Les bons conseils de Pascal Lamy à François Hollande : le futur ex-patron de l’OMC a-t-il un avenir politique en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Après sept ans passés à la direction de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy va céder sa place au brésilien Roberto Azevedo à la rentrée.
Après sept ans passés à la direction de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy va céder sa place au brésilien Roberto Azevedo à la rentrée.
©Reuters

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Alors que Pascal Lamy s'apprête à quitter l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ses prises de paroles dans les médias sont de plus en plus fréquentes. Il prend notamment position sur la politique du gouvernement et de François Hollande.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Atlantico : Après sept ans passés à la direction de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy va céder sa place au brésilien Roberto Azevedo à la rentrée. Sa présence dans les médias français semble s'être accrue ces dernières semaines. Comment l'interpréter ?

Thomas Guénolé : Trois hypothèses sont possibles, sans possibilité de trancher. La première est que ce sont les médias qui le sollicitent beaucoup parce que son nom a circulé comme éventuel prochain Premier ministre. Deuxième hypothèse, lui-même cherche à être davantage présent dans les médias pour augmenter ses chances d'entrer à Matignon. Enfin, il se peut que ce soit un cumul des deux. 

Son nom avait en effet été évoqué pour éventuellement succéder à Jean-Marc Ayrault à Matignon. Peut-il avoir une place dans la politique française ? Laquelle ?

Pour revenir dans la politique française, Pascal Lamy peut soit tenter de devenir un élu, ou entrer au gouvernementJusqu’à présent, il n’a jamais été élu à un quelconque mandat public. Sa carrière politique a été celle d’un Haut fonctionnaire passant de direction de cabinet à direction de cabinet, jusqu’à devenir directeur de l’Organisation mondiale du commerce sur proposition de la France. Par conséquent, le voir se présenter aux élections municipales ou européennes l’année prochaine serait une nouveauté.

Entrer au gouvernement à l’occasion d’un remaniement est une possibilité : de fait, son nom avait circulé comme successeur possible de Jean-Marc Ayrault. En la matière, cependant, l’Elysée est seul décideur.

Quels seraient ses atouts et ses principaux handicaps à Matignon ?

Essentiellement des handicaps. Puisque Pascal Lamy n’a jamais été élu à un quelconque mandat public, il est "hors sol" dans la vie politique française, ce serait donc un profil d’homme de cabinets ministériels parachuté Premier ministre. Par ailleurs, étant issu de Sciences Po, de HEC et de l’ENA, il a exactement le même cursus que François Hollande. Les médias et a fortiori l’opposition attaqueraient donc l’un et l’autre sous l’angle du "gouvernement de technocrates". Enfin, pour avoir dirigé l’OMC, il incarnerait un repoussoir pour l’électorat de l’aile gauche du PS et de l’extrême gauche. Alors même que la fidélité de ces électeurs bat de l’aile au fil des scrutins, le PS serait mal avisé d’ajouter du libéralisme économique au libéralisme économique.

Sous l’angle des atouts, ce serait sans aucun doute un très bon gestionnaire du point de vue du pilotage technique et administratif du gouvernement.

Dans une interview donnée à L'Express au mois de juin (lire ici) il se positionne ainsi par rapport à l'économie chinoise : "La Chine est le pays au monde qui, depuis 40 ans, a fait le moins d'erreurs en matière économique." Quelles positions, notamment économiques, pourrait-il défendre ?

Il défendrait sans aucun doute ce qu’on pourrait appeler la "ligne Gallois" : une gauche social-démocrate qui prend le parti de la compétitivité des entreprises et de l’attractivité de la France, sans remettre en cause le système économique et financier. En d’autres termes, l’exact contraire de la ligne socialiste incarnée par Arnaud Montebourg ou par Jean-Luc Mélenchon.

Que représente-t-il au PS ?

Politiquement, il correspond à l’aile droite du PS, social-démocrate. En matière économique, cette aile n’a aujourd’hui de différences avec la droite qu’en matière de politique fiscale. Ce n’est plus que sur les sujets de société, comme par exemple le droit de vote des étrangers extra-communautaires ou l’extension du mariage aux couples de même sexe, que cette aile reste clairement marquée à gauche. Au fond, c’est la "ligne Terra Nova" imaginée par Olivier Ferrand, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn.

La France pourrait-elle bénéficier de son aura internationale ?

Ce serait assurément un atout d’avoir un Premier ministre déjà très habitué aux contacts avec les diplomaties et les chefs d’Etat. Ces considérations sont cependant très secondaires pour l’électorat du PS.

Propos recueillis par Manon Hombourger.

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