Vent debout
Loi Travail : début d’une séquence révolutionnaire ?
Pour le gouvernement, pour la CFDT, pour les organisations syndicales, le succès de la mobilisation contre la loi El Khomri est une mauvaise nouvelle. Il annonce un débat parlementaire nez au vent, où le maintien des « réformes » risque de se révéler extrêmement compliqué.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
La mobilisation contre la loi Travail a plutôt tenu ses promesses : si elle ne peut se targuer d’avoir rassemblé un grand nombre de salariés du privé, elle a donné lieu à une coalition de fait entre les fonctionnaires et les mouvements de jeunes. Le maintien de la mobilisation par un sit-in place de la République peut annoncer les pires tourments pour François Hollande.
Une mobilisation importante ?
Comme d’habitude, le dénombrement des manifestants a beaucoup varié selon les chiffres officiels et les chiffres des organisateurs. La CGT claironne plus de 1 million de participants, la police en compte moins de 400.000. Si le million n’a probablement pas été atteint, le mouvement a néanmoins donné le sentiment d’une véritable dynamique, et surtout d’une jonction entre les cheminots inquiets de la privatisation du rail, et les jeunes, insatisfaits du marché du travail.
Pour le gouvernement, pour la CFDT, pour les organisations syndicales, ce succès est une mauvaise nouvelle. Il annonce un débat parlementaire nez au vent, où le maintien des « réformes » risque de se révéler extrêmement compliqué.
L’irruption des jeunes et la « Nuit Debout »
Alors que la manifestation a donné lieu à des heurts à Paris (mais aussi en province), plusieurs organisations appelaient à maintenir la mobilisation par une « Nuit Debout », place de la République. L’appel a rencontré un succès certain, avec une place grouillant de monde.
Cette pression continue laisse penser que les mouvements de jeunesse pourraient avoir décidé d’en découdre jusqu’au bout, sans attendre la prochaine manifestation fixée au 5 avril par FO.
Dans tous les cas, il est évident que les organisations syndicales cherchent à inscrire la contestation dans un rapport de force durable. Rien n’exclut qu’il soit l’occasion d’un bouleversement social profond – celui que les pouvoirs publics craignent tant depuis des années.
Quel risque pour la loi Travail?
Pour François Hollande, qui sort juste de l’abandon officiel de la téméraire révision constitutionnelle qu’il avait annoncée le 16 novembre, la séquence est épouvantable. La loi Travail enchaîne les ratés et rien n’exclut que l’exécutif soit désormais contraint de procéder à son retrait.
Dans tous les cas, on peut penser que le gouvernement devra consentir à d’importants amendements qui risquent d’en neutraliser les effets.
Cet article est déjà paru sur le blog d'Éric Verhaeghe
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