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Mais qui donc fait vraiment le jeu du Front national ?
©Reuters

Château de cartes

Ils sont foule à avoir des réponses. Pas sûr que ce soient les bonnes.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il y a un jeu qui fait fureur en France. Il se joue en solo, sans adversaire : avec donc la certitude de gagner à tous les coups. Toutes les cartes qu’ont abat sont des cartes maîtresses. La plupart d’entre elles sont vieilles de plusieurs années. Elles sont écornées, chiffonnées, usées, fripées. Mais qu’importe : manifestement, elles n’ont pas atteint leur date de péremption.

Ce jeu a un nom : "qui fait le jeu du Front national ?". On se presse pour y jouer, car, croit-on, ça peut rapporter gros. La dernière en date à entrer dans la partie, c’est Aurélie Filippetti. Ancienne ministre de la Culture et porte-parole de Benoît Hamon, elle a accusé Manuel Valls de "faire le jeu du Front national" en refusant de soutenir son candidat désigné par la primaire de la gauche. On attend maintenant avec impatience que Valls reproche à Hamon de "faire le jeu du Front national" en pointant ses propositions sur le voile islamique.

"Faire le jeu du Front national" était jusqu’à maintenant un privilège réservé à la droite. Dorénavant, il va pouvoir être également l’apanage – le cas de Valls représentant une absolue nouveauté – de certains positionnés à gauche. Mais de certains seulement. Car on n’a pas entendu Aurélie Filippetti reprocher à Jean-Luc Mélenchon de "faire le jeu du Front national" avec son refus de s’allier à Benoît Hamon.

L’honnêteté oblige à dire que l’accusation vaut surtout pour la droite. Oui, il se dit et il se répète que Fillon "fait le jeu du Front national". Avant lui, Nicolas Sarkozy était considéré comme un champion en la matière. Sans parvenir néanmoins à la maestria de Jacques Chirac qui parvint à hisser Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002.

Nous allons être mauvaise langue. Et jouer également à ce jeu mais en s’affranchissant des règles et du discours qu’on nous impose depuis des années. Quand François Hollande s’invite au chevet d’un Théo et rend visite aux "jeunes" d’Aubervilliers, de qui fait-il le jeu ? Quand des députés socialistes déposent un projet de loi revendiquant le droit de vote pour les étrangers, tout en sachant que c’est impraticable, de qui font-ils le jeu ?

Quand on bassine la France avec des "cellules de déradicalisation", alors que des cellules tout court feraient mieux l’affaire, de qui fait-on le jeu ? Quand François Hollande, toujours lui, dénonce à répétition le souverainisme, l’extrémisme et le populisme, des notions qui n’ont rien à voir entre elles, de qui fait-il le jeu ?

Quand des milliers de "jeunes" partent pour la Syrie et l’Irak, quand d’autres "jeunes" assassinent chez nous en criant "Allah ouakbar !", de qui font-ils le jeu ? Quand on caillasse impunément les pompiers, les chauffeurs de bus et les urgentistes, de qui fait-on le jeu ? Quand on attaque un établissement scolaire de Saint-Denis avec des cocktails Molotov et qu’un ministre imbécile accuse Marine Le Pen "d’exploiter l’évènement", de qui fait-on le jeu ? Il me faut espérer, car moi je ne joue pas à ce jeu-là, que mon article ne sera pas qualifié comme faisant le "jeu du Front national"…

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