Malaise urbain : les banlieues souffrent-elles vraiment d’un déficit d’investissements publics ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a annoncé la mise en place, par la BPI et ce "dès cet été", d'un outil entièrement consacré à soutenir financièrement la création d'entreprises dans les quartiers les plus défavorisés.
François Hollande a annoncé la mise en place, par la BPI et ce "dès cet été", d'un outil entièrement consacré à soutenir financièrement la création d'entreprises dans les quartiers les plus défavorisés.
©Hegor

Réfléchir avant d'agir

Trappes, Brétigny-sur-Orge, les banlieues sont à nouveau au cœur de l'actualité, toujours avec cette même image qui leur colle à la peau. Pourtant, des initiatives existent afin de favoriser leur développement économique, grâce notamment à l'investissement public. Encore faut-il réfléchir à une utilisation optimale et rationnelle de cet argent.

Farid   Temsamani et Xavier Lemoine

Farid Temsamani et Xavier Lemoine

Farid Temsamani est consultant en intelligence économique et porte-parole de l'association "Banlieue Plus".

Membre du Mouvement pour la France puis de l'UMP, Xavier Lemoine est maire de Montfermeil depuis juin 2002, réélu avec 60,23% des voix au premier tour en mars 2008.Il est également Vice-président du Conseil National des Villes et président de la Communauté d'agglomération Clichy-sous-bois/Montfermeil.

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Atlantico: Lors des Assises de l'entrepreneuriat du 29 avril 2013, François Hollande a annoncé la mise en place, par la BPI et ce "dès cet été", d'un outil entièrement consacré à soutenir financièrement la création d'entreprises dans les quartiers les plus défavorisés. Concrètement, qu'est-ce que cette nouvelle injection d'argent dans les banlieues peut changer ?

Farid Temsamani : Il s’agirait avant tout d’assurer la pérennité et le développement des entreprises dans les quartiers en difficulté, à condition bien-sûr que cet outil voit effectivement le jour. Je tiens tout d’abord à rappeler que deux fois plus d’entreprises sont créées dans les banlieues que dans les autres zones du territoire national. La difficulté relative à développer, et surtout pérenniser l’activité entrepreneuriale dans les banlieues, tient au fait que les entrepreneurs dans les banlieues sont sujets à des difficultés relatives au financement de nouveaux projets nécessitant donc des fonds importants.Ces difficultés sont dues au schéma classique du financement par les banques qui s’avère parfois défaillant dans les banlieues. Ce système de financement présente déjà des difficultés à l’échelle du territoire national en période de crise, mais qui sont encore plus grandes pour les banlieues. Rendre pérenne tous ces projets d’entreprises dans les banlieues est nécessaire afin de continuer à donner envie, à cet important tissu d’entreprises dans les banlieues, de se développer, et pourquoi pas même à l’exportation ! On en est encore loin. Cela est bien évidemment dû à plusieurs facteurs, et notamment au fait qu’à l’échelle du pays, l’entrepreneuriat n’est pas des plus développés. On a encore eu l’occasion de faire ce constat à l’occasion du récent débat autour du statut d’auto-entrepreneur. J’ajouterais que nous souhaiterions également que le gouvernement actuel soit capable d’apporter les réponses nécessaires aux banlieues, comme il peut le faire, par exemple, pour les équipementiers automobiles et d’autres secteurs.

Xavier Lemoine : En premier lieu, il convient d’insister sur le fait qu’il ne faut pas confondre lieu d’habitation et économie. Affirmer que l’investissement dans les banlieues est une nécessité au regard des talents économiques qui s’y trouvent équivaut à dire la même chose pour les zones pavillonnaires par exemple. Cette façon de penser commence à devenir agaçante.

Depuis de nombreuses années maintenant, plusieurs milliards sont investis par l'Etat dans les banlieues, par le biais notamment de la politique de la ville. En juillet dernier, la Cour des Comptes avait publié un rapport qui révélait le chiffre de 42 milliards d'euros de dépenses publiques destinées aux banlieues - urbanisme, rénovation du cadre de vie, développement économique - au cours de la dernière décennie, accusant "l'échec" de ces politiques aux résultats discutables. Ce nouvel outil de la BPI ne serait-il pas un nouveau puits sans fond ?

