Madonna, parc de Sceaux 1987, Stade de France 2012 : 25 ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ?

Atlantico : Madonna jouera ce samedi au Stade de France, où elle s'était déjà produite à deux reprises en 2008. Qu’attendent les fans du concert de ce soir ?

William Réjault : On attend un retour en forme après une dernière tournée qui avait été désastreuse, pas préparée et plutôt ennuyeuse sur scène, d’autant que l’album était plutôt mitigé. Vu que le dernier album en date est catastrophique, on espère que la scène lui donnera un coup de boost.

Ce coup de boost passera-t-il par de nouvelles provocations sur scène ?

Des nouvelles provocations, je ne pense pas : elle a déjà tout fait à ce niveau-là. Je pense que le concert passera plutôt par des remixes de ses morceaux, comme elle fait d’habitude. A chaque fois, les versions live de ses titres sont vraiment époustouflantes. Et le show passera bien sûr par les danses, les chorégraphies, les visuels, les écrans…

Je n’ai vu aucune vidéo, j’arriverai donc totalement vierge au concert. J’espère qu’il sera un peu mieux conçu que son dernier passage au Stade de France, qui avait été complètement raté. Elle avait d'ailleurs adapté son spectacle pour Bercy quatre mois plus tard, et ça avait été bien meilleur. Madonna sait quand elle n’est pas bonne sur scène. Ce soir, je pense que ça sera bon.

Par contre, je tiens à préciser quelque chose : je suis fan depuis 25 ans, et je ne comprends toujours pas comment elle peut chanter aussi bien pendant certaines parties de ses concerts, et aussi faux pendant d’autres. C’est un vrai mystère pour moi ! Ce n’est pas une histoire de playback, il y a vraiment des moments où elle chante très mal. Je vais donc guetter ce soir, en espérant qu’il y aura plus de moments où elle chantera très bien.

Madonna ne joue donc pas seulement sur la polémique pour faire parler d’elle ? Je pense notamment à cette photo de Marine Le Pen affichée sur les écrans géants…

Madonna ne joue plus du tout sur la polémique ! Ça fait dix ans que Le Pen est sur scène derrière Madonna. On a l’air de le découvrir maintenant, mais ça fait très longtemps qu’elle affiche des photos des plus grands dictateurs et que Le Pen y est.

Y’a 25 ans, Madonna enflammait la France avec un concert géant au Parc de Sceaux. Un quart de siècle après, qu’est-ce qui a changé chez elle ?

C’est le dernier dinosaure. Il y a 25 ans, le monde était plein de stars internationales qui faisaient des tournées mondiales et vendaient des millions de disques. Madonna est la dernière représente de l’Ancien régime musical. C’est la dernière "plus grande star au monde", ensuite il n’y en aura plus. C’est la dernière qui vend autant de places de concert – et encore, ça ne se vend plus trop – c’est la dernière qui peut vendre autant de disques – et encore, ça ne se vend plus trop…

En 1987, l’industrie musicale était en pleine forme ; aujourd’hui, il ne reste plus grand monde. Surtout chez les femmes : elle n’a pas de rivale féminine. On parle souvent de Lady Gaga, mais elle n’a que trois ans de carrière derrière elle. Madonna est là depuis 1983. Et elle dure.

Comment expliquer qu’elle, et d’autres méga-stars, ont de plus en plus de mal à remplir de grands stades comme le Stade de France ? Le concert de ce samedi n'est pas complet, contrairement à son dernier passage en 2008, où elle avait rempli le stade pour deux soirées.

Je pense qu’il y a deux raisons : la première, c’est la crise. Les gens n’ont plus les moyens d’acheter les tickets de concert. Le mien m’a coûté 149€. Cela fait beaucoup pour aller voir un concert en plein air au Stade de France, qui est un des pires endroits pour écouter de la musique. D’autant que le concert commencera alors qu’il fera jour, donc on ne profitera pas de toutes les lumières de la première partie du spectacle ; et au Stade de France, même en carré or, on est très loin de la scène. Tout cela fait qu’on a pas envie de dépenser de l’argent pour rien.

L’autre raison, c’est que les gens ne veulent plus payer pour de la musique, que ça soit en live ou en CD. Avec la crise du disque, on a multiplié l’offre de concerts ces dernières années, mais les gens ne peuvent plus payer tant de concerts.

 Propos recueillis par Morgan Bourven