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Le mariage homosexuel n'est pas moral ou non, il trouble les repères de la société
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Mariage homo à l'Assemblée

Le débat sur le mariage homosexuel resurgit mardi 14 juin à l'Assemblée avec l'examen d'une proposition de loi PS, demandant que le mariage puisse être contracté "par deux personnes de sexes différents ou de même sexe". “Ce mariage n’a aucun sens” s’insurge Anne-Marie Le Pourhiet.

Anne-Marie Le Pourhiet

Anne-Marie Le Pourhiet

Anne-Marie Le Pourhiet est professeur émérite de droit public.

 

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Atlantico : Ce projet de loi a peu de chances d’être adopté puisqu'il a été rejeté en commission. Cependant, après l'arrêt du Conseil constitutionnel qui a estimé qu’il n’y avait rien dans la Constitution sur le sujet, et que c’était au législateur de trancher, le mariage homosexuel refait surface. L’un des arguments de ses défenseurs consiste, notamment, à montrer du doigt les pays qui refusent le mariage homo...

Anne-Marie Le Pourhiet : Ce procédé est vieux comme le monde. Si certains pays veulent devenir les poubelles du monde législatif, qu’ils le fassent avec l’euthanasie, avec les mères-porteuses.... Nous ne sommes pas condamnés à l’alignement ! Certains États aux Etats-Unis tolèrent les mères porteuses, d’autres non... Et à l’intérieur d’un même État-Nation, tel que les États-unis, les législations sont différentes sans que cela ne pose problème.

Des voix soutiennent que refuser le mariage homo dans une société laïque semble anachronique...

Mais cela n’a rien à voir avec la laïcité. Certes, toutes les grandes religions condamnent l’homosexualité, c’est leur affaire. Mais je ne suis pas croyante ! On peut être un philosophe rationnel, observer les choses rationnellement et servir le bien commun, indépendamment de toute religion et heureusement ! Refuser le mariage homo n’est pas moral. C’est plus grave que ça ! C’est une question qui touche aux fondamentaux de la société, du droit, des repères. On dit que les jeunes n’ont plus de repères : mais on s’attache dans le même temps à démolir tous les repères ! La grande responsabilité est de savoir quelle est la fonction du droit. Serait-il de consacrer des aberrations ? Le droit républicain doit-il être irrationnel et faire n’importe quoi ?

Quand vous voyez le corps d’un homme et d’une femme, vous voyez que les deux corps ont été faits pour s’encastrer l’un dans l’autre et que les deux ensemble vont faire un troisième et un quatrième, etc. C’est pour institutionnaliser ce lien naturel et charnel -avec l’intérêt social qui en découle- que le mariage a été institué. Il n’existe pas en dehors d’un homme et d’une femme. Vouloir marier deux hommes ou deux femmes : c’est marcher sur la tête ! Jean-Louis de Lolme, un disciple de Rousseau, disait pour décrire la toute puissance du Parlement anglais qu’il pouvait tout faire sauf changer une femme en homme ! Or aujourd’hui, des lobbies ont décrété que les parlements et les juges devaient tout faire, y compris changer les hommes en femmes ! Jacques Chirac l’a dit plus tard : un mariage entre deux hommes ou deux femmes ne peut être qu’une parodie...

Ce terme de parodie n’est-il pas discriminatoire ?

La discrimination est l’autre thème des pros mariage homo. On passe aujourd’hui du relativisme au nihilisme le plus total. On ne doit plus rien distinguer ni discerner. C’est grave car avec un raisonnement pervers de ce type,  on va jusqu’à dire des aberrations. Ainsi, si Roger aime Raymond, cela impliquerait le mariage - et l’amour partagé donnerait droit au mariage. Alors  un musulman va me dire un jour qu’il aime Farida, Rachida et Yasmina et qu’il est discriminatoire de rejeter la polygamie. Je peux aussi dire que j’aime mon frère autant qu’il m’aime. Il sera discriminatoire de ne pas marier frères et sœurs. Ensuite, ce sera des adolescents de 15 ans, etc. Il n’y a plus de limite. On touche là à la limite du droit. A savoir : le droit peut-il aller jusqu’à fabriquer n’importe quoi ? Aux États-Unis, certains mouvements considèrent que distinguer l’homme et l’animal serait du spécisme -comme le racisme ou le sexisme- et qu’il faut donc reconnaître aux animaux des droits comme aux humains. Et comme certains se disent amoureux de leur chatte... Marions-les !

Où s’arrêter alors ?

Axel Kahn disait : “A chaque fois que, au nom de ceci, au nom de cela,  on franchit une étape supplémentaire,  on se retournera un jour et on se rendra compte que l’on a détruit l”humanité". Il ne faut pas prendre ces questions à la légère. Ce communautarisme est une idéologie de type marxiste. Philippe Muray disait qu’entre “communisme” et “communautarisme”, il n’y a que quelques lettres. L’idéologie de l’identité de genre, consiste à vouloir dire que tout ce vaut. On voit cela à Sciences po où les cours d’identité des genres deviennent obligatoires, tout comme à l’université Paris VII. A vouloir écarter le droit des fondamentaux naturels et des données rationnelles, on risque de pénétrer dans une folie pure. D’autant que je me suis toujours demandée quel pouvait être l’intérêt de ces personnes à vouloir singer... et revendiquer l’aberration !

On distingue que la prochaine étape est l’adoption...

Naturellement, mais l’idée aussi est de dire que c’est normal d’être comme ça. Ne plus discriminer signifie que cela se vaut. Or, comme dit le dicton, “Si tout se vaut, rien ne se vaut !” Très vite nous passerions du relativisme au nihilisme. En philosophie du droit, aucun juriste français, ne vous dira que ce mariage a du sens.

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