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Marion Maréchal en délicatesse avec Marine Le Pen ? Sa présence à l’Action française lui permet de prendre date pour l’avenir
©Reuters

Règlement de compte

Le fond de l’air est frais pour Marion Maréchal. Alors que les relations avec Marine Le Pen se tendent de plus en plus, elle cherche à reprendre la main. Sa participation le weekend dernier au colloque de l’Action française lui permet à la fois de marquer son territoire parmi les frontistes et de jauger de sa popularité dans les milieux les plus droitiers. Avec peut-être en ligne de mire une autonomisation politique.

Marie-Pierre Bourgeois

Marie-Pierre Bourgeois

Marie-Pierre Bourgeois est journaliste.

Elle est l'auteur de Rose Marine

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Le 1er mai, l’occasion d’évincer une proche de Marion Maréchal

Début du joli mois de mai : il n’y a pas que le temps qui se fait changeant. Au Front national, dans la même journée, les sourires se font hésitants et les couteaux n’hésitent pas à se tirer entre Marine Le Pen et Marion Maréchal. 

Dimanche 1er mai, Jean-Marie Le Pen, entouré d’une poignée de fidèles rend hommage à Jeanne d’Arc. Dans son sillage, un homme et une femme qui lui sont restés fidèles malgré son éviction du Front national : Bruno Gollnisch, longtemps son bras droit et Marie-Christine Arnautu, une intime parmi les intimes du patriarche. Marine Le Pen leur a demandé de renoncer à leur présence. Peine perdue. Ils savent donc qu’ils ne sont pas les bienvenus au banquet patriote organisé quelques heures plus tard par Marine Le Pen. Il a précisément été pensé pour éviter toute rencontre avec Jean-Marie Le Pen autour de la figure de Jeanne d’Arc comme l’an dernier.

Soucieuse de marquer les esprits, Marine Le Pen veut leur signifier qu’ils ont franchi le Rubicon sans espoir de retour. Le lendemain, le bureau politique du FN se réunit et demande à Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu de quitter leurs fonctions dirigeantes au sein du parti. Simple volonté pour Marine Le Pen d’isoler encore plus son père, déjà très seul politiquement ? Pas seulement. Marie-Christine est la seule proche de Marion Maréchal au bureau exécutif.

Les couteaux frontistes commencent à s’aiguiser

Marine Le Pen, Florian Philippot, Louis Aliot, Nicolas Bay, Walleyrand de Saint-Just…Tous les chapeaux à plumes du parti appartiennent à ce groupe, véritable gouvernement resserré des frontistes. Tous sauf Marion Maréchal. C’est donc son seul levier d’influence que tente de faire disparaître Marine Le Pen en évinçant Marie-Christine Arnautu qui n’a pas l’intention, pour l’instant du moins, de démissionner. 

Sérieux avertissement à Marion Maréchal qui commence à prendre trop de place au goût de Marine Le Pen. De son souhait de se construire une posture internationale quand sa tante a subi un sérieux revers lors de son déplacement au Québec en mars dernier en passant par le parallèle dressé entre mariage pour tous et polygamie, la coupe est pleine pour la présidente du FN. Suffisant pour lui faire dire  que "ça devient insupportable. Marion n’arrête pas de se la jouer perso !" devant plusieurs proches.

Mais les reproches ne sont font pas seulement mezza voce au FN. Retour à cette journée du 1er mai. Quelques heures après le baroud d’honneur de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal assiste au banquet patriote du parti et prend la parole pour un discours sans enjeu sur l’histoire de France.

Les valeurs de la femme, occasion d’une nouvelle passe d’armes entre Florian Philippot et Marion Maréchal

Sophie Montel, députée européenne et conseillère régionale sur les terres de Florian Phillipot, monte à son tour à la tribune, bien décidée à ne pas faire de la figuration. Elle sort l’artillerie lourde à destination de Marion Maréchal et sa ligne traditionnaliste. Morceaux choisis : "Nous défendons la sanctuarisation de la contraception et la non-remise en cause de l’avortement (…) Oui, c’est le Front national qui défend la femme et ses droits en France quand le rafiot UMPS dérive vers leur remise en cause." Que la campagne de Marion Maréchal en PACA pendant les élections régionales qui expliquait qu’elle arrêterait de verser des subventions au planning familial en cas de victoire semble loin. Le message est clair : Florian Philippot, par le biais d’une de ses proches, cherche à marquer son territoire face à Marion Maréchal, populaire comme jamais parmi les militants.

Des critiques en privé sur sa ligne, soit. Cela fait partie du jeu politique. Mais la violence avec laquelle se fait ce règlement de compte, encouragé par Marine Le Pen, qui, une fois à la tribune déclare "Sophie, tu as raison !" a dû laissé Marion Maréchal songeuse…et bien décidée à marquer son territoire.

Le colloque de l’Action française, l’occasion pour Marion Maréchal de reprendre la main

Une semaine plus tard, le samedi 7 mai, la voici au colloque de l’Action française, ce mouvement monarchiste et nationaliste. Drôle de rendez-vous pour la députée d’un parti qui ne manque plus jamais de parler de République sur tous les tons depuis que Marine Le Pen en a pris la direction.

Marion Maréchal marche sur des œufs devant une assemblée bon chic bon genre, peuplée de royalistes convaincus et de quelques militants FN qui semblent un peu perdus dans ce décor. Pas de sortie de la route ce jour-là, le nez souvent plongé dans ses fiches. Elle reste dans les clous en se déclarant "relativement sceptique quant à la capacité de rétablir la monarchie héréditaire de droit divin" tout en affirmant que le "Front national est peut-être le plus monarchiste des partis français, en ce sens où il est le dernier à défendre les fonctions régaliennes de l’Etat." Ce clin d’œil appuyé à la ligne nationale-étatiste de Marine Le Pen et de Florian Philippot brille de mille feux.

La tentation d’une droite hors les murs

Marion Maréchal sait arrondir les angles. Mais elle trouve aussi une façon de dire qu’il faudra compter sur elle ces prochaines années en déclarant qu’elle "n’a pas un attachement total au système des partis et de leur dogmatisme ; ils ne sont pas un fin en soi." Sûre de son bon droit, elle ajoute : "je n’ai pas d’attachement dynastique au parti politique. On n’adhère jamais à cent pour cent à un programme politique." Une façon habile de se projeter ces prochaines années hors du FN tel qu’il existe aujourd’hui, bien éloignée de la ligne nationale-étatiste de Florian Philippot ? 

Probablement, comme lorsqu’elle déclare qu’il faut "réarmer psychologiquement le peuple français" sous des applaudissements nourris de l’auditoire, manifestement conquis. Alors qu’en off, certains cadres du parti murmurent que Marion Maréchal serait menacée de ne pas avoir l’investiture du parti lors des prochaines élections législatives, la plus jeune députée de France pourrait avoir la tentation tenace de créer une droite hors les murs. L’Action française pourrait n’être alors que les prémices d’une stratégie plus globale de séduction de toutes les droites nationales.

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