Farid Temsamani : J’aurais adoré qu’une telle chose ait effectivement eu lieu. Malheureusement, cette somme n’a jamais été injectée ni dans l’économie, ni dans les banlieues. Ce chiffre donné par la Cour des comptes constitue en réalité celui annoncé par Jean-Louis Borloo en 2003 et destiné à la rénovation urbaine en priorité, à l’exemple du réaménagement des lieux de vie des quartiers en difficultés. Je regrette qu’une partie plus conséquente de cette enveloppe globale n’ait pas été destinée au développement économique dans les banlieues. J’ajouterais que 42 milliards sur 10 ans, alors que les difficultés perdurent depuis les années 1960, est une somme relativement faible au regard de la situation. Le but n’est pas tant d’injecter des sommes astronomiques dans les banlieues que d’exprimer une réelle volonté politique au sujet du développement économique des banlieues, reconnaissant ainsi le fort potentiel qui s’y trouve. Nous voulons, nous aussi, bénéficier des aides que propose la BPI. Malheureusement, hormis l’outil de la BPI mentionné par Hollande et dont on attend toujours la mise en place, la volonté des pouvoirs publics d’œuvrer en faveur du développement économique dans les banlieues est loin d’être évidente. A l’inverse, Ségolène Royal et les autres membres de la BPI sont très actifs sur d’autres thématiques que les banlieues. Par ailleurs, hormis ces fonds de nature sectorielle, il existe également des fonds de nature territoriale, comme celui que nous demandons, à l’instar du Fonds Européen de Développement Régional. Il n’est donc pas inenvisageable d’avoir des « fonds stratégique pour les banlieues ». J’insiste sur ce que nous demandons : des capacités de financement pour les entreprises déjà existantes et qui ont matière à se développer et à enrichir davantage le tissu économique français.

Xavier Lemoine : Je n’ose même pas imaginer ce que serait aujourd’hui nos quartiers, ni même le climat social de la France, si la politique de la ville n’avait pas existé. Celle-ci a tout de même permis de mettre en œuvre d’importants chantiers de rénovation urbaine qui ont beaucoup apporté. Bien qu’elle n’ait pas tout fait, elle a rendu possible la réalisation de politiques d’accompagnement social de longue durée. J’ai pu personnellement constater les effets de cette politique grâce à mes vingt-cinq années passées sur le terrain en Seine-Saint-Denis. La vraie question qu’il faut se poser concerne la comparaison relative entre les effets et les sommes investies. Il est vrai que, depuis sa création, la politique de la ville souffre d’une grave insuffisance. On s’acharne à s’attaquer en priorité aux conséquences des problèmes que nous connaissons actuellement. Pendant ce temps, nous nous privons de raisonner en termes de causes.

Pour moi, l’enjeu dans les quartiers n’est ni social, ni économique, ni urbain, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dysfonctionnements socio-économiques et urbains. Pallier aux dysfonctionnements est tout à fait normal mais cela doit être réalisé en même temps que l’on s’interroge sur les causes. Dans nos quartiers, l’enjeu est avant tout culturel. Depuis des années, je plaide pour que nous révisions l’ensemble de nos politiques publiques à l’aune de cet enjeu culturel. Les actions locales mises en œuvre en Seine-Saint-Denis visent en priorité, non pas le savoir-faire, mais le savoir-être. Le problème originel est que nous n’avons pas donné à nos jeunes les codes de compréhension et les attitudes nécessaires pour pouvoir intégrer la vie économique de notre pays selon ses principes de fonctionnement, quand bien même ils seraient dotés d’un diplôme attestant d’un savoir-faire.

