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Les gens qui se soucient le plus de la qualité de leurs aliments confondent le plus souvent les "beaux" produits avec les produits véritablement sains
©Reuters

Alimentation

Selon une récente étude, les consommateurs préfèrent acheter davantage des aliments beaux plutôt que des aliments sains pour la santé. Comment a été réalisée cette étude ? Quelle est la différence entre les beaux produits et les produits sains ?

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Atlantico.fr : Une étude de l’USC publiée dans le « Journal of Marketing » indique que les gens préfèrent acheter davantage des aliments beaux plutôt que des aliments sains pour la santé. Comment a été réalisée cette étude ?

Béatrice de Reynal : Nous savons que l’enfant acquiert son omnivorisme en regardant l’aliment nouveau, puis en surveillant que celui-ci est bien consommé par ses parents ou son entourage. Il apprend donc à choisir ses aliments «   l’oeil ».

Contrôler par l’odorat, puis par le goût  sont des gestes qui accompagnent l’apprentissage de la diversification alimentaire et de l’indépendance. 

L’étude publiée dans Journal of Marketing confirme bien que nous choisissons les aliments à leur aspect : une belle pomme sera choisie au détriment d’une moins belle. C’est aussi ce qui a fait le succès d’Intermarché et de sa célèbre campagne « les légumes moches ». 

C’est aussi la raison pour laquelle Blanche Neige aurait du faire un autre choix !

Quelle est la différence entre les beaux produits et les produits sains ?

L’étude de Linda Hagen, professeur adjoint de marketing à l'USC Marshall School of Business, a utilisé les sciences sociales et la psychologie pour démêler la complexité de la façon dont les perceptions esthétiques déterminent notre appétit et nos décisions alimentaires.  Les gens associent l’aspect esthétique d’un aliment avec son aspect sain. 

Vous en êtes victime vous aussi : la photo des emballages ne ressemble souvent à rien de ce qu’on découvre à l’intérieur d’un étui. 

Les annonceurs emploient des équipes de stylistes culinaires et des outils numériques pour rendre les photos des emballages irrésistibles, mais aussi des mensurations parfaites : l'architecture généreuse d'un hamburger, la circonférence parfaite de pizza au fromage ou des frites blondes à souhait.

Cette étude a examiné comment l'esthétique classique utilisée dans la présentation des aliments faussait la perception. 

Par ailleurs, on sait aujourd’hui que la Révolution Verte, en nous fournissant des tomates parfaites mais inodores, des pommes Golden au goût de rien, et des fraises fades, nous a mené dans un mur duquel elle a du mal à se relever. Ne reproduisons pas le même cirque !

Qu’est ce qui donne l'illusion qu'un produit est sain quand il est beau ?

Des caractéristiques telles que la symétrie, les couleurs, l'ordre et l'équilibre sont les caractéristiques de la beauté car elles imitent la nature.  La nourriture est jolie quand elle copie des caractéristiques naturelles de la perfection… mais pas de la réalité de terrain. Qui n’aurait un pommier ou un fraisier sous la main constatera que toutes les sortes d’individus s’y trouvent. Des fraises parfaites côtoient des petites minuscules et des malfamées, des bien rouges et des plus pâlotte ?

Mais pour le nutritionniste  le plus important est que  la visualisation d'images alimentaires délectables active le cortex gustatif du cerveau et  simule le goût agréable e la nourriture. C’est "l’effet placebo" d’un bel aliment, alors qu’un plus moche sera ressenti gustativement comme moins savoureux. 

Dans une série d'expériences impliquant 4300 sujets, le chercheur a demandé aux gens d'examiner des photos d'aliments et des échantillons réels d'aliments, afin d'évaluer leur aspect sain ou malsain et transformés ou non transformés.

Dans la première étude, 800 personnes ont été invitées à rechercher sur Internet et à choisir des échantillons de nourriture jolie ou moche. Les sujets sont revenus avec des images de glaces, de lasagnes, etc. Ensuite, on leur a demandé de déterminer si la nourriture était saine ou non. La majorité des hommes et femmes ont déclaré qu'une jolie nourriture était plus saine.

