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Manipulation : les clés pour l'éviter et se faire respecter
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Je ne suis pas une victime !

Marie Andersen explique que pour arrêter de se faire manipuler, il faut commencer par retrouver un peu d'estime de soi afin de se respecter soi-même et se faire respecter. Extrait de "Les 10 facettes de la manipulation" (2/2).

Marie Andersen

Marie Andersen

Marie Andersen est psychologue clinicienne et psychothérapeute depuis plus de quarante ans. Elle est l'auteur des best-sellers La Manipulation ordinaire et L'Emprise familiale et du livre l'Art de se gâcher la vie. http://marieandersen.net/ 

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Vous l’avez compris, la manipulation est une dynamique qui se joue à deux, même si les rapports de force sont très inégaux. S’il a une propension à la domination, l’autre ne peut prendre que le territoire qu’on lui laisse. Aussi longtemps qu’on recule, l’autre avance. Aussi longtemps qu’on se soumet, l’autre domine. Aussi longtemps qu’on ne se respecte pas, l’autre ne nous respecte pas non plus.

C’est la clé : apprendre à se faire respecter. Pour cela, il faut évidemment retrouver un peu d’estime de soi, pour pouvoir avant tout se respecter soi-même.

Parfois, pour se défendre, on a l’impression qu’on n’a pas d’autre choix que d’utiliser les mêmes armes que celui qui nous attaque. C’est possible. Ce sont les lois de la guerre. Mais veut-on vraiment la vivre, cette guerre ? Notre vie vaut-elle qu’on persiste à s’enferrer dans un combat qui n’évolue jamais vers la paix ?

N’est-on pas tellement en train de s’habituer à ce climat de tension qu’on finit par le trouver normal ? N’est-on pas tellement figé par la douleur qu’on se laisse doucement couler au fond d’un puits ? N’est-on pas, tout simplement, en train de se perdre ? De se laisser bafouer par lassitude ? De laisser quelqu’un nous dominer, nous ridiculiser, nous culpabiliser et de peu à peu l’accepter.

Nous avons à ce stade quelque peu perdu de vue que les relations peuvent être paisibles, respectueuses et cordiales. Les amis peuvent être fiables et leurs conseils désintéressés. Les maladresses peuvent juste inviter à sourire avec gentillesse et les conflits se résoudre avec bonne volonté. La liberté de nos mouvements et la curiosité qui nous pousse vers les découvertes peuvent réjouir notre conjoint. On n’est pas toujours obligé de se battre pour se faire entendre, ni de se justifier pour défendre nos opinions. Nos idées valent la peine, tout simplement parce que ce sont les nôtres et que nous sommes dignes de respect. Comme tout le monde.

Nous n’avons pas besoin d’être parfaitement compétents pour nous exprimer. Nous avons tous le droit d’être débutants. Nous pouvons émettre un avis, même si nous ne sommes pas experts. Personne ne devrait nous mépriser au titre que nous serions maladroits ou hésitants.

Comment retrouver petit à petit le respect auquel on a droit ?

Si on décide de sortir du cercle vicieux de la manipulation, une démarche essentielle consiste à cesser de centrer son intérêt et son questionnement sur la personne qui nous manipule, cesser d’en parler autour de soi, de s’en plaindre à tous les vents et de se torturer les méninges pour essayer de comprendre cette logique illogique qui nous éreinte. Cette voie obsessionnelle est épuisée depuis longtemps, et nous aussi ! Il est temps de se poser les bonnes questions sur soi-même. Finies les interrogations culpabilisées qui nous empêchaient de dormir lorsqu’on se demandait ce qu’on avait fait de mal, quelles maladresses on avait encore commises qui expliqueraient pourquoi l’autre s’était tellement emporté. Au diable ces questionnements qui nous rendaient coupables de tout ce qui contrariait notre interlocuteur.Il est temps maintenant de se demander pourquoi on lui autorise ces agressions, ces excès, ces accusations infondées qui nous torturent. Pourquoi on se laisse faire, mais surtout comment on va s’y prendre pour que cela cesse ! Que cessent ces comportements qui nous blessent, ce n’est pas toujours possible, mais que cesse notre souffrance, oui ! Chacun doit trouver son chemin, qu’il permette le maintien de la relation ou qu’il mène à la rupture…

Nous avons vu quelques bons petits actes de résistance. Vous avez peut-être essayé l’un ou l’autre. Ils sont utiles dans les cas de manipulation sans trop de gravité, c’est-à-dire les plus fréquents, heureusement ! Ils nous aident à remettre à sa place quelqu’un qui agit sans conscience, mais qui peut entendre les limites qu’on impose, à juste titre. Et même s’il ne les comprend pas ou ne les accepte pas, on a le droit de les imposer. Parce qu’il est essentiel de se faire respecter. Avec doigté de préférence, avec force si nécessaire, ce qui compte c’est d’être efficace. Par contre, les moyens de se protéger conseillés dans cet ouvrage risquent bien de ne pas être opérants dans les relations de destruction véritable. Celles-là, plus on s’y éternise, plus on perd de plumes. La seule issue est la rupture.

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Extrait de Les 10 facettes de la manipulation (Ixelles éditions), février 2013

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