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Les premières heures du "PenelopeGate" : le faux calme avant la vraie tempête
©AFP

Bonnes feuilles

Soit une épouse qui longtemps n’a été qu’une ombre furtive. Soit son candidat de mari que tous les sondages ont consacré grand favori de l’élection présidentielle. Tout semble joué d’avance. Et voilà que l’épouse effacée, née outre-Manche, donne son prénom à un scandale, le Penelopegate, qui change le cours de l’Histoire en chamboulant l’un des scrutins les plus cruciaux de ces dernières années … Extrait de "Penelope" de Sylvie Bommel, aux Editions JC Lattès.

Sylvie Bommel

Sylvie Bommel

Sylvie Bommel est journaliste.

Elle vient de publier Penelope, aux Editions JC Lattès (2017).

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17 h 56. La nuit est déjà tombée sur la capitale transie quand soudain, une rafale d’alertes tombe sur les téléphones. Les plus vifs à réagir transmettent la nouvelle à leurs collègues et amis. On adore ça, surtout à Paris, être le premier à savoir et à diffuser. Dans le genre, Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, est un champion, il se précipite sur twitter : « Penelope Fillon aurait touché 500000 euros comme attachée parlementaire de son mari » avant de trompeter dans un autre message : « Le Canard enchaîné accuse Madame Fillon d’avoir occupé un emploi fictif à l’Assemblée ». Rien ne va plus.

Penelope ne le réalise pas encore, mais il est loin le jour où elle pourra à nouveau prendre un train incognito. Elle s’accroche au faux calme des premières heures, elle se dit que ce n’est rien, un épisode de plus dans la campagne, de l’écume. François en a vu d’autres, par exemple, il y a deux ans quand ces journalistes du Monde ont prétendu qu’il avait demandé au secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, d’accélérer les procédures judiciaires en cours contre Sarkozy. Un mauvais moment mais c’est passé. Tout passe, c’est ça la politique. 20 heures. Sur France 2, David Pujadas, costume gris et cravate grise, égrène des nouvelles grises. « Dans l’actualité ce soir : une nouvelle progression du chômage en décembre, la déconfiture du groupe Vivarte qui va vendre les enseignes André et Naf Naf, l’escalade verbale entre Benoit Hamon et Manuel Valls et enfin, l’effondrement du prix des résidences secondaires ». Depuis deux heures, les réseaux sociaux s’enflamment mais David fait comme s’il n’était pas au courant. Très rassurant, pense Penelope.

Ce n’est rien, Tu le sais bien, Le temps passe, Ce n’est rien, chante Julien Clerc.

Erreur. Avant de reprendre et surtout de développer une révélation, surtout si elle vient du Canard, les chaînes et les radios attendent prudemment de voir si l’information est fiable et comment elle évolue. Même BFM TV, ce premier soir, reste dans l’expectative. Il sera bien temps demain, si l’affaire prend de l’ampleur, de convoquer les éditorialistes, les politologues, les consultants en image, les experts de la gestion de crise, les sondeurs, les anciens juges, les spécialistes des enquêtes politico financières pour des éditions spéciales. François Fillon aussi se laisse prendre par ce sursis. Il ne se rend pas compte que ces heures sont celles qu’on accorde au condamné pour prendre un dernier repas. En l’occurrence, une galette des rois qu’il partage avec les permanents de son QG de campagne, rue Firmin-Gillot, près de la porte de Versailles. Pourtant, depuis quelques jours, il sait que Le Canard enchaîné va sortir cette histoire. Les journalistes l’ont appelé, lui ont posé des questions sur les dates, les montants. Il n’a pas jugé bon de répondre.

Est-ce qu’il a prévenu son épouse de la tempête qui s’annonce ? D’une manière générale, il lui parle rarement du boulot. Même à Anne Méaux, sa communicante en chef, même à Thierry Solère, son porte-parole, même à Patrick Stefanini, son directeur de campagne, il n’a rien dit. Tous tombent de l’armoire. En toute hâte, une réunion s’organise avec quelques proches. Pas plus d’un quart d’heure, juste le temps de définir des éléments de langage, ces expressions que chacun dans le camp du candidat devra répéter au mot près s’il est interrogé. En gros, « on assume. Oui, François Fillon a bien employé sa femme comme collaboratrice parlementaire. Et alors ? Où est le problème ? Tout cela est parfaitement légal, voire banal ». Penelope est rassurée.

Extrait de "Penelope" de Sylvie Bommel, aux Editions JC Lattès

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