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Lutte contre le tabagisme : pourquoi un vrai choc tarifaire instantané serait plus efficace que des hausses successives
©Flickr/Fried Dough

Tout ou rien

Les buralistes protestent contre la hausse du prix du paquet de cigarettes qui doit atteindre 10 euros d'ici 2020.

Gérard Dubois

Gérard Dubois

Gérard Dubois est membre de l’Académie nationale de médecine, où il occupe la fonction de président de la Commission Addictions. Il est le co-auteur du rapport des "Cinq sages" au ministre des Affaires sociales sur la Santé Publique à l'origine de la loi Evin.

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Atlantico : L'efficacité de ce genre de mesure prévue par le gouvernement a-t-elle déjà été prouvée ?

Les augmentations répétées et dissuasives sont non seulement efficaces mais nécessaires à toute politique de réduction du tabagisme. C’est la mesure n°1 pour l’Organisation Mondiale de la Santé. Pour la Banque Mondiale, une augmentation de 10% du prix réellement payé par les fumeurs réduit de 4% les ventes (environ la moitié parce que des fumeurs cessent de fumer, l’autre moitié par diminution de consommation). L’efficacité est plus élevée encore chez les jeunes et les plus précaires dont le pouvoir d’achat est plus faible. La meilleure preuve de son efficacité est la réaction bruyante de l’industrie du tabac relayée par la Confédération des buralistes.

Avec ce type de mesure, les consommateurs se tournent généralement vers les cigarettes de contrebande. Sachant que ces cigarettes sont généralement de très mauvaise qualité, l'argent gagné sur le prix du paquet ne risque-t-il pas d'être perdu en dépenses de santé publique ?

Premièrement la très grande majorité des achats en dehors des buralistes n’est pas de la contrefaçon comme voudraient le laisser croire la Confédération des buralistes et l’industrie du tabac. L’achat transfrontalier pour consommation personnelle est légal et il s’agit de cigarettes provenant de l’industrie. La revente de ces produits est de la contrebande mais c’est encore avec des cigarettes venant de l’industrie. Quant à la grande contrebande, il s’agit encore en majorité de produit industriels et on a pu mettre en évidence que pendant des décennies l’industrie a été complice des grands réseaux internationaux de contrebande (innombrables condamnations, plaider coupables...). La contrefaçon existe mais est anecdotique. Laisser croire que les produits de contrefaçon sont plus dangereux, c’est oublier que les cigarettes légalement en ventes tuent la moitié de leurs fidèles consommateurs et qu’il est difficile de faire pire.

Avec une augmentation de la consommation de cigarettes de contrebande, l'Etat n'est-il pas entrain d'augmenter les risques de cancer des Français finalement ?

La réponse est donc négative. Depuis la loi Evin (1991) les prix ont triplés, les ventes ont été réduites de moitié. Le cancer du poumon est en baisse en France chez l’homme, d’autant plus chez les jeunes adultes. Chez la femme, l’augmentation a été sérieusement ralentie. L’augmentation dissuasive et répétée des taxes sur le tabac est la mesure de santé publique la plus importante qui puisse être prise par un gouvernement conscient de ses responsabilités.

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