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Médicaments inutiles : le déremboursement à dose homéopathique ?
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Zone franche

Plusieurs centaines de médicaments inutiles ne seront plus pris en charge par la Sécu. Bel effort, mais faut-il attendre la faillite de la Grèce pour les dérembourser tous ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Français entretiennent une relation paradoxale avec l’industrie pharmaceutique : champions du monde de la consommation de médicaments, et plus spécifiquement d’antidépresseurs superflus et d’antibiotiques inefficaces, ils sont aussi les plus méfiants à l’égard des crânes d’œufs qui élaborent leurs poisons préférés.

Les patrons des labos ? Des crapules cyniques assoiffées de dollars ! Les visiteurs médicaux ? Des dealers sans foi ni loi ! Les médecins ? Des opportunistes prêts à prescrire n’importe quoi à n’importe qui en échange d’un séjour aux Maldives ! L’AFSSAPS ? Le faux nez du lobby de l’aspirine !

Enfin, ça c’est ce qu’on entend au zinc ou à la machine à café, lorsqu’il faut jouer au Gaulois blasé auquel on ne la fait pas. Chez son généraliste préféré, en revanche, on aurait plutôt tendance à se pointer avec une shopping-list longue comme le bras.

Tiens, je m’aventure sans doute en terrain glissant, mais je ne serais pas étonné d'apprendre qu’une fraction non-négligeable des gobeurs non-diabétiques de Médiator était parfaitement consciente des restrictions à l’usage du remède maudit…

Mais voici que le remboursement de 600 médicaments à « service médical rendu insuffisant » (un euphémisme technocratique signifiant qu’ils ne servent à rien) est remis en cause par le Parlement, l’idée étant de combler une partie du fameux trou de la Sécu avant prolapsus (1 milliard d’euros d'économies envisagées, pour un déficit de 14,5 milliards).

Dérembourser les médicaments inutiles, oui. Mais pas tous...

Bon, passons rapidement sur l’absurdité d’un système de santé conçu pour prendre en charge des remèdes dont l’inefficacité n’est un secret pour personne ― pour ne rien dire de leur éventuelle dangerosité ― et félicitons-nous de cette bouffée de pragmatisme en temps de crise.

Félicitons-nous, OK, mais demandons-nous tout de même pourquoi ce n’est pas l’intégralité de la pharmacopée notoirement inutile qui est retirée du marché par la même occasion (il resterait des dizaines de produits sans effet)… Ah, c’est sans doute que les Français, qui détestent les labos et s’agacent de l’incapacité des élites à gérer la Sécu convenablement, auraient vite de fait de descendre dans la rue pour défendre le remboursement de leur poudre de perlimpinpin de prédilection.

Le déremboursement, c’est un peu comme avec les niches fiscales : il y a mon médicament inutile et celui du voisin…

Notez qu’il existe une certaine logique à écrémer la liste des médicaments qui ne servent à rien sur un mode homéopathique, l’homéopathie restant  précisément la principale spécialité qui ne sert à rien à être remboursée. Bah, attendons seulement que la Grèce s'effondre et on en reparle.

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