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Face aux pervers narcissiques... "Je me rends compte que, lorsque mon mari s’absente, tout va tellement mieux"
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Témoignage

Mathilde, Carole et Amélie se sont retrouvées dans le cabinet d'une même thérapeute. Toutes les trois ont subi pendant de nombreuses années l'emprise de conjoints manipulateurs pervers. Elles nous livrent leurs histoires dans "J'ai aimé un pervers" : la rencontre et la phase de séduction avec leurs futurs maris, l'assujettissement progressif, l'intolérable vécu au quotidien... Le récit d'Amélie (Extrait 2/2).

Amélie Rousset

Amélie Rousset

Mathilde, Carole et Amélie se sont retrouvées dans le cabinet d'une même thérapeute. Toutes les trois ont subi pendant de nombreuses années l'emprise de conjoints manipulateurs pervers. Elles nous livrent leurs histoires dans "J'ai aimé un pervers"

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Ce quotidien en Irlande est comme une deuxième vie pour moi : c’est là que je me suis mariée et que je suis devenue mère. Ce n’est pas toujours facile, notamment à cause de nos faibles moyens financiers, mais dans l’ensemble je me suis bien adaptée, j’ai fait plein de connaissances et je mène ma vie tambour battant.

Je suis maintenant mère de quatre petites filles et Dorian me laisse l’honneur de gérer les tâches ménagères, même s’il travaille constamment à la maison. Comme son entreprise s’agrandit, petit à petit il emploie du personnel, toujours chez nous.

Il y a l’éternel problème de la porte de la cuisine ou du portail du jardin laissés ouverts par négligence, sans considération aucune pour la sécurité des enfants ou des chiens. Et puis tous les midis, je dois préparer un repas pour mes filles mais aussi pour Dorian qui déjeune à la maison, accompagné de son personnel. Ainsi, quand je m’absente le matin, laissant derrière moi une cuisine propre et rangée, je la retrouve le soir sale et en désordre, alors que ni les enfants ni moi n’étions à la maison de la journée.

En somme je passe mon temps à m’inquiéter de tout, du portail, de l’état de la maison, des enfants, des animaux. Je ne fais que recevoir, nourrir, nettoyer, servir, sans reconnaissance aucune. Mes amies trouvent que Dorian a toujours bonne mine tandis que j’ai, paraît-il, l’air épuisé. Par la force des choses, Dorian finit par emménager dans des locaux à deux cents mètres à peine de la maison. Ainsi, il n’est jamais loin.

Néanmoins je ne suis pas pour autant soulagée. Le soir, les repas en famille sont impossibles, puisque Dorian ne rentre jamais à la même heure. Il fait invariablement le contraire de ce qu’il me dit, et je ne sais absolument pas à quoi m’attendre.

J’ai vaguement conscience que, depuis la naissance de notre premier enfant, les choses ne sont plus comme avant. Le Dorian charmant que j’ai cru connaître jusqu’alors n’est en fait réservé maintenant qu’au monde extérieur. Dans le quotidien et l’intimité, il a cédé la place à un homme qui certes cherche toujours à séduire son entourage, mais qui se montre exigeant, envahissant et indifférent aux besoins de ses proches.

Finalement, j’ai toutes les peines du monde à me constituer des repères fixes dans le déroulement de mon quotidien. Qu’il le fasse exprès ou non, Dorian m’empêche toujours de mener les choses à bien. À la longue pourtant, je suis rodée et prépare à dîner pour les enfants quand je le juge bon, préférant ignorer les contraintes aléatoires qu’il m’impose. Mais mon fonctionnement déplaît à Dorian, qui me reproche de ne pas favoriser les repas en famille. Peut-être ne sommes-nous tout simplement pas faits pour nous entendre, peut-être ne sais-je pas composer avec son caractère si difficile à cerner ? Je me pose constamment des questions.

En attendant, plus mon mari va bien et prospère, plus mon quotidien m’épuise. Il m’arrive de me sentir très mal, d’avoir des coups de cafard et des crises de larmes. C’est incompréhensible, je suis incapable de cerner les raisons de cet abattement et de saisir ce qui ne va pas chez moi. Car il faut le dire, pour Dorian, tout va bien, le problème doit donc venir de moi.

Du reste il m’encourage à faire une thérapie. D’après lui, tout vient toujours des problèmes d’enfance, ça ne fait aucun doute.

Dorian a raison : il ne faut surtout pas que je transmette sans le vouloir mes problèmes personnels à mes enfants. Cette idée me culpabilise et me pousse à faire un travail de remise en question.

C’est ainsi que j’atterris chez Henry, un psychothérapeute.

Très vite le sujet de conversation principal devient Dorian. Les griefs ne manquent pas : il ne respecte pas mon organisation, il ne m’aide pas à la maison, il met sans cesse la maison en chantier, il manque d’égards envers moi, il me critique en temps que mère et en tant qu’épouse et ainsi de suite. En fait il crée perpétuellement un chaos épouvantable autour de moi.

Tout cela peut paraître bien banal, mais je me rends compte que, lorsque mon mari s’absente, tout va tellement mieux, je me débrouille bien, je suis plus détendue, j’ai les idées plus claires. En fait, je me retrouve.

Henry me rassure aussitôt : il n’y a rien qui cloche chez moi, simplement j’ai une image de moi-même un peu trop fragile, et il faudrait la consolider en me préservant un espace personnel. Je suis soulagée que cela ne soit pas aussi grave que ce que Dorian avait suggéré. Mon soulagement est pourtant de courte durée : comme il y a toujours du monde à la maison et pas assez de place, il m’est impossible de m’aménager un espace à moi.

A lire aussi : "Comment j'ai découvert que mon mari était un pervers narcissique".

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Extrait de J'ai aimé un perversEyrolles (20 avril 2012)

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