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Liberté, égalité, immigration : les Français, moins racistes qu'on le dit
©ALAIN JOCARD / AFP

Bonnes feuilles

L'ancien directeur de l'Office des migrations internationales revient sur les conséquences de l'immigration en France et défend le peuple français des accusations de racisme qui lui sont faites. Extrait de "Liberté, égalité, immigration - La France à l'heure du choix" de Jean-Claude Barreau, aux éditions de l'Artilleur 2/2

Jean-Claude  Barreau

Jean-Claude Barreau

Jean-Claude Barreau est essayiste. 

Il est conseiller de François Mitterrand sur les questions d'immigration, puis de Charles Pasqua. En 1989, il devient président de l’Office des migrations internationales et président du conseil d'administration de l’Institut national d’études démographiques.

Il est l"auteur de "Liberté, égalité, immigration ?" (éditions de L'Artilleur) et a également publié "Sur la route de Kandahar" (François Bourin, en avril 2014).

 

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Ayant beaucoup voyagé, j’ai constaté que le peuple français est peut-être, avec le portugais, le moins «raciste» de la terre. Né d’une mère juive, j’ai vraiment «vécu» le sauvetage de mon grand-père pendant l’occupation par un simple curé de campagne. Puis j’ai travaillé en usine, partagé la vie du peuple, été aumônier d’étudiants, éditeur, puis engagé en politique. J’ai, depuis Beauvau, parcouru quarante-quatre départements. Je crois donc connaître les habitants de ce pays. Tout étranger s’in - tègre facilement parmi eux, quelle que soit sa couleur ou sa religion. À cause des départements des Antilles et de la Réunion – une curiosité historique que nous sommes les seuls à pratiquer avec les États-Unis qui ont aussi des DOM-TOM – les Français sont habitués depuis longtemps à l’existence de concitoyens à peau noire comme en témoigne la profonde réflexion du président Mac Mahon en 1875 devant un officier venu de la Martinique : «C’est vous le nègre, continuez!» (Le mot nègre n’avait alors aucune connotation raciste.) Peuple le moins religieux de la terre, bien qu’attaché, ce que Mitterrand avait bien compris, à la « force tranquille » des églises, les Français se moquent de l’appartenance confessionnelle. Tout cela à une seule condition: l’arrivant ne doit pas choquer trop ouvertement les mœurs locales. Ainsi le refus du voile par les Français ne s’explique pas par la religion, encore moins par le racisme que leur reproche Valls, mais plutôt par la volonté séparatiste qu’il représente : le voile signifiant clairement «Ne touchez pas à nos femmes !»

Or la France est le pays du monde où les rapports homme-femme sont le moins mauvais. Il y a peu de refoulements dans le pays mais plutôt de vieux restes de la «galanterie», inventée ici où les dames présidaient les tournois et où l’abbesse Héloïse écrivait des lettres d’un érotisme enflammé au philosophe Abélard, ce que célébrait Villon quand il chantait «La très sage Héloïse». Le Français ne peut donc supporter l’interdit «Ne touchez pas à nos femmes». Il veut pouvoir «courtiser » (mot qui signifie « charmer » et non « forcer ») toute belle femme qu’elle soit blanche, noire ou jaune.

C’est à cause de cet interdit qu’il déteste le voile et non par racisme. Les Anglo-Saxons racistes – les États-Unis le sont extrêmement – se moquent, eux, pas mal de la façon dont la Pakistanaise est vêtue car ils ne songent nullement à lui faire la cour. Ils ne la voient pas. Ce qui ne s’explique pas seulement par le racisme mais aussi par le refoulement sexuel. Les États-Unis sont tellement puritains que «faire la cour» y est déconseillé et peut devenir judiciairement dangereux. Par ailleurs, ils ne se sentent que très peu concernés par la grande vague migratoire de 2015 dont ils sont pourtant pour une grande part à l’origine. L’incompréhension par nos dirigeants, leur détachement du mode de vie français, leur profonde américanisation, leur fait donc interpréter à tort la phobie française du voile comme étant du racisme. En écoutant Valls et en lisant Emmanuel Todd, j’eus envie de défendre les habitants de France. Un groupuscule, au prétexte que leurs parents sont issus des anciennes colonnies françaises (toutes indépendantes depuis plus de cinquante ans) prétend se nommer «Les Indigènes de la République». Ces gens ne se rendent pas compte du contresens qu’ils commettent : au sens littéral « les indigènes » sont en effet les habitants déjà installés dans un pays et non les arrivants. Les «Indigènes de la République», ce sont donc les Français présents en France avant l’arrivée des immigrés. L’expression «Français de souche », à connotation ethnique, est à bannir et à remplacer justement par l’expression «Indigènes de France».

En dépit des conseils de mon sage et vénérable ami Régis Debray, je voudrais donc dans ce court essai prendre en même temps la défense des indigènes de la République et apostropher «immigrationnistes» et tenants de l’UE. Un pamphlet peut-être, mais que je crois nécessaire car, en dehors de quelques voix qui s’élèvent à contre-courant et se font aussitôt traiter de fascistes, la quasi-totalité des médias, des experts, des politiques, des évêques restent obstinément fidèles à la «bonne pensée». Pour eux, la Patrie est dépassée, l’UE incontestable et les immigrés sanctifiés. La télévision nous montre des noyés, des asphyxiés suscitant notre intense émotion. Certes, ces malheurs existent et sont intolérables comme ceux d’un cyclone ou d’un incendie. Mais devant un tsunami, on pleure puis on réfléchit aux moyens d’en éviter d’autres. De cette vague migratoire, le conformisme nous dit qu’elle est bonne et nous interdit d’essayer de trouver les moyens de la tarir.

Extrait de "Liberté, égalité, immigration - La France à l'heure du choix" de Jean-Claude Barreau, publié aux éditions de l'Artilleur, 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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