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Les milieux d’affaires et les dirigeants européens commencent a rêver secrètement d’un président qui ressemblerait à Macron mais avec le programme de François Fillon
©AFP

Plan B

La semaine qui vient va être déterminante pour l’avenir de François Fillon, qui reste soutenu par la majorité de ceux qui l‘avaient choisi lors de la primaire de la droite et du centre. Du coup, c’est la mobilisation générale sur le terrain, même si le dossier reste compliqué à défendre. Compliqué, difficile, et risqué.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le soutien des dirigeants européens est aussi discret qu’il est embarrassé mais ce soutien est néanmoins réel.

Le problème est très simple. Les marchés et les dirigeants étrangers s’inquiètent du risque qu’il y aurait à voir la France tomber dans la démagogie et le populisme. Parce que trois des candidats les mieux placés - Marine Le Pen, Jean Luc Mélenchon et Benoit Hamon - sont antisystème. Ils sont tous, peu ou prou contre l’économie de marché. Contre l’Europe. Contre l’euro. Ils ne croient pas que le système capitaliste soit créateur de richesses et de progrès. Ils ne croient même plus à la valeur travail. A eux trois, ils représentent près de 60% des électeurs du premier tour. Ce qui veut dire que plus de la moitié des français qui votent sont près à voter pour un candidat antisystème. Cette perspective de voir l’altermondialisme arriver au pouvoir ne passe pas.

Les soutiens à François Fillon sont donc plus contraints et forcés qu'enthousiastes. Chacun se rend bien compte que la part de passion, d’estime ou même d’affection souvent nécessaire dans le choix d’un candidat a, pour beaucoup, complètement disparu, reste la part du rationnel du raisonnable.  Pour beaucoup, il n’y a pas d’autre choix possible face au débordement de démagogie, de la part des candidats de l’extrême gauche et de l’extrême droite.

La seule alternative à laquelle ils pensent se situe chez Emmanuel Macron bien sûr. L’ancien ministre de l'Economie bénéficie d’une cote d’amour exceptionnelle mais n’a pas encore convaincu quant à la pertinence de son programme.  Les milieux économiques ne lui signeront pas un chèque en blanc, ils veulent un diagnostic qui correspond à leur analyse, et un plan d’action gouvernemental cohérent qui réponde au problème. Alors quelques uns ont déjà pris contact avec l'entourage de l'ancien ministre de l’Economie. Mais la majorité d’entre eux attendent de savoir comment vont évoluer les positions respectives de Macron et de Fillon.

A partir du moment où François Fillon n’a rien fait d’illégal et que son programme correspond au problème, ils n’ont pour l instant aucune raison de le lâcher d’autant qu‘à droite, il n’y pas de plan B, et que l’offre politique concurrente est complètement décalée par rapport à la réalité.

De l’avis de tous les experts économiques, le programme de Jean Luc Mélenchon, celui de Benoit Hamon ou de Marine le Pen répond certes à une demande politique mais aucun n'est applicable, ou réalisable dans la conjoncture actuelle. Plus grave, ils iraient à l’encontre des intérêts de ceux qui le supportent, c’est à dire les classes moyennes ou défavorisées.

Proposer une nouvelle diminution de la durée du travail, distribuer un revenu universel, demander aux Allemands de payer nos dettes, accroitre encore la protection sociale sans savoir la financer, sortir de l’euro ou bloquer les frontières, ces projets sont pour certains très généreux, intéressant mais n ont aucun sens.

Qu‘ils aient une légitimité politique ou pas, ils n‘ont pas la moindre chance de pouvoir être réalisés sauf à mettre le pays cul par dessus tête, ce que personne ne souhaite. Ils s’inscrivent plus dans une logique révolutionnaire que d’une gouvernance responsable. Ce qui est extraordinaire, c’est que les maladresses de François Fillon ont rendu les propositions extrémistes (mais morales) politiquement correctes.

François Fillon se sait donc incontournable pour les milieux d’affaires et pour les acteurs étrangers, allemands ou américains, qui ne tarissent pas de critiques à l‘encontre de son comportement mais qui considèrent qu’il est porteur du seul projet compatible avec l’équilibre du système dans lequel nous vivons.

C’est bien là où le bat blesse. S’il n ‘y a pas de fautes sur le terrain juridique ou judiciaire, il a forcement commis une faute morale et politique.

La société française n'accepte plus une certaine confusion des genres entre la sphère privée et la sphère politique. Qu’un parlementaire fasse travailler sa femme ou ses enfants, ce qui a été et qui est toujours une pratique banale dans le système, n’est plus accepté ou toléré.

La plupart des grandes démocraties ont d’ailleurs interdit ce genre de confusion et fortement règlementé les activités des parlementaires pour éviter les procès en conflit d’intérêt. Il faudra forcement que la pratique française se réforme.

En attendant, il faut que François Fillon se sorte de ce procès moral que l’opinion et la presse continuent de lui faire.

François Fillion peut sortir du piège à trois conditions :

1 : que l'actualité offre d’autres sujets d’intérêt à la presse et à l'opinion. Si la presse cesse de tourner en boucle sur les faits et gestes du couple Fillon, la pression va tomber. Ça dépend aussi du couple Fillon.

2 : qu'Emmanuel Macron baisse dans les sondages et n'apparaissent pas durablement comme le challenger désigné de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle, parce que dans ce cas beaucoup de ceux qui avaient choisi François Fillon se tourneront vers Macron, le seul vote utile pour échapper à des politiques démagogiques. Emmanuel Macron peut baisser dans les sondages s’il ne gère pas bien la phase programmatique de sa campagne. Pour l’heure, Macron a obtenu du succès pour ce qu‘il est, pour ce qu’il dit de l’état de la France, et pour la façon très moderne avec laquelle il s’exprime. Il sait très bien qu’à partir du moment où il va commencer à entrer dans le détail de la politique qu’il veut mettre en œuvre,il va être l’objet d’une analyse critique. Il va devenir clivant. Et s’il devient clivant, il va perdre des points dans les sondages.

3 : que la campagne revienne sur les programmes. Le programme d’action est la clef du logiciel Fillon. Qu’il réussisse à redevenir audible sur ses projets, et on quittera le terrain miné de la morale pour aborder celui de l’efficacité. C’est évidemment le seul créneau sur lequel il peut se différencier d’Emmanuel Macron qui a, en gros le même diagnostic et les mêmes objectifs mais qui n’a évidemment pas les moyens politiques nécessaires.

Si l’opération reconquête de François Fillon ne réussissait pas, si le plan de sauvetage du soldat Fillon ne fonctionnait pas, beaucoup d’acteurs du monde économiques et de dirigeants européens rêvent secrètement d’un président qui ressemblerait à Macron mais qui porterait le  programme que défendait François Fillon.

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