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Les secrets des couples qui durent : éviter l’engrenage des disputes et faire une place pour l’autre
©PATRIK STOLLARZ / AFP

Bonnes feuilles

Caroline Kruse publie "Le savoir-vivre amoureux : Les secrets des couples qui durent" aux éditions du Rocher. L'harmonie d'un couple est faite d'idéaux et d'habitudes, ancrés dans l'histoire de chacun, et pas toujours faciles à concilier. Ce livre propose des ressources pour se dégager des difficultés du couple. Extrait 2/2.

Caroline  Kruse

Caroline Kruse

Caroline Kruse est conseillère conjugale et familiale, thérapeute de couple. Elle collabore avec de nombreux médias et tient une chronique sur le Huffington Post. Elle a déjà publié Il faut qu'on parle aux éditions du Rocher.

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On dirait que le conte de fées se rembobine à l’envers et en accéléré. En une seconde, le prince charmant se transforme en crapaud venimeux et la princesse devient une affreuse souillon. L’être aimé à la voix toujours douce, au timbre toujours posé, crie comme une harpie ou jure comme un soudard. Que s’est-il donc passé? Pas grand-chose! Cette première dispute signe seulement le retour inévitable à la réalité après la période de fusion amoureuse des débuts. Il y en aura d’autres!

En effet, commencer à se disputer, c’est montrer paradoxalement que l’on est désormais bien installé dans la vie à deux, avec ce qu’elle comporte de complicité, de partage, mais aussi de frictions et de frustrations. C’est le moment où chacun cesse de trouver tout dans l’autre, marque de nouveau sa différence et retrouve une part de son autonomie. C’est à la fois douloureux – on refait l’apprentissage de l’altérité – et nécessaire. On ne peut pas tout le temps penser la même chose en même temps, ni être d’accord sur tout. Il existe des zones de conflit où chacun doit pouvoir s’exprimer sans craindre de blesser l’autre ni de déclencher une agressivité excessive en retour.

Ne rien dire, s’adapter en permanence, éviter à tout prix le conflit, peut présenter des avantages à court terme, mais finit par devenir très coûteux. On ne refoule pas impunément l’affirmation de soi. Sinon elle se transforme en une agressivité qui, à son tour, finit par exploser un jour contre le partenaire ou par se retourner contre soi.

De la même manière, cesser de se disputer au bout d’un certain nombre d’années de vie commune peut signifier que l’on est parvenu à une forme d’harmonie apaisée, mais indique parfois au contraire que le couple s’est vidé de toute sa vitalité et, considérant qu’il est désormais trop tard, a renoncé à tout mode de communication qui ne soit pas aseptisé.

Les disputes ont donc du bon si elles permettent à chacun d’exprimer son point de vue, d’entendre celui de l’autre, de lui faire de la place et donc, en fin de compte, d’avancer dans le sens d’un enrichissement mutuel. Le problème est que ça ne se passe pas toujours de manière aussi adulte. Et qu’au lieu d’apparaître comme une intéressante confrontation d’opinions divergentes, la dispute conjugale emprunte souvent la voie plus dangereuse des reproches mutuels et récurrents. D’autant qu’au bout de quelques années de vie en commun, l’ardoise a pu passablement s’allonger de chaque côté. Rien de bien grave souvent, mais une succession de petits agacements qui se présentent « tout naturellement » à l’esprit dans les moments de tension ou de fatigue.

Éviter l’escalade

Premier écueil à éviter : ces moments-là justement. Ceux où l’on sait très bien qu’un rien va nous faire flamber, parce que la journée a été dure, le chef de service odieux, les enfants particulièrement insupportables. Dans ce cas, mieux vaut prévenir son partenaire que tout ce qu’il pourra faire ou dire sera retenu contre lui, que l’on a en réserve toutes sortes d’arguments de mauvaise foi, de ressentiments recuits et que ce serait bête, vraiment, de nous forcer à aller piocher dedans.

Deuxième écueil qui, comme le premier, exige la complicité active du partenaire pour l’éviter : le franchissement du point de bascule. Une dispute, c’est comme la grippe, c’est très difficile à arrêter une fois qu’elle a vraiment démarré, mais si on s’y prend dès le début, on peut y arriver. Il suffit de repérer en soi ou en l’autre cet instant à la fois effrayant et tentant où l’on est sur le point de céder à l’appel de la bagarre. Si l’on s’est mis d’accord auparavant pour trouver un geste tendre, un mot drôle qui désamorcera le mécanisme, ça peut marcher. La discussion pourra reprendre plus tard, à un moment où les tensions se seront apaisées.

Enfin, dernier écueil à éviter : se bloquer comme le faisait Amina, s’enfermer dans le mutisme. Là encore, une parole ou un geste dont les deux partenaires ont pu convenir à l’avance peuvent aider.

Si l’on y arrive, si l’on parvient à ce que la dispute ne bascule pas dans l’escalade de l’agressivité, le couple s’en trouve renforcé. Il a appris à désamorcer. Il a appris à différer. Il a appris à se parler, à s’écouter. Il a appris aussi à construire ensemble une solution, à surmonter ensemble une difficulté. Ayant passé cette épreuve, il se sent davantage en sécurité.

Éviter les dérapages

En revanche, lorsque la dispute s’est enclenchée, elle prend souvent la forme d’une culpabilisation en règle du partenaire : « Tu ne t’occupes pas assez de moi, tu ne penses qu’à toi, tu ne fais rien pour moi, tu ne m’aimes pas. » Dans ce cas, le mode de réponse est fréquemment le reproche symétrique : « Toi non plus, tu ne m’aimes pas, tu ne penses qu’à toi, etc. » Chacun peut alors dérouler à loisir la liste interminable des situations illustrant son propos aucun ne voulant être en reste et continuant jusqu’à épuisement à batailler pour obtenir la palme du plus mal-aimé. L’autre mode de réponse consiste à sortir la liste inverse : celle de tout ce que l’on fait pour l’autre et qu’il ne voit jamais. Dans un cas comme dans l’autre, si la bonne volonté ne suffit pas à enrayer le mécanisme, il convient que le couple s’interroge. Que signifie ce besoin d’escalade symétrique dans le sentiment d’être négligé par son partenaire? Qu’est-ce qui se cache derrière cette sorte d’appétence soit à l’accusation, soit à la justification?

En effet, on a beau savoir qu’il faut éviter les mots vraiment blessants, ne pas attaquer l’autre sur ses points de grande fragilité, ses performances sexuelles, ses parents, qu’il vaut mieux dire les choses de manière positive, parler en son nom au lieu d’attaquer son partenaire, dire « je » au lieu de « tu » – «  je me sens seule » et non « tu m’abandonnes » –, reconnaître que l’autre peut avoir raison, s’exprimer calmement plutôt que de hurler, on a beau savoir tout ça, la dispute conjugale, quand elle s’installe dans un couple au point de devenir le mode de communication principal, masque souvent un grave dysfonctionnement de la relation. Se disputer sans arrêt sur des détails sert alors à exprimer ce dysfonctionnement, mais signifie en même temps que l’on n’en veut rien savoir et surtout pas le régler, parce que l’on a trop peur des conséquences que cela pourrait entraîner. Certains couples passent ainsi une bonne partie de leur vie dans des querelles incessantes, parce qu’ils vivent mal ensemble, qu’ils ne se supportent plus, mais qu’ils sont terrifiés à l’idée de se séparer.

A lire aussi : Les secrets des couples qui durent : entretenir le désir 

Extrait du livre de Caroline Kruse, "Le savoir-vivre amoureux : Les secrets des couples qui durent", aux éditions du Rocher

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