Les patrons ne réclament pas un chamboulement politique, ils ne demandent qu'un peu de courage <!-- --> | Atlantico.fr
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Les mouvements patronaux s'inquiètent.
Les mouvements patronaux s'inquiètent.
©Reuters

Editorial

Face à l’effondrement du président de la République, les chefs d’entreprise s’inquiètent des projets de changement politique qui n’auraient pas d’autres effets que de semer encore davantage le désordre. Ils ne réclament pas spécialement des élections, ils demandent à ce que le président ait le courage de changer d’attitude et de politique économique. Sa majorité grognera, mais peut-elle grogner plus qu’aujourd’hui ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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De colloques en séminaires, de contacts en réunions, du Medef à la CGPME en passant par le CJD, l’AFEP ou Entreprises et Cités : les mouvements patronaux s'inquiètent. Il ressort un profond découragement des chefs d’entreprise et une grande inquiétude quant à la possibilité pour le gouvernement de maîtriser la situation. On n’est évidemment pas au bord de la guerre civile, comme certains représentants de l’agro-alimentaire breton le disaient ce week-end, mais on n’est pas à l’abri d’un dérapage qui pourrait dégénérer. Les sondages sont désormais catastrophiques pour le pouvoir et montrent à quel point son autorité s’est complètement détériorée. Pire, la majorité des représentants patronaux n’adhèrent pas aux différents scénarios de changement qui sont suggérés au président de la République.

Ces scénarios reviennent à créer un choc politique pour reprendre la main. Ils passent, soit par un changement de gouvernement, soit par un changement de majorité avec le départ des Verts, soit carrément par des élections législatives qui permettraient de dégager une nouvelle Assemblée nationale. Le troisième scénario, celui d’une dissolution suivie de nouvelles élections, est défendu par les plus cyniques des amis de François Hollande. Ils expliquent que des élections législatives amèneraient une nouvelle majorité de droite avec l’obligation d’une cohabitation. Certains voient déjà en Alain Juppé, le Premier ministre idéal en cas de cohabitation. Moyennant quoi, il gouvernerait 2 ans et assumerait l’impopularité incontournable ce qui permettrait au Président de se refaire élire sans problème. « Après tout, ça avait bien réussi à François Mitterrand et à Jacques Chirac…» dit-on dans les couloirs de l’Élysée.

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S’ils ravissent la paroisse politicienne du 7ème arrondissement de Paris, pour la majorité des patrons ces changements seraient catastrophiques : le pays deviendrait ingouvernable pendant deux ans minimum. Avec en plus, un championnat de France de la démagogie et du populisme. Une course effrénée aux promesses les plus folles. Bonjour les dégâts, au revoir les réformes. Pour le monde de l’entreprise, la solution la plus raisonnable serait que le président de la République fasse preuve de courage. Tout le monde sait ce qu’il faudrait faire pour redémarrer la machine à créer de la richesse et des emplois. Mais tout le monde, à droite comme à gauche, a peur des réactions de l’opinion. Pourtant, elles ne pourront pas être pires qu'aujourd’hui alors que le gouvernement n’a rien fait d’important.

Ce raisonnement est également fait par les institutions américaines et le FMI qui disent carrément que c’est la France qui plombe l’Europe. La France pleurniche et joue aux enfants malades alors qu'elle aurait parfaitement les moyens de jouer, avec l’Allemagne, les locomotives de la croissance en Europe. Dans ces conditions, pas besoin de perdre son temps et son énergie à discuter politique. Que le Président fasse ce qu'il faut pour sortir de la crise, et s’il a un problème avec les Verts, qu’ils s’en aillent et qu’il gouverne par ordonnance. Après tout, il sera jugé sur les résultats au bout d’un an. Pour emprunter ce chemin de la réforme à marche forcée, le monde de l’économie prétend que le Président pourrait compter sur les forces vives, les organisations patronales et les syndicats, qui n’ont aucun intérêt à jouer la politique du pire. Ajoutons à cela qu'il trouverait à ses côtés Angela Merkel qui serait prête à adoucir sa politique à condition qu’on lui garantisse des perspectives d’évolution vers plus d’Europe.

Mais pour cela, il faut que François Hollande mouille sa chemise et prenne des risques. Ce n’est pas en se contentant, pour la énième fois, de demander à son Premier ministre de reprendre les choses en main qu'il y aura du changement.

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