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Mario Monti : l’homme gris du Sud qui applique les réformes du Nord est-il en train de réussir à s’imposer comme le nouvel homme fort
de l’Europe...
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Ascension fulgurante

Lors du sommet européen des 28 et 29 juin, Mario Monti est parvenu à s'imposer face à l'Allemagne et la France et fustige désormais "certains pays nordiques" qui refusent de mettre en application les mesures adoptées. Celui que la presse italienne n'a pas hésité à surnommer "Super-Mario" peut-il devenir le nouvel homme fort de l'Europe ?

Manuel Maleki

Manuel Maleki

Manuel Maleki est Docteur en Sciences Economiques à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Il est spécialiste des questions de réformes. Il a travaillé à Londres dans une grande institution financière avant de rejoindre les équipes de la recherche économique du groupe ING en tant que Senior Economiste.

Il s'exprime sur Atlantico à titre personnel.

 

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« C’est moi, c’est l’Italien, je reviens de si loin, la route était mauvaise », voila déjà bien longtemps que Serge Reggiani chantait cette chanson… qui pourrait être reprise par Mario Monti. Ce dernier a, en effet, redonné de la crédibilité à l’Italie. En quelques mois il a mis en place un ensemble de mesures et de réformes qui montre une détermination sans faille et un grand sens politique.

L’Italie sous Berlusconi était considérée comme un partenaire peu fiable et sans grande importance politique et économique. Mario Monti a su rappeler que son pays est la troisième économie de la zone euro et une force industrielle non-négligeable. En s’appuyant sur les fondamentaux et une farouche détermination à réformer, il montre que l’Italie pèse bien plus que des les Pays-Bas ou la Finlande.

Ainsi, sa colère vis-à-vis des pays nordiques mettant en doute les accords passés s’explique aisément. Il mène actuellement des réformes difficiles économiquement (avec un taux de croissance attendu à -1.6% du PIB en 2012), socialement et politiquement (rationalisation des dépenses de fonctionnement de l’Etat avec un nouveau plan de rigueur de 26 milliards d’euros, portant l’effort de l’Italie depuis 2011 à environ 260 milliards d’euros, révision du marché du travail etc.), ce qui l’oblige aussi à ramener des résultats concrets à ses concitoyens. Or, montrer que la voix de l’Italie compte est une chose importante qui lui offre la crédibilité nécessaire pour continuer sur le chemin des réformes et profiter pleinement de sa fenêtre d’opportunité. Dès lors que les autres pays mettent en doute les accords passés (souvent pour des raisons électoralistes) ils décrédibilisent l’ensemble du processus et sapent le travail de réformes.

Mario Monti sait que sa marge est étroite, si l’on compare avec l’Espagne, qui vient aussi d’avoir un nouveau gouvernement, on se rend rapidement compte que Monti a commis beaucoup moins d’erreurs politiques et de communication que le gouvernement de Mariano Rajoy, qui a tergiversé et fait des arabesques pour masquer la vérité. Or, ce comportement a été sanctionné par les marchés et l’Espagne a perdu en influence au plan européen.

Toutefois, le chef du gouvernement italien sait aussi que le temps joue contre lui, à deux niveaux : tout d’abord, les Italiens exigeront assez rapidement de voir les effets positifs des ses réformes, non pas sur les taux d’intérêts mais bien dans la vie quotidienne (chômage, salaires, baisse des impôts etc.). Deuxièmement, 2013 sera l’année des élections et la fin de son gouvernement. Pour peu que les hommes politiques italiens reprennent leurs vieilles habitudes clientélistes, la séquence de réformes structurelles se refermera.

Face à ce constat, Monti doit aller vite non seulement dans le quotidien en augmentant les recettes de l’Etat et en ayant aussi le courage de baisser les dépenses mais aussi dans une perspective de long terme en rétablissant la compétitivité du pays, en le modernisant tout en s’appuyant sur une vieille tradition industrielle qui vaut au pays, encore aujourd’hui, tant de succès.

Toutefois, Mario Monti pour atteindre ses objectifs aura besoin d’une chose incontrôlable que Nicolas Machiavel appelé la fortuna, et sans cette dernière, comme il le faisait remarquer, même un homme possédant une grande virtu n’est rien. 

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