Dans une autre expérience, 400 sujets ont évalué deux rendus de pain grillé à l’avocat, la première avec de délicates tranches d’avocat dans l’autre, un écrasé. Les sujets ont rapporté que la jolie version du pain grillé à l'avocat était plus saine et plus naturelle, mais les aliments étaient considérés comme tout aussi chers et savoureux.

Un autre groupe de 800 participants ont regardé des photos de petits gâteaux, de pain aux amandes, et une assiette de spaghetti - mais avec une mise en garde : le chercheur avait informé les sujets que l'image était esthétiquement soit imparfaite, soit belle, même si l'image était exactement la même photo. Biaisés par leurs attentes, les sujets considéraient la nourriture «moche» moins naturelle et nutritive que la nourriture «jolie», bien qu'il n'y ait pas de différence.

Et le modèle s'est poursuivi dans une autre expérience : le chercheur a donné 1 $ aux élève et a montré un poivron esthétiquement parfait, set un autre un peu déformé. Lorsqu'on leur a demandé combien d'argent ils paieraient au maximum pour acheter le poivron, les sujets étaient prêts à dépenser environ 56% de plus pour le fruit impeccable, sans doute à cause d’une plus grande perception de la santé.

Dans chacune de ces expériences, les gens ont perçu un même aliment comme plus naturel quand il avait l'air plus beau, et tous ont cru que ce naturel était plus sain.

Comment bien choisir un aliment qui est sain pour nous ?

Nous restons des animaux et notre cerveau reptilien sait d’instinct les aliments qui ont « bons pour nous » et ceux qui ne le sont pas. Ce qui est vrai d’une pomme ou d’un oeuf est impossible à une pizza, un plat cuisiné ou à un gâteau dont l’aspect extérieur ne prédit pas quels ingrédients ont été utilisés pour le produire. 

Alors comment bien choisir ? Vous l’avez compris : le bon sens doit rester notre guide. 

Un aliment composite dans un étui avec photo, le tout à bon marché ne présage rien de bon. D’ailleurs, ne devrions nous pas refuser de faire le casting de nos aliments à partir de l’étiquette qui n’et autre que « le press book » produit par l’industriel? 

Achetons les yeux ouverts. Il est compliqué de nos jours de sentir les mets avant de les mettre ans c-son panier. Ni d’ouvrir les emballages pour voir "la tête que ça a" ! 

L’expérience sera votre guide. Mais si vous ne voulez pas vous laisser embobiner, alors préférez les étals où les aliments sont bien visibles, lisez les étiquettes, notamment la liste des ingrédients, et la composition nutritionnelle également, en comparant avec les aliments concurrents. 

Et vous comprenez aussi que le jeune trisomique aura la peau aussi douce que son petit frère. Même s’il n’a pas la même apparence, sa composition corporelle sera similaire. Alors ? Pourquoi il en serait autrement des pieds de fraises ou de ciboulette ?

Et la santré publique ? 

Les publicités pour des aliments agréables et bien arrangés peuvent avoir plus d'influence que nous ne le pensons. Se faire passer pour sains alors qu’ils ne le sont pas. Elles peuvent donc induire les consommateurs en erreur en les poussant à faire des choix malsains.  

Les chercheurs suggèrent que les responsables politiques et de santé publique considèrent ces phénomènes et envisagent des mesures telles que des clauses d’alerte soient obligatoires sur des photos, comme elles le sont devenues sur les photos retouchées de mannequins magnifiques : "attention, cette photo a été retouchée". 

Certes, l'utilisation d'une esthétique alimentaire parfaite induit les gens en erreur et mérite une attention particulière de la part des décideurs. Une déclaration qui rappelle explicitement aux gens que la jolie nourriture a été modifiée pour la représentation a contribué à atténuer l'effet dans le laboratoire, de sorte que cette alerte a pu être un moyen efficace de protéger les consommateurs.

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