Les Etats-Unis ont-ils trouvé une solution miracle contre la dette : l’émission d’une pièce en platine de 1000 milliards de dollars ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Contrairement à cette pièce en or canadienne (la plus grosse du monde, avec 100 kgs), la pièce de 1000 milliards de dollars serait en platine
Contrairement à cette pièce en or canadienne (la plus grosse du monde, avec 100 kgs), la pièce de 1000 milliards de dollars serait en platine
©Reuters

Tadaaaamm !

Pour éviter la banqueroute, les Etats-Unis pourraient créer une pièce en platine d'une valeur de 1 000 milliards de dollars. Une astuce législative soutenue par le prix Nobel d'économie Paul Krugman et qui serait sérieusement envisagée par l'administration Obama.

Pierre  Maxime

Pierre Maxime

Pierre Maxime est analyste financier au sein de divers établissements bancaires. Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

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Les États-Unis ont atteint la limite fédérale d'endettement le 31 décembre dernier. Le trésor américain a mis en œuvre des mécanismes comptables (report de certaines échéances, émissions de dettes intra-administration etc.) pour "gagner" deux mois et repousser ce plafond à fin février - début mars 2013. À cette date, faute d'un accord entre la Maison blanche, le Parlement et le Sénat, les Etats-Unis seront en cessation de paiement.

Un tel événement devrait impacter d'abord les administrations (arrêt de paiement des salaires des fonctionnaires) afin de gagner du temps supplémentaire pour continuer la négociation afin d'éviter un défaut de paiement vis à vis des détenteurs de titres de dettes (et à leur tête les pays asiatiques et la Chine). D'ores et déjà, la directrice du FMI Christine Lagarde a lancé un appel à une négociation rapide pour éviter les longues soirées d'attentes que le parlement, le sénat et la maison blanche a fait subir aux marches financiers, aux entreprises et à tous les agents économiques.

La loi fédérale laisse par contre une voix "surprenante" pour éviter la catastrophe. Le ministre des Finances américain dispose de l'autorité de faire battre des pièces en platine (et uniquement en platine) de valeur aussi impressionnante que 1000 milliards de dollars. Le ministre pourra déposer cette pièce ou ces pièces auprès de la banque centrale de New York et retirer 1000milliards de dollar en billets de banque. Cela n'est pas une dette puisqu'elle est contre garantie par un actif : "une pièce en platine".

Cette solution est stupéfiante et effrayante. 

Commençons par son aspect fascinant : les États-Unis, pays souverain, peuvent décider de gager pour une durée très longue (100 ou 200 ans) un "actif". La crédibilité institutionnelle des Etats-Unis est considérée dans ce processus, le seul garant que l'Etat fédéral remboursera la dette qui lui a été faite. Ce pari sur sa crédibilité est si important que "tout le platine du monde" (environ 16 tonnes) ne permettrait pas de battre une pièce (ou des pièces) dont la valeur est 1 trillion. 

Nous parlons alors de sous-collateralisation du prêt, mais les expériences récentes nous ont montré qu'une telle opération financière fini toujours mal (les prêts subprimes étaient gagés, rappelons-nous, sur des actifs de faible valeur marchande, de la même façon que la mega-pièce en platine). Les marchés financiers (et surtout la Chine) pourraient donner crédit à la plus grande armée du monde pour rembourser cette dette. Le proverbe africain nous rappelle "ne dit pas au Lion qu'il a mauvaise haleine".

Dans le cas inverse, nous risquons de faire face à la pire des dévaluation du dollar puisque les dollars créés en contrepartie d'une proportion faible de platine correspondraient à 1000 fois moins que le dollar actuel. Dans le cas ou les ajustements ne se mettent pas en place sur la devise, nous créerons une sur évaluation des matières premières qui, comme le dit le FMI, risque de nous plonger dans l'une des pires des famines mondiales.

Mais ce mécanisme peut être encore plus effrayant. Remontons le temps... L'avènement d'Hitler en 1933 fut le résultat de deux chocs économiques, le premier inflationniste et pour l'interrompre un choc de la déflation... À cela s'ajoute les quelques 3000 milliards investis par la Chine en titres obligataires américains qui pourraient dorénavant ne valoir que 3 piécettes en platine. Ceci est une justification supplémentaire à l'escalade des investissements dans l'armement en Chine (qui a déjà sorti de ses chantiers navals un premier porte-avions). Devons nous rappeler que le Premier ministre japonais pense a modifier la Constitution pour se doter d'une vraie armée...

L'hypothèse de la pièce en platine est certes réalisable (puisque légale) mais elle ne devrait intervenir que dans le cas le pire. Puisque après avoir finance le déficit de cette année l'administration d'Obama 2 devra financer quelques 10ans de déficits qui ont été augmenté  encore plus suite au mini-deal obtenu le 31 décembre dernier in extremis.

Mais cette hypothèse ne doit pas être écartée dans le cas ou les États Unis se trouvaient pris dans un débat idéologique entre les démocrates (qui veulent faire payer les riches... "Heureusement que notre Obelix a eu du nez et a évite Los Angeles") et les républicains qui estiment qu'a force de financer des systèmes de protection social on crée plus de pauvres... Le temps de cet écartèlement idéologique viendra, mais il est peu vraisemblable qu'il intervienne maintenant.

La pièce en platine crée le moyen d'éviter de s'interroger sur des questions aussi importantes que : la démocratie, la solidarité, l'entraide, les obligations des récipiendaires des aides sociales, le rôle de l'état et surtout le rôle de l'économie en faisant payer par la force les créanciers.

Malheureusement la farce de la solution des démocrates (la pièce à 1000milliards) permet de cacher ceux qui se sont le plus enrichis lors de cette crise, qui ont bénéficié des aides de toutes sortes et qui se font silencieux dans le débat actuel (puisque ceux-la ont les moyens d'éviter une trop forte taxation). Malheureusement Nicolas Sarkozy et François Hollande pour l'Europe et Mitt Romney et Barack Obama pour les États Unis nous ont volé le débat sur ces sujets. Pourquoi?

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