Les incroyables codes secrets utilisés par les patrons des cartels pour faire passer leurs messages dans les prisons américaines<!-- --> | Atlantico.fr
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En Amérique centrale, les prisonniers utilise un alphabet secret nommé "Willas".
En Amérique centrale, les prisonniers utilise un alphabet secret nommé "Willas".
©Reuters

Petit cours de criminologie

En Amérique centrale, la pègre utilise un alphabet secret nommé "Willas", une sorte de Pierre de Rosette. Il y a quelques mois, les autorités chiliennes ont mis la main sur un papier indiquant comment s'en servir...

Pour un novice, les lettres que les prisonniers envoient au Honduras ressemblent à du charabia. Même pour un œil entraîné, ces notes sont difficiles, si ce n'est impossible, à lire. Rédigées dans un alphabet secret appelé "Willas", ces messages permettent aux barons du crime enfermés en prison de communiquer avec leurs camarades de l'extérieur (souvent au Salvador) sans se faire comprendre des autorités.

Si ces codes cryptés sont aussi vieux que le crime lui-même, les autorités et services secrets honduriens ont remarqué un essor de ce genre de messages ces derniers temps. Peu importe à quel point les autorités renforcent leurs systèmes de surveillance et interdisent les téléphones portables en prison : les réseaux criminels s'adapteront toujours. Nous sommes peut-être en 2014 mais la poste reste encore le meilleur moyen pour le crime organisé, en Amérique Centrale et ailleurs, de s'organiser. Mais "Willas" ne fonctionne pas que sur papier : cet "alphabet" est également utilisé par les criminels via Facebook ou WhatsApp.

Ces notes rédigées à la main sont un ensemble de combinaisons apparemment hasardeuses de lettres et de symboles, rapporte le site d'information El Heraldo. Parfois, ils ordonnent de tuer ; d'autres fois, ils décrivent un plan d'extorsion ou la marche à suivre pour faire de la contrebande. Mais il arrive aussi que ces lettres servent à remonter le moral de la troupe : "Restez forts et pour l'amour de Dieu ne vous battez pas entre vous !"

Il y a quelques mois, le site d'information La Tercera a eu accès à une "clé Willas" que les officiels chiliens avaient découvert dans le porte-monnaie d'un dealer de drogue emprisonné en 2010. Le document explique comment utiliser l'alphabet codé pour composer des messages cryptés.

Si vous êtes curieux, cliquez sur lien ci-contre (en espagnol) qui donnera un aperçu des symboles utilisés. "L'idée est d'éviter d'utiliser les espaces. Ainsi, il sera impossible pour la police d'investigation de déchiffrer le message. Elle ne saura pas que nous communiquons et ne comprendra rien, à moins de tomber sur cette feuille de papier, que vous ne pouvez pas trimballer n'importe où. Vous devez impérativement la cacher !" est-il écrit sur ce document.

Selon Macarena Cañas, un procureur chargé de décrypter la clé, "Willas est un véritable alphabet (...) C'est comme une Pierre de Rosette", a assuré Cañas au journal. En mars, les autorités chiliennes ont finalement réussi à comprendre le sens du mystérieux alphabet et ont ainsi réussi à mettre la main sur leur suspect principal.

Mais ce genre de pratique existe dans le monde entier. "Ca va de la cryptogamie aux signaux de fumée", explique le criminologue Alain Bauer à Atlantico. "Parler en dialecte, envoyer des messagers qui parlent eux-mêmes en code à leurs camarades de façon à ce que les écoutes policières ne révèlent rien : tout est bon. Personne n'a jamais été plus loin dans le domaine des messages codés que la pègre, son argot n'a rien de commun avec notre langage à nous. Le plus connu dans ce domaine était le légendaire mafieux italien Toto Riina, emprisonné à vie". Et Alain Bauer de conclure que chaque gang a son propre alphabet.

Il arrive également que les membres d'un gang encore en liberté envoient des SMS codés à la télévision pour communiquer avec leurs camarades emprisonnés ! C'est par exemple arrivé en 2010 en Italie lors de l'émission "Quelli che il calcio" ("Ceux qui jouent au foot"). C'est le magistrat Enzo Macri qui avait donné l'alerte après avoir intercepté une lettre citant un message étrange : "Tout va bien – Paolo".

Les tatouages des prisonniers eux-mêmes ont une signification : véritable carte d'identité corporelle, l'ensemble de leurs tatouages est la marque de leur pègre et de leurs crimes. La symbolique des tatouages russe est connue pour être la plus codifiée au monde.

                                                                                                                                                                                                                          Raphaëlle de Tappie   

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