Je poursuivrais, dans mes exemples, en ajoutant que nous consacrons des sommes très importantes au soutien scolaire et la lutte contre le décrochage. Cependant, nous nous apercevons, dans un très grand nombre de cas, que l’échec scolaire s’explique pour une bonne partie par l’incapacité dans laquelle sont les familles de pouvoir rentrer en contact avec les institutions scolaires à cause de la non-maîtrise de la langue. Toute amélioration des résultats de l’enfant ne prendra effet que lorsque l’on se rendra compte que la priorité consiste à faire en sorte que leurs familles sachent lire un emploi du temps, un carnet de correspondance, un carnet de notes et téléphoner aux enseignants ou au directeur de l’établissement de leurs enfants. Le but est que les parents puissent avoir leur mot à dire dans le travail de leurs enfants. Telle est l’orientation que doivent prendre les mesures visant à lutter contre l’échec scolaire des enfants. Les orthophonistes que je peux recevoir m’avouent que la plupart des cas d’enfants en échec scolaire que je leur ai confié en tant que maire ne présentent pas de difficultés réelles. Le problème réside dans le fait qu’ils n’entendent jamais parler français en dehors du moment qu’ils passent à l’école. La question de l’environnement culturel est donc tout à fait légitime dans ces conditions. Je tiens par ailleurs à ajouter qu’il commence à y en avoir ras-le-bol d’entendre tous ces discours misérabilistes au sujet des banlieues, qui veulent absolument convaincre les gens de nos quartiers qu’ils sont les malaimés du système.Or, ce que nous faisons pour les banlieues, nous ne l’avons jamais fait pour aucune autre population et zone géographique de toute notre histoire ! Ce type de discours vient saboter tous les efforts que nous consacrons afin que ces populations cessent de penser qu’elles sont mises au ban de la société ! C’est à cause de ce genre de propos que les populations des quartiers, qui se sentent alors victimes, finissent par se dire qu’elles ne sont pas responsables de leur situation, ce qui les amène à attendre réparation de la part de la société pour cette injustice. Il n’y a pas plus mortifère que ces paroles pour démobiliser les foules !

Je tiens également à rappeler qu’il existe tout un réseau d’aides dans nos quartiers destinés à ceux qui ont la fibre entrepreneuriale. Qu’on soit donc en banlieue ou en zone pavillonnaire, ce qui compte n’est pas le lieu d’habitation mais la crédibilité du projet et son adéquation avec les critères de notre économie. Il faut se rapprocher des lieux de développement économique, et non pas demander à ce que tous les services publics soient aux pieds des immeubles de nos quartiers en demandant à tous les habitants s’ils ont un projet de création d’entreprise à financer. Il y a des règles et celles-ci sont les mêmes pour tout le monde !

Pourquoi continuer à faire appel à l’aide de l’Etat si celle-ci ne cesse de vous décevoir ?

Farid Temsamani : Parce qu’il s’agit de l’argent de chacun, et que les habitants des banlieues paient aussi des impôts. Il est donc inconcevable que l’Etat, lorsque celui-ci se permet de financer la filière des équipementiers automobiles ou bien un fonds de consolidation de développement de plus de 100 millions d’euros pour les entreprises grâce à des filiales de la BPI, n’accompagne pas économiquement une partie du territoire – même si une partie de ces fonds bénéficie indirectement aux habitants des banlieues. Ces dernières représentent des millions d’habitants qui participent à l’effort fiscal du pays. Néanmoins, je n’écarte pas le fait que les habitants de ces quartiers sont déçus par les politiques publiques menées à leur égard, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux dans les banlieues. J’espère qu’un jour, les politiques feront de la banlieue une véritable priorité. Bien qu’il soit délicat d’évoquer cela en période de crise, les besoins dans les quartiers sont malheureusement plus importants parfois que dans d’autres. A titre d’exemple, le taux de chômage dans les banlieues est deux, voire trois fois supérieur, au taux de chômage national. Il est scandaleux qu’avec des taux pareils, les politiques mises en place ne soient pas à la hauteur. Ces chiffres sont imputés à plusieurs paramètres, notamment le déficit important de la formation professionnelle, un problème d’employabilité dans les quartiers…Plus tôt les pouvoirs publics s’attaqueront à ces paramètres, plus il sera facile de réguler la situation dans le futur. Il en va de la cohésion nationale.

A combien peut-on estimer le nombre d'entrepreneurs et d'auto-entrepreneurs en banlieue ? Combien de projets de création d'entreprises sont économiquement et financièrement viables ? 

Farid Temsamani : Le système de l’auto-entrepreneuriat a très bien fonctionné dans les banlieues en raison de sa simplicité et de l’aménagement des procédures administratives. J’insiste sur un chiffre dont je suis sûr : c’est que deux fois plus de projets de création d’entreprises sont lancés dans les banlieues que dans le reste du territoire national. Il est bien entendu évident que tous ces projets ne sont pas viables. Néanmoins, sur l’ensemble de ceux qui sont déjà mis en place, la très grosse majorité est parfaitement solide. Au niveau des projets de création d’entreprises, selon toute logique de sélection,  seule la moitié iront jusqu’au bout de leur développement. Au moment de l’annonce du fonds franco-qatari, un véritable appel d’air a été provoqué : l’Aneld avait alors reçu plus de 400 projets de création d’entreprises en très peu de temps. Même si seulement 10% de cet ensemble de projets parviennent à être développés, l’avancée est déjà très grande. Ces 10% généreront autant de créations d’emplois et participeront au rayonnement de entrepreneuriat français à l’étranger. Bien qu’il soit évident que des critères de sélection vis-à-vis de ces projets doivent être établis, nous ne parvenons même pas aujourd’hui à atteindre ce taux de 10% !

