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Marine Le Pen élue : un joyeux bordel en perspective
©Reuters

Divertissements garantis

Il n'est pas exclu que la numéro 1 du Front National devienne présidente. Un motif de se réjouir pour les amateurs -dont je suis – de films burlesques.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Se moquant des très monotones litanies des idolâtres de Marine Le Pen, Hugues Seraff écrit dans Atlantico : "Si Marine Le Pen est effectivement notre ultime espoir de salut, qu'elle est élue et que c'est pire qu'avant, devrons-nous fermer le pays et nous suicider collectivement ?", ce chroniqueur a beaucoup de talent. Il est toujours drôle et percutant. Son texte l'est. Mais l'idée d'un suicide collectif n'est pas celle que je retiendrai si la patronne du Front National devient notre chef de l'Etat.

J'en ai une autre directement inspirée de mes deux maîtres à penser : Ferdinand Lop et Roland Moreno. Le premier, candidat à la députation à une époque où on savait rire, proposait comme point fort de son projet politique de prolonger le boulevard St Michel jusqu'à la mer ! Ce qui vaut largement, en beaucoup plus drôle, le programme du Front National. Le second est l'auteur d'un livre impérissable "La théorie du bordel ambiant" dont le titre annonce les joyeusetés que nous aurons à découvrir avec Marine Le Pen a l'Elysée.

L'hypothèse de son élection n'a rien à voir avec Ferdinand Lop et Roland Moreno : elle est sérieuse. Surtout si elle a comme challenger Emmanuel Macron. Car il ne faut pas être grand clerc pour prévoir le vote des électeurs que la défaite de Fillon aura laissé orphelins. La suite, mais seulement au début, sera d'une exquise banalité. Car le livret de cet opéra-comique est déjà écrit.

Il y aura donc dans les rues de nos villes des centaines de milliers de manifestants qui crieront :" le fascisme ne passera pas!". Puis ils rentreront chez eux. Il y aura un coup de froid sur la Bourse: les actions chuteront. Puis elles remonteront car c'est dans leur nature. Donald Trump se fendra d'un tweet amoureux : "I love you baby". Et Vladimir Poutine fera savoir qu'il se réjouit d'une élection qui ne peut que renforcer l'éternelle amitié franco-russe.

Mais la suite sera nettement plus rigolote. Avec ce "bordel ambiant" tant désiré par les vrais connaisseurs qui trouvent qu'on s'ennuie à mourir en France. Car immédiatement après la présidentielle il y a les législatives. et on peut sans grand risque de se tromper deviner les contours de l'Assemblée qui naîtra de ce scrutin. Un grand groupe des Républicains, un groupe de gauche beaucoup plus faible, quelques macronistes et encore moins de députés FN, le mode de scrutin leur étant nettement défavorable.

Et elle fera quoi madame la Présidente ? Il lui faudra appeler comme Premier ministre celui que lui dictera le plus important groupe parlementaire : Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, François Baroin, Christian Jacob ? Et qui gouvernera ? Pas elle. Mais le Premier ministre avec sa majorité parlementaire. Marine Le Pen pourra tout au mieux l'embêter un peu. Mais pas plus que Mitterrand ne l'a fait avec Chirac et que Chirac ne l'a fait avec Jospin.

Ce sera donc le bordel. Vivifiant. Rafraichissant. Certes Marine Le Pen pourra s'adresser au peuple et lui faire part de son désespoir : "vous voyez ils m'empêchent de gouverner!". Le peuple compatira : " la pauvre…". Et continuera à vaquer à ses occupations. Pas de quoi être triste.

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