme dirigée par Khadafi ou Ahmadinedjad ne dérange pas le moins du monde, la conscience de ces médias justiciers d’un jour.

En 2006 au Qatar, la condamnation des caricatures par le groupe des sages au nom de l’inacceptable règle de l’interdiction du blasphème introduite par l’Alliance, met en évidence la protection dont jouissent les propositions des extrémistes de l’Islam dans le silence et le consentement collectif, médias compris.

Quant à Aloïs Brunner enfin découvert par Mediapart dans les caves de la famille Assad, ces retrouvailles sont une source de bonheur : nous allons enfin lire dans les colonnes de ce journal que depuis la fin de la guerre, les pires criminels nazis ont trouvé refuge dans certains replis de la nation arabe. Nombre d’entre eux ont même fourni les édifiants programmes d’éducation de la jeunesse du Hezbollah et du Hamas faisant d’enfants innocents des répliques islamistes des jeunesses hitlériennes.

Que des manifestions islamistes hurlent dans les rues de Paris "égorge les juifs", ne dérange pas un journaliste de Mediapart. Quand il relève l’aberration c’est pour souligner qu’il ne s’agit que de quelques excités isolés.

Mais qu’une association ouvre un soir ses portes à une religieuse chrétienne qui cherche une tribune pour hurler à la face d’un monde autiste "nous disparaissons", que la radicalité  arabo-islamique progresse dans sa volonté de nettoyage ethnique et c’est l’émeute médiatique. La grande révolution qui lave plus blanc que blanc !

Mère Agnès affirme vouloir parler à qui veut l’entendre. Il serait bon pour les journalistes accusateurs cités ci-dessus de la recevoir, de lui poser les questions les plus inquisitrices et de tenter de découvrir  la véritable vérité de la guerre à l’infidèle qui double la révolution  populaire syrienne

Il faut pourtant le dire et le crier : après la disparition des 900 000 juifs des terres arabes, c’est au tour de ces communautés à l’origine même du christianisme. Les effacer c’est éteindre l’histoire originelle de la chrétienté. Effacer volontairement toutes traces de l’histoire et de l’origine d’un peuple est une entreprise autrement plus fascisante que d’écouter un appel au secours.

Fut-il Syrien il n’est qu’humain. A bon entendeur salut !

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