Xavier Lemoine : Il y a effectivement de nombreuses créations d’entreprises dans les banlieues grâce à l’ensemble des aides déjà existantes. Ces créations concernent notamment les domaines du service à la personne, de la vente, tandis que le nombre d’artisans travaillant pour leur propre compte ne cesse d’augmenter. Parmi tous ces projets, il y a quelques très belles réussites à plus grande échelle, notamment dans la communauté turque et le secteur de la construction. Plus largement, l’engouement pour la création de sa propre entreprise dans les banlieues est indéniable.  

Certains fonds business angels sont particulièrement actifs dans les banlieues. Quels intérêts voient-ils à réaliser ces investissements ?

Farid Temsamani : Il existe principalement deux gros fonds d’investissements privés destinés aux banlieues, BAC (Business Angel des Cités) créé par Aziz Senni, et PlaNet Finance de Jacques Attali. Leur objectif est, bien évidemment je suppose, de trouver la start-up issue des banlieues qui générera un véritable effet de levier. Néanmoins, toute une partie de ce levier, et qui pourrait notamment servir à pérenniser les projets de création d’entreprises dans les banlieues, n’est pas utilisée. De toute façon, le développement économique, d’une manière générale, pose un vrai problème dans la culture française. Alors de là à le mettre en œuvre dans les banlieues… C’est la raison pour laquelle les initiatives telles que BAC, dont la philosophie initiale est destinée aux entrepreneurs des banlieues, doivent être encouragées et complétées.

Xavier Lemoine : Il faudrait tout d’abord être sûr qu’ils soient bien dotés de fonds exclusivement privés et qu’il n’y ait pas derrière des subventions diverses et variées. Inculquer la culture entrepreneuriale par le biais de ces structures est cependant loin d’être inutile.

La BPI a été devancée, il y a un an-et-demi, par l'Aneld (Association nationale des élus locaux de la diversité) qui a sollicité l'ancien émir du Qatar Cheikh Hamad al-Thani, en vue de la création d'un fonds franco-qatari destiné à soutenir les entrepreneurs des cités. Or, nous n'entendons plus vraiment parler de ce fonds commun. Qu'en est-il ?

Xavier Lemoine : Au-delà même des successions politiques que nous avons connu, il me semble que la République française a voulu réguler, en vertu de ses prérogatives régaliennes, cette coopération qui avait été annoncée entre la France et le Qatar. Le récent voyage de François Hollande au Qatar met en évidence qu’une initiative faisant l’économie de passer par les canaux habituels de la relation d’Etat à État pose un certain nombre de questions de principe tout à fait légitimes. Néanmoins, je suis sûr que nous retrouverons cet argent annoncé, qui parviendra par ces canaux moins directs.

Farid Temsamani : Ce projet a définitivement été enterré par le président François Hollande. Initialement destiné aux banlieues, le fonds franco-qatari a été sur-médiatisé de façon négative, générant une polémique sur les raisons qui font qu’un État autre que la France intervienne financièrement auprès de territoires français. Les Qataris étaient favorables à cette aide sollicitée par l’Aneld et annoncée d’ailleurs en pleine période électorale. Après que la gauche remportait la présidentielle de 2012, ce fonds a été intégré par le gouvernement à la Caisse des dépôts, mis à la disposition des PME. Ceci constitue pour moi une véritable escroquerie qui dénature complètement la nature de l’association entre la France et le Qatar. Arnaud Montebourg avait même pensé à destiner ce fonds aux entreprises en grandes difficultés. Encore une fois, le message adressé aux banlieues est le même : l’entreprise et le développement économique ne sont pas pour vous ! La Qatar a pris acte du changement politique survenu en France au cours de la dernière présidentielle, Nicolas Sarkozy étant initialement favorable à ce fonds commun destiné aux banlieues. Par ailleurs, les banlieues françaises n’étant naturellement pas la priorité de l’émirat, ce dernier a renégocié ses conventions fiscales avec la France, abandonnant donc l’idée de ce fonds propre aux banlieues sans trop discuter.

