Parlez-vous le Draghi ? La raison pour laquelle la BCE refuse d'abaisser ses taux directeurs<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Paul Betbèze : "La Banque centrale européenne n’a pas baissé ses taux de 25 centimes cette fois, ce sera pour la prochaine."
Jean-Paul Betbèze : "La Banque centrale européenne n’a pas baissé ses taux de 25 centimes cette fois, ce sera pour la prochaine."
©Reuters

Jouer la montre

Le Président de la BCE a annoncé ce mercredi ne pas vouloir baisser les taux directeurs estimant que tous les problèmes de la zone euro n'étaient pas à imputer à la politique monétaire.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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La Banque centrale européenne n’a pas baissé ses taux de 25 centimes cette fois, ce sera pour la prochaine. Elle a peut-être déçu, son Président l’a dit, mais cette remarque en dit long… car elle indique que la BCE sait bien ce que voulaient certains acteurs du marché, mais pas la majorité. La pression n’était donc pas extrême, car les acteurs savent ce qui est en jeu, et ils connaissent les calendriers. Le Président de la BCE comprend parfaitement ce que les marchés lui disent. Ils savent donc qu’en cas de baisse, la BCE  n’aura plus qu’une seule cartouche, car on n’imagine pas des taux inférieurs à 0,5% si la BCE entend avoir un semblant de politique monétaire. Sauf bien sûr si les choses tournent vraiment plus mal. Donc : « vous allez être déçu », veut dire : « je vous ai compris, nous sommes sur la même longueur d’onde. C’est pour plus tard, mais ceci viendra. Mais ce n’est pas tout ».

Car Mario Draghi a précisé que certains membres de la BCE avaient souhaité une baisse des taux, mais ils étaient minoritaires. La cause est entendue aujourd’hui, mais comprenez que leur nombre ne pourra que croître.

Surtout, la BCE a allongé ses financements à taux fixe et à montants illimités. Les prêts à une semaine et à trois mois à taux fixes et en quantité illimitée sont prolongés jusqu’au 15 janvier 2013 et les prêts à trois mois qui devaient s’arrêter fin juin sont prolongés jusqu’à la fin de cette année. Le tout a même toute chance d’être prolongé encore, si nécessaire, mais sans liquidités nouvelles. Ceci veut dire « la liquidité bancaire sera assurée dans le temps et les banques ne seront pas sous pression ». C’est la meilleure garantie contre l’inquiétude. Ensuite, pour les banques qui ont des avoirs en obligations publiques, notamment espagnoles et italiennes, le message est
clair : « il n’y a pas à s’inquiéter ». Le marché devrait comprendre. On allonge, on gagne du temps. Mais on n’ajoute pas plus de liquidités.

En effet, les deux LTRO (nouvelles opérations de refinancement à long terme) précédents avaient montré leur importance en calmant les taux longs de l’Italie et de l’Espagne, mais aussi leurs limites. Les banques italiennes ayant acheté du papier italien, les banques espagnoles du papier espagnol, se sont en effet chargées davantage en risque domestique. Un nouveau LTRO serait donc difficile à concevoir, puisque dans les conditions actuelles, il renforcerait la suspicion conjointe sur les banques et les Etats du Sud, faisant que les investisseurs pourraient quitter… les deux. « Deux LTRO, c’est assez pour le moment. » Il faut donc assurer la liquidité et attendre.

Attendre ce qui va se passer en Grèce, et être prêt à aider par des baisses de taux, aider plus encore si la situation s’avère plus compliquée, voilà ce qui est à l’agenda. Envoyer des messages sur un renforcement des banques au niveau européen, union bancaire, voilà pour le plus long terme. Enfin, les outils exceptionnels d’achat de titre publics sur le second marché existent toujours. Ils ne sont pas utilisés, ils ne demandent qu’à l’être. M Draghi nous dit donc qu’il faut épargner la poudre, sous toutes ses formes, et qu’il est prêt à la faire parler, sous toutes ses formes. Aujourd’hui, on ne peut attendre plus de lui, ni mieux.

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