Mais pourquoi donc les Grecs recourent-ils massivement à la chirurgie esthétique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La Grèce est le deuxième pays dans le monde où l'on recourt le plus aux opérations de chirurgie esthétique.
La Grèce est le deuxième pays dans le monde où l'on recourt le plus aux opérations de chirurgie esthétique.
©Reuters

Remodelage

La Grèce est le deuxième pays dans le monde (après la Corée du Sud) où l'on recourt le plus aux opérations de chirurgie esthétique, proportionnellement au nombre d'habitants.

Aris  Sterodimas

Aris Sterodimas

Aris Sterodimas est le chef du département chirurgie plastique du IASO General Hospital d'Athènes, et un spécialiste mondialement reconnu dans la recherche sur les cellules souches pour la chirurgie esthétique et reconstructrice.

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Atlantico : La Grèce était encore récemment le deuxième pays au monde où sont pratiquées le plus d'interventions de chirurgies esthétiques. Comment expliquer ce chiffre étonnant ? Les Grecs sont-ils obsédés par leur apparence physique ? 

Aris Sterodimas : Les philosophes grecques Socrate et Platon, cherchant à souligner les caractéristiques de la beauté grecque, ont mis l'accent sur la simplicité et la symétrie. Plusieurs études scientifiques ont clairement démontré que la volonté d'améliorer son physique pour coller à ces caractéristiques, et donc d'augmenter sa confiance en soi, sont les principales raisons du recours à la chirurgie esthétique. C'est une tendance forte depuis maintenant vingt ans en Grèce. Je ne dirais pas que les Grecs sont obsédés par leur apparence physique, mais disons qu'il seraient prêts à subir toute une procédure qui pourrait améliorer leur confiance et leur bonheur.  

De nombreux patients cependant commencent à réévaluer leurs besoins réels en chirurgie esthétique en cette période de récession. Et pour ceux qui veulent quand même subir une chirurgie, ils classent leurs priorités pour déterminer quelle opération aura le plus d'impact sur leur vie. On constate pour cette raison une hausse significative des actes les moins invasifs, comme l'injection de Botox, et une moindre attirance pour les procédure les plus coûteuses.

Est-ce une tendance récente ou bien les Grecs ont ils toujours été attirés par le bistouri pour améliorer leur apparence ? 

Il y avait une forte tendance avant la crise de s'offrir une chirurgie esthétique avec une carte de crédit, ou en souscrivant un emprunt, ce qui a aidé de nombreux patients, y compris des classes populaires, d'accéder à leur rêve de s'offrir une opération. Donc, il y a clairement eu une explosion du nombre de demandes surtout dans la dernière décennie. Cela a radicalement changé récemment, avec la baisse de l'offre de crédits. Les chirurgiens qui visaient une clientèle de classes moyennes et populaires ont été durement touché par cette situation, au fur et à mesure que leurs clients on du se mettre à économiser pour faire face à cette période difficile. Cependant, ceux des chirurgiens qui visaient plutôt une clientèle haut de gamme arrivent à maintenir leur activité.

Quelles sont les opérations les plus pratiquées ? Qu'est ce que cela nous apprend sur l'état d'esprit des Grecs ou leur image de l'homme/femme idéal ?

Selon les statistiques de l'ISAPS (International Society of Aesthetic Plastic Surgery, ndlr), les trois principales opérations demandées en Grèce sont dans l'ordre : la liposuccion, l'augmentation mammaire, et la blépharoplastie (opération visant à corriger les paupières tombantes, ndlr). Ces trois interventions prennent généralement assez peu de temps, et les patients peuvent retourner normalement à leur vie de tous les jours un à trois jours après l'intervention. La clientèle est composée de 75% de femmes, et 25% d'hommes. Cette clientèle masculine est d'ailleurs de plus en plus importante, les hommes n'hésitant plus maintenant à confier leur apparence physique entre les mains d'un chirurgien.

La crise économique qui frappe la Grèce a-t-elle eu un impact positif ou négatif ? Comment expliquer l'influence éventuelle de la crise ?

Dans les statistiques de l'ISAPS, la Grèce était effectivement classé 2e pour le recours à la chirurgie esthétique en 2011. En 2012, le pays n'était plus qu'à la 18e place. Forcément, lorsque l'on a beaucoup d'argent sur son compte en banque, on franchit plus aisément le pas. Mais, ironiquement, une situation économique médiocre peut aussi être un levier pour se lancer dans une opération de chirurgie esthétique. D'ailleurs, Warren Buffet, l'un des Américains les plus riche de la planète, aime à dire qu'en temps de crise, le meilleur investissement que l'on peut faire, c'est soi-même.

J'ai personnellement remarqué cependant que les patients sont de plus en plus à la recherche d'un arrangement financier pour se faire opérer. Quand l'économie va bien, les patients aiment naturellement les bonnes affaires, mais quand les choses vont mal, c'est avec désespoir qu'ils en cherchent à tout prix. Résultat : les coût des opérations ont eu tendance à baisser en Grèce, et les cliniques doivent de plus en plus proposer des "offres spéciales." Si la morosité économique perdure, il est certain que le nombre d'actes chirurgicaux sera sérieusement à revoir par rapport à ce qu'il était avant la crise.

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