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Louis XX : l’étrange buzz autour d’un prétendant au trône de France vêtu d’un gilet jaune
©Jean-Pierre MULLER / AFP

Le Roi des Gilets jaunes

Mais qui est Louis XX, prétendant au trône de France, qui a publié le 8 décembre un communiqué de soutien aux gilets jaunes ?

Les Français se sont découverts un nouveau prétendant au trône, le détonnant Louis-Alphonse de Bourbon, qui a publié un communiqué de soutien inattendu au mouvement des Gilets Jaunes, repris dans toute la presse nationale.

Né en Espagne, il est, par son père écarté du trône, l'aîné des Bourbons d’Espagne, et donc le prétendant légitime au trône de France selon les lois fondamentales du royaume. Deux obstacles majeurs se dressent toutefois face à cette "prétention". D’une part, un traité signé par son ancêtre Louis XIV en 1713 à Utrecht, qui proclame l’impossibilité pour un Bourbon d’Espagne de monter sur le trône français. D'autre part, plusieurs déclarations (contestées) du dernier Bourbon de France, mort sans descendance, le comte de Chambord, désignant comme ses héritiers légitimes les mal-aimés cousins d’Orléans, représentés à ce jour par Henri, comte de Paris, et son fils le prince Jean, héritiers français des rois de France.

Cette prétention lointaine et un brin capillotractée était tombée dans les oubliettes de l’histoire jusqu’à ce qu’elle ressorte dans les années 1980, alors que la lignée des Orléans sombrait dans de sordides querelles de succession. Le jeune Louis-Alphonse, encore adolescent, a tout à l’époque pour séduire la classe médiatique, jusqu’à Thierry Ardisson qui s’empresse alors de se faire son chevalier blanc.

Il faut avouer que Louis-Alphonse de Bourbon, alors et depuis, ne manque pas de charme. Banquier d’affaire, ses traits hispaniques, sa splendide femme et sa jolie petite famille donnent au royalisme français les attraits de l’exotisme, et le romantisme d’une restauration lointaine et hypothétique.

Un seul obstacle se dresse sur la route de ses partisans français, qui se nomment "légitimistes" : leur protégé lui-même. Louis-Alphonse est en effet aussi par sa mère l’arrière-petit-fils du général Francisco Franco, et revendique plus que jamais cet héritage alors que l’actuel gouvernement socialiste s'apprête à déterrer le généralissime de son mausolée. Président d’honneur de la fondation Francisco Franco, celui que l’on connaît bien en Espagne comme Luis-Alfonso, et que la presse surnomme ironiquement "el bisnieto" (l'arrière petit-fils), est au coeur de la bataille, défendant vigoureusement les bienfaits du franquisme. Un récent article de Frederic de Natal (L’Incorrect - décembre 2018) relève par ailleurs sa proximité avec les réseaux traditionalistes espagnols.

Son investissement dans les affaires espagnoles, déjà délicat, est mis en relief par le vide sidéral de son action en France. Plus occupé à prétendre à l’héritage de Franco qu’à celui de Louis XIV, il brille par son absence dans nos contrées où ses interventions se font rares. Ses partisans légitimistes, à coup de visuels un brin mièvres, clament sur Facebook leur amour pour un roi ingrat et invisible. Don Louis-Alphonse est pourtant très actif pour commenter les affaires espagnoles dans sa langue maternelle sur Twitter, mais ses ambitions françaises y semblent totalement occultées, comme si elles pouvaient troubler ses desseins politiques locaux.

Se rêve-t-il en roi de France ?  Pour Daniel de Montplaisir, auteur d’une biographie qu’il lui a consacré aux éditions Mareuil, sa "brève expérience française [il a été lycéen à Paris-ndlr] ne renforce pas en lui l’amour de ce pays, qui lui a pris sa mère, puis à partir de 1987, lui a volé son père, toujours en déplacement pour des motifs qui lui échappaient".  Quant à la politique, il "n’aime pas cela et n’a pas de temps pour ça" affirme-t-il au magazine Vanitatis, préférant se consacrer entièrement à son épouse et ses 3 enfants.

Délaissés par leur champion, les partisans de "Louis XX" seraient bien en peine de mettre leur espoir dans la génération suivante. A la question posée un jour sur l’attachement de ses enfants à leur pays d’origine, par un journaliste d’ABC, c’est la charmante franco-vénézuelienne Maria Margarita d’Anjou, épouse du prince, passionnée d’équitation, qui préfère répondre : "Si je fais exception de Louis [l’aîné-ndlr] un peu trop turbulent et qui me semble avoir un air plus caribéen, les deux autres me paraissent profondément espagnols".

Exit la France, l’avenir se joue plutôt sur le chic parcours de polo de Sotogrande pour cet héritier Bourbon à la fortune considérable et non avec un gilet jaune sur le dos au milieu du peuple en colère. "En Espagne, il est seulement le cousin du roi et c’est bien assez…" avait écrit Daniel de Montplaisir. L’histoire de sa vie.

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