En 1997 était décidée la création des ZFU (Zones Franches Urbaines) supposées améliorer le développement économique des banlieues. L'année dernière, le ministre délégué à la Ville, François Lamy, considérait cette initiative comme un "échec" avec seulement 300 000 emplois créés. Comment expliquer ce bilan mitigé des ZFU ?

Farid Temsamani : Je ne parlerais pas d’"échec" mais plutôt de difficultés au regard du coût de la mesure pour les contribuables et du nombre d’emplois effectivement créés. Néanmoins, les ZFU ont tout de même permis de créer 300 000 emplois, ce qui n’est pas rien et toujours mieux que 300 000 chômeurs ! La volonté initiale, créer une zone dans laquelle l’entreprise serait dispensée de plusieurs mesures d’imposition, était tout à fait louable. Malheureusement, les entreprises installées dans ces ZFU n’employaient pas nécessairement des personnes issues des banlieues avoisinantes, et ce pour plusieurs raisons : soit parce que le secteur d’activités considéré n’en avait pas besoin, soit parce qu’il n’avait pas face à eux de travailleurs qualifiés à proximité. Le gouvernement actuel a donc tenté de corriger ce système en mettant en place les emplois francs, qui doivent servir à employer des gens issus véritablement de ces zones en difficulté. Or, quand on regarde le nombre d’emplois francs potentiels que pourrait générer cette nouvelle disposition – 2 000 en 2013 sur l’ensemble du territoire national - on a vraiment le sentiment que l’on se moque de nous !Il faut arrêter avec toutes ces expérimentations, et commencer à vraiment prendre à bras le corps le problème du développement économique dans les banlieues.

Xavier Lemoine : Je tiens tout d’abord à préciser que le développement économique et l’emploi ne font pas nécessairement partie de la même réalité. Plutôt que de créer purement et simplement des emplois, les ZFU visaient à permettre à des territoires, qui cumulaient un certain nombre de handicaps par rapport à ce développement économique, de pouvoir attirer à eux des entreprises. Selon que les équipes municipales se soient saisies ou non de cette disposition, on a pu voir, dans le cas par exemple de Clichy-sous-Bois Montfermeil, un certain nombre de handicaps par rapport à ce développement économique qui ont pu être effectivement dépassés sur notre territoire. Nous demeurons néanmoins 40ème sur 40 en ce qui concerne la taxe professionnelle par habitant, ce qui fait de nous un territoire encore très pauvre. Néanmoins, ce dispositif nous a permis de doubler notre activité économique sur la ville et de pouvoir bénéficier d’importants projets d’aménagement du territoire urbain. Les ZFU relèvent davantage de l’aménagement du territoire que de la création nette d’emplois.

Le problème des banlieues est-il vraiment un problème financier ?

Farid Temsamani : Bien entendu, le problème des banlieues n’est pas seulement financier, mais davantage un véritable enjeu politique. Les problèmes économiques ne sont pas les seules difficultés auxquelles doivent faire face les banlieues, comme nous l’avons évoqué précédemment avec les politiques de rénovation urbaine. Par ailleurs, les dépenses qui ont déjà été réalisées au profit des banlieues n’ont pas pris en compte l’aspect humain et les réels besoins des populations des banlieues. Le gouvernement actuel ne se donne pas encore les moyens pour parvenir à des solutions efficaces et pérennes pour les banlieues : il n’y qu’à entendre les derniers propos de Monsieur Lamy, ou bien lire les dernières propositions énoncées pour les banlieues. Aucun signe d’élément financier crédible, notamment en ce qui concerne la politique de la ville. J’appelle d’ailleurs à la suppression de cette dernière. Si l’on ne souhaite entreprendre aucun véritable effort, il faut être honnête avec les gens. Si cela n’est pas une priorité, la suppression est la seule réponse à apporter.

Xavier Lemoine : Comme je l’ai déjà affirmé, ce n’est plus en termes de moyens qu’il convient de raisonner au sujet des banlieues mais au niveau des causes des dysfonctionnements que nous constatons. Au lieu de cela, nous nous sommes épuisés avec des politiques couteuses à l’efficience discutable. Tout le problème réside dans le fait que les questions relatives à ces causes soulèvent des problématiques bien plus politiques et polémiques que la société française a soigneusement occulté depuis plus de trente ans.

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