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Manuel Valls à ONPC: absence de petits meurtres entre amis
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Amabilités

Le simulacre qui nous a été proposé dissimule des ficelles qui expliquent le manque d'animation polémique sur le plateau.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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D'un premier ministre capable de prononcer les mots "guerre civile" un soir d'élections, d'un personnage qui n'hésite pas à menacer, nommément, les humoristes et les intellectuels au pupitre du Parlement, d'un tribun qui glapit "république!" toutes les trois minutes au comble d'une hystérie inquiétante, que pouvait-on attendre dans un programme de divertissement ?

Pour commencer retournons la question: en dehors des chiffres d'audience, que pouvaient en attendre ceux qui l'ont invité ? Les grands prêtres de la case 23.00-2.00 espéraient quoi, au juste, en attirant chez eux un premier ministre en exercice ? Se placer davantage dans les bonnes grâce du Pouvoir ? Quand on assiste à la revue de presse liminaire on se demande s'il était possible d'aller plus loin dans la flagornerie pro-Juppé, dans l'allusion orientée aux insuffisances de François Hollande, dans la prospective présidentielle socialiste, mais le problème est de savoir si le Pouvoir n'est pas en train de changer radicalement de pôle magnétique tout simplement. Après cette heure de bavardage, non seulement on se pose la question mais on se demande si le Premier ministre n'en est pas, lui-même, convaincu. Les questions étaient tièdes et les réponses réchauffées (le sens du sacré, le messianisme,  l'Islam compatible avec la laïcité, la Nation rabougrie, rance  etc). Le grand problème de Manuel Valls, outre son recours permanent à une espèce de scrabble sémantique où certains mots comptent double ou triple, comme république, valeurs, détermination, inadmissible, intolérable etc, c'est son sourire coincé . Il se prête extrêmement mal au genre d'exercice qui lui a été proposé. On imagine sans peine qu'il a voulu imiter Obama participant au Late Nigt Show parce que les démocrates (entendez les socialistes) de tous les pays développés ont l'air de croire, désormais, qu'on ne peut plus faire de politique sans slammer, imiter Nat King Cole ou dribbler sous les projecteurs avec Tony Parker. Manuel Valls est trop emprunté en général pour consentir à tout cela mais on aurait aimé qu'il ait, au moins, l'air sympa pour une fois, c'est à dire ému, sincère, profond, humble, recueilli. Afficher sa détermination à tout bout de champ n'a aucun sens si, dès qu'on ouvre la bouche, l'auditoire a l'impression d'entendre la version parlante du lapin Duracell.

Donc l'intérêt de la chose se trouvait davantage en coulisses. Et quelle présence devinait-on  en coulisses ? Je dis deviner, car il s'agissait, bien entendu, d'une coulisse virtuelle. Eh bien la régie était peuplée de silhouettes tutélaires. Le simulacre qui nous a été proposé dissimulait nombre de ficelles. Yann Moix, dont le regard Orange mécanique semblait embué par la bienveillance, fait partie des mêmes réseaux que Manuel Valls depuis vingt ans. Ils ont le même éditeur, les mêmes amitiés à trois initiales, les mêmes aversions, les mêmes intérêts. Il suffit de se pencher sur les aventures éditoriales récentes de Manuel Valls qui a publié ses discours sous un titre pompeux (l'Exigence), publication qui servait de prétexte à sa prestation. Dans Google images on trouve une poignée de photos de groupe où l'on voit que Moix fait partie de sa famille de pensée, à un tel degré qu'on est proche de la consanguinité. Google images, c'est comme une espèce d'immense album souvenir de toutes les cousinades de la profession. Eh bien! autour de Manuel Valls, c'est bizarre on reconnaît toujours les mêmes visages. Et l'un d'eux est justement celui de son prétendu procureur d'un soir, Yann Moix, dont la productrice affirme dans le Figaro que Valls ne connaissait "absolument pas" l'opinion à son sujet avant de venir.

Quand Marianne nous dit que le Premier ministre "fait le pari de s'expliquer sur sa politique au milieu de gens qui ne sont pas de son monde", on réprime un pouffement car tout indique le contraire. C'est exactement son monde. A chaque instant on devinait sur le plateau l'espèce de déférence convenue des gens qui se tutoient quand les projecteurs sont éteints. Le vague énervement de l'humoriste Jérémy Ferrari, à la fin, semblait témoigner qu'il n'en pouvait plus d'être dépassé par tant de connivence cachée. 

C'est d'ailleurs le cas de la France entière. Il est donc souhaitable que Manuel Valls continue à multiplier ce genre d'apparitions car elles précipitent la prise de conscience générale, même s'il parle à plus de minuit. Le peuple français, dont il se réclame si souvent, vit dans un autre monde que le sien. Les grands hommes du passé, auxquels il se réfère imprudemment, auraient harangué le pays pour le tirer de l'ornière sans même s'aviser de sa présence.

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