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Maire gifleur condamné : faut-il interdire les gifles et les fessées ?
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Tu la vois celle là ?

Si beaucoup de Français revendiquent la "claque pédagogique", l'utilisation abusive de châtiments corporels sur les enfants et les adolescents est intolérable. Maurice Boisart, le maire gifleur condamné, revient sur les enjeux du débat. Extrait de "Tout ça pour une gifle" (2/2).

Maurice Boisart

Maurice Boisart

Maurice Boisart est maire de la ville de Cousolre. Il a été condamné par la justice pour avoir donné une gifle à un adolescent en 2010 qui l'avait insulté et menacé.

Il est l'auteur du livre "Tout ça pour une gifle" aux éditions Jacob-Duvernet.

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Les Français se situent massivement dans le camp des partisans de la gifle. Aujourd’hui, dans notre pays, 80 % des parents revendiquent – sans manifester d’états d’âme – d’avoir pratiqué la fessée et 60 % estiment que cela a été une bonne chose. Évidemment, la quasi-totalité des personnes qui m’ont écrit sont de cet avis, tel Michel, de la Manche : « Sachez que nous sommes en France quelques dizaines de milliers de “donneurs de claques”, réponse humaine à l’irrationnel agressif ». Beaucoup reprennent à leur compte une formule souvent utilisée : « une gifle n’a jamais tué personne ». Ou, plus exactement, « une gifle n’a jamais fait de mal à personne, si ce n’est à l’amour-propre », ou « si ce n’est aux incivilités ».

Le raisonnement de ces parents est simple et n’a rien à voir avec la maltraitance : une gifle donnée par réflexe éducatif ne peut être que bénéfique pour un adolescent impoli et irrespectueux. Certains le disent crûment, « de nos jours si les gamins prenaient un peu plus souvent une gifle, ils marcheraient peut-être un peu plus droit ». « Savoir remettre un enfant, un jeune à sa place est un devoir, et si une gifle tombe, c’est qu’elle était méritée ! » Michel, officier en retraite, n’y va pas par quatre chemins : « Un coup de pied au cul, quand cela est nécessaire, vaut mieux, parfois, que de longs discours moralisateurs dont une certaine jeunesse actuelle n’a que faire dans un contexte familial démissionnaire… »

Une maman de quatre enfants et grand-mère de neuf petits-enfants avoue avec franchise : « Je n’ai jamais culpabilisé quand j’ai dû utiliser la correction après avoir tenté d’expliquer, d’interroger ou de dialoguer. »

L’opinion d’ensemble qui ressort des lettres est que, si donner une gifle ne se justifie pas, se faire insulter, qui plus est par un jeune ayant déjà eu affaire à la justice, est intolérable. Beaucoup de Français revendiquent la « claque pédagogique » quand l’insolence et la grossièreté remplacent la parole et le dialogue. C'est-à-dire qu’il est des situations où un adulte doit savoir montrer les limites à un enfant ou un adolescent par trop agressif ou irresponsable. Et le châtiment d’une bêtise, d’une broutille, est d’autant plus accepté et compris qu’il intervient immédiatement après l’acte qui le justifie : faute et punition sont associées, l’affaire est réglée. Une gifle, c’est la manière paternelle par laquelle on fait comprendre à des adolescents qui se croient tout permis, où se situe le droit chemin. J’ai lu plusieurs lettres d’enseignants qui, tout en se disant opposés aux châtiments corporels, ne voient « rien de mal » dans une fessée ou une gifle administrée « à un enfant ou un adolescent qui s’estime intouchable, qui ne veut volontairement pas comprendre ce qu’on lui dit ou ce qu’on lui demande et qui devient de plus agressif ou insultant », comme me l’écrit un professeur honoraire du Nord.

L’utilisation trop fréquente des corrections physiques est inacceptable, c’est un fait évident, mais enseigne-t-on suffisamment à nos enfants le respect des valeurs, le bien-fondé de l’obéissance et l’importance des mots ? Il ne s’agit pas de prôner la violence comme outil éducatif, mais de considérer qu’une fessée constitue un ultime moyen de resituer chaque individu, l’enfant et l’adulte, dans son statut : le père qui donne une fessée à son fils pour une bêtise ou une insulte le replace dans sa position. La gifle est une barrière symbolique, sans aucun rapport avec les violences physiques plus basiques et plus brutales que sont les coups de poing ou coups de trique. Ainsi une gifle n’a-t elle rien à voir avec la maltraitance : elle a toujours fait partie de la panoplie des sanctions lorsque le comportement d’un enfant est inadmissible, elle permet de fixer « concrètement » les limites à ne pas franchir. Dès lors, quand fera-t-on la distinction entre une correction, méritée dans de nombreux cas, et les sévices réellement subis par des bébés, des jeunes et même des adultes, entraînant parfois leur mort ?

Plusieurs personnes se sont étonnées, voire indignées, de l’intervention d’associations contre la maltraitance des enfants lors de mon procès : « On confond tout, violence et rappel aux devoirs. » Les cas de maltraitance à enfants sont sournois, pervers, ils n’ont rien à voir avec une gifle donnée au grand jour. Il y a violence et violence ; une claque n’en est pas une. « On dit parfois qu’une paire de claques remet dans le droit chemin, certainement que dans votre affaire il manquait une deuxième gifle pour rentrer dans le rang », constate Francis, du Pas-de- Calais.

D’où une opposition massive à toute mesure d’interdiction de la fessée, qui reviendrait à infantiliser les adultes.

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Extrait de "Tout ça pour une gifle" aux éditions Jacob-Duvernet (25 octobre 2012).

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