Les terroristes de Charlie Hebdo sont-ils en fait des mercenaires ? Ce qu'on peut déduire de leur modus operandi<!-- --> | Atlantico.fr
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Les auteurs de l’attentat ont utilisé des armes lourdes et portaient des gilets pare-balles.
Les auteurs de l’attentat ont utilisé des armes lourdes et portaient des gilets pare-balles.
©Reuters

Le business de la terreur ?

Les auteurs de l'opération qui a causé 12 morts à la rédaction de Charlie Hebdo ont fait montre d'un véritable savoir-faire en matière de violence criminelle. C'est la première fois qu'un tel professionnalisme est observé en France dans le cadre d'un attentat se réclamant de l'islam.

Alain Chouet

Alain Chouet

Alain Chouet est un ancien officier de renseignement français.

Il a été chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE de 2000 à 2002.

Alain Chouet est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et le terrorisme. Son dernier livre, "Au coeur des services spéciaux : La menace islamiste : Fausses pistes et vrais dangers", est paru chez La Decouverte en 2011.

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Atlantico : Les auteurs de l’attentat ont utilisé des armes lourdes, portaient des gilets pare-balles, se sont montrés particulièrement calmes et ont su organiser leur fuite. Quelles déductions faire de ce mode opératoire, qui rompt avec les traditionnelles attaques suicide à la bombe ?

Alain Chouet : Ce sont des pros, habillés en noir, avec des cagoules pour ne pas être reconnus. Ils ont agi à la façon de la grande criminalité, et pas du tout comme les petites frappes qu’étaient Mohamed Merah ou Jérémie Louis-Sidney. C’est une véritable rupture avec les attaques à la bombe "classiques" du temps du terrorisme palestinien ou de l'euroterrorisme. Leur  engagement personnel est autrement plus spectaculaire que le terrorisme d’Etat des années 80 et l’euroterrorisme des années 70.

Cela veut-il dire que les milieux criminels et les milieux islamistes sont particulièrement connectés ?

Il reste à déterminer si les assaillants sont liés à quoi que ce soit venant de l’extérieur. Al-Qaida, cela ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui. La thèse de l’Etat islamique est plus plausible. Mais il peut aussi s’agir d’une bande criminelle cherchant à se donner de l’importance sur un autre plan, ce afin de se faire financer par de généreux donateurs privés de la péninsule arabique, pour mener des opérations extrêmement marquantes chez nous.

Les opérations terroristes pourraient donc devenir un business pour des bandes prêtes à se mettre au service de n'importe quel commanditaire ?

Il est encore trop tôt pour le dire, mais c’est une possibilité, car nous avons affaire à des professionnels qui n’ont rien à voir avec de petits voyous qui se seraient auto-radicalisés devant leur écran. Il peut s’agir de deux sortes de professionnels de la violence : des criminels qui pour une raison ou une autre ont mené cette action, ou bien des professionnels formés à l’étranger et mandatés en France à cet effet. Cependant si l’Etat islamique avait maîtrisé de bout en bout l’opération, il y a fort à parier qu’il se serait attaqué à des lieux plus symboliques, davantage représentatifs de l’Etat français.

En tout cas c’est la toute première fois que l’on peut voir des professionnels de la violence à l’œuvre dans le cadre d’un attentat se réclamant du terrorisme islamiste.

Que laisse présager cette attaque pour la suite ?

Il y a du souci à se faire. L’Etat islamique est aujourd’hui une armée qui est en train de perdre pied sur tous les plans en Irak. Il est donc fort probable qu’il soit en train de passer de l’action militaire à l’action terroriste, en exportant la lutte dans les pays occidentaux. Mais, encore une fois, il pourrait s’agir d’une bande criminelle de la banlieue qui cherche à se faire remarquer. Qui que ce soit, à cause des personnes qui reviennent d’Irak et de Syrie, nous avons beaucoup de souci à nous faire.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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