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Ô jeunesse française, 
ta fougue aurait-elle vieilli ?
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Enfants de la Révolution

Alors que la jeunesse exulte dans les pays arabes, qu'en est-il de la jeunesse française ? A-t-elle encore le goût de la révolte ? Après Stéphane Hessel, c'est Tristane Banon qui "s'indigne" pour Atlantico.

Tristane Banon

Tristane Banon

Tristane Banon est écrivain et journaliste.

Elle écrit pour Atlantico essentiellement sur les jeunes dans le cadre de la rubrique "Jeunesse se passe".

Photo © Fanny Falourd

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Si l’on accepte ce chiffre de 54 %, fourni par l’Institut National des Statistiques de Tunis, comme étant la proportion de personnes âgées de moins de 30 ans que compte le pays, on a vite fait de considérer que ce sont les jeunes qui, vraisemblablement, sont à l’origine du soulèvement actuel.

Alors quoi ? Quand le président Ben Ali a quitté le pouvoir le 14 janvier dernier, la communauté internationale n’a pu que reconnaître le rôle essentiel que les jeunes tunisiens avaient joué dans cette pièce en trois actes : rébellion-soulèvement-renversement. Après eux, c’est la jeunesse égyptienne qui a mis le holà et fait tomber Hosni Moubarak le 11 février dernier. De là à dire que les jeunes d’ailleurs sont plus réveillés que ceux d’ici…il n’y a qu’un pas, que je n’ai pas peur de franchir !

Où sont les jeunes quand les taxes sur le litre d’essence naviguent autour de 60 % tandis que le cours du baril atteint des records à plus de 70 euros ? Où sont-ils encore quand le pays s’endette, qu’il prête aux banques et que l’on ordonne au bon peuple de se serrer la ceinture ?

Mais c’est donc ça : le jeune est résigné, le jeune n’a plus la force de s’indigner, le jeune est déjà vieux et il regarde de très haut ses aînés de mai 68 « Il y avait un grand soleil, et puis ça n’était que des bobos du quartier latin ! » C’est vrai, en hiver il pleut plus qu’en mai...Maudites saisons, c’est donc leur très grande faute. Etudiante, je manifestais contre les cantines infectes, les professeurs en grève, les programmes défaillants, les réformes du mammouth, les mammouths réformés, je criais, je hurlais, je m’insurgeais, je m’indignais comme l’ordonne aujourd’hui Kessel.

"Gentil Etat qui prend soin de son bon peuple"

Moi qui ne fume pas, je n’aurais jamais cru que le bureau de tabac qui fait face à mon immeuble survive à un paquet de cigarettes qui dépasse les 5 euros, plus de 32 francs, 73 % de taxes comprises ! Les recettes fiscales du tabac payées par le méchant-consommateur-intoxiqué ont gagné plus de 90 % quand on nous explique que la hausse du prix de ladite drogue à fumer n’est qu’un artifice pour faire baisser le nombre des pauvres-fumeurs-bientôt-morts-du-cancer.
Gentil Etat qui prend soin de son bon peuple ! Eh bien, rien. Le tabac d’en bas de chez moi s’est très bien remis de tout ça, personne n’est allé dans la rue, les jeunes ont courbé l’échine et, sagement, ils ont payé un peu plus, travaillé un peu moins, accepté de donner pour les pauvres banques en faillite, remisé au placard leurs ambitions post-scolaires, accepté des petits boulots sous-payés, mis un peu moins d’essence dans leur voiture, ont même fini par vendre leur voiture d’occasion qu’ils venaient d’acheter pour s’offrir un semblant d’indépendance…

Le jeune s’est tu, le Français de moins de 30 ans a perdu la parole, quand les tunisiens et les Égyptiens du même âge se battent au forceps pour la récupérer. Jeunesse française tu t’endors devant ta télévision, ta Playstation 3, ta Xbox et ta Wii, tu pionces et tu ne vois plus que, dehors, on se fout de toi !

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