Les femmes d’Aubervilliers sont "courageuses" : certaines osent aller au café<!-- --> | Atlantico.fr
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Photo d'illustration.
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©Reuters

En bas de chez nous

Mais dans quel pays vivons-nous ? Et que font les féministes des beaux quartiers ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Aubervilliers est, paraît-il, quelque part en France. Près de Paris pour être précis. Peu de journalistes y vont et aucun d’entre eux n’aimerait y habiter. Il faut donc féliciter Le Monde d’y avoir délégué une de ses meilleures plumes. C’est qu’à Aubervilliers s’est déroulé un événement extraordinaire, peu courant, hors du commun : des femmes ont osé s’installer dans un café ! Le journal qualifie cette initiative de « courageuse ».

Ah bon ? Il faut du courage quand on est femme pour s’attabler dans un café de cette commune de la région parisienne ? Oui, il en faut. Une des participantes du collectif qui a décidé de partir à l’assaut de ces citadelles masculines témoigne de la singulière réalité d’Aubervilliers. Tous les cafés, dit-elle, étaient remplis exclusivement d’hommes. Et quand nous sommes venues, ça a été très difficile, ajoute-t-elle. « Des jeunes se sont attroupés devant le café. Les dealers sont arrivés en masse, faisant marcher à fond les radios de leurs automobiles. Des voitures de police sont même passées deux fois devant le café. »

L’article du Monde est tout en finesse subliminale. Ainsi, il s’abstient de préciser qui sont ces hommes qui habitent Aubervilliers, et qui sont ces femmes considérées, parce qu’elles vont au café, comme des putes et des salopes par les troubadours de banlieue. Soit le journal estime que le dire s’apparenterait à un délit de faciès et contribuerait au racisme ambiant, soit il juge que les choses sont tellement évidentes qu’elles n’ont pas besoin d’être précisées.

Pendant longtemps l’apartheid – né en Afrique du Sud – a été dénoncé comme une infamie. Non nommé, insidieux, il s’installe aujourd’hui en France. Apartheid ethnique quand de plus en plus de gens désertent des quartiers, des cités, des banlieues où ils ont de plus en plus de mal à vivre avec d’autres qui y ont fait souche. Apartheid sexuel quand des femmes qui y résident voient fleurir des endroits qui leur sont interdits. « Si tu veux être respectée, ou tu portes le voile, ou t’es mère, ou tu sors avec un caïd. » On peut lire ça sur le site de Ni putes ni soumises.

Il y a deux jours s’est déroulée une grande manifestation de femmes à Tripoli. Elles protestaient contre les milliers de viols commis pendant la révolution libyenne. Elles aussi sont courageuses… Au Caire, pendant la révolution, on a violé place Tahrir, et pas seulement des journalistes étrangères. Selon des enquêtes, environ 80 % des femmes égyptiennes disent avoir été victimes d’agressions sexuelles. Et qu’est-ce que ça a à voir avec Aubervilliers ? Mais rien, absolument rien, puisque Aubervilliers est en France…

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