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Top 10 des montres présentées à Bâle
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A l'heure !

Pas loin de 15 000 « nouveautés » ont été présentées pendant Baselworld, le salon annuel de l’horlogerie suisse qui ferme ses portes aujourd’hui. En choisir une dizaine est un exercice périlleux et forcément injuste. Que retenir d’une semaine de frénésie au bout du poignet ?

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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Comme souvent, les montres les plus intéressantes n’étaient pas forcément celles qui étaient présentées officiellement, mais celles qu’on trouvait dans la poche des managers, pour des présentations en catimini histoire de tester les réactions des uns et des autres. Attendez-vous donc, très bientôt, à quelques bombes du côté de chez Chanel, qui a peut-être enfin réussi à faire une montre masculine digne de ce nom (nom de code : Boy-Friend – ce sera la montre que les hommes rêveront de se voir offrir par leur femme) et du côté de chez De Grisogono, qui va relancer la tendance des montres rectangulaires (nom de code : New Retro – pourvu que les prix soient eux aussi rétro). Autres bombes attendues chez TAG Heuer, avec un chronographe tourbillon facturé autour des 15 000 euros (alors qu’il faudrait compter trois ou quatre fois plus chez les concurrents suisses) et chez Zenith, avec un spectaculaire hommage aux merveilleux fous volants. Et ainsi de suite… Essayons tout de même de picorer, parmi toutes les nouveautés, celles qui émergent réellement du lot, avec un classement par ordre alphabétique, sans idée de hiérarchie (certaines de ces montres ont déjà été présentées aux lecteurs d’Atlantico, dans notre chronique Atlantic-tac du vendredi)…

1)   ANGELUS

Une nouvelle marque qui est pourtant très ancienne, puisqu’elle est a été fondée en 1891 dans les montagnes suisses, mais elle avait disparu depuis une trentaine d’années. Relancée par une poignée de passionnées, elle renoue avec l’esthétique d’un parallélépipède oblong qui nous rappelle les années 1970. Ces boîtiers rectangulaires horizontaux seront la tendance forte de ces prochaines années. Le tourbillon Lumière U10 est une leçon de mécanique avancée, dont le cœur battant (ce fameux tourbillon) tourne sur lui-même en une minute : trois hublots de verre ont été percés dans le boîtier pour en éclairer les évolutions. Très beau, très cher, très futuriste…

2)   BELL & ROSS

On n’a pas tous les jours dix ans, mais les icônes horlogères du XXIe siècle soufflent leurs bougies dès leur première décennie. Voici dix ans, la BR 01 de Bell & Ross choquait tout le monde pour la rigueur radicale de son boîtier carré (46 mm : poignets de poulet s’abstenir) et son parti-pris instrumental, directement décalé des compteurs de bord d’un cockpit d’avion. Avec les années, ce style est devenu classique. Au lieu d’en rajouter dans l’or, les diamants ou l’hyper-mécanique, Bell & Ross préfère assumer cette simplicité presque janséniste et propose une BR 01 anniversaire encore plus sobre et encore plus tranchante : l’essentiel, sans un atome de concession à la facilité, chaque détail étant soigneusement repensé dans cette logique d’austérité fonctionnelle. Une belle leçon de design intemporel à un prix accessible.

3)   BULGARI

Encore une montre anniversaire ! Il s’agit de fêter les 40 ans de la montre Bulgari-Bulgari qui avait imaginé, à l’époque, de marquer deux fois le nom de la marque sur la lunette autour du boîtier, en plus du marquage sur le cadran. Astuce de design qui avait fait de cette montre un best-seller des années 1970. Pour cet anniversaire, il était tentant de regarder vers le passé, mais Bulgari se tourne résolument vers l’avenir en inventant la première smartwatch de luxe. Une montre 100 % connectée, 100 % suisse, 100 % élégante et 100 % sécurisée : on a pu dire d’elle qu’elle était un « coffre-fort de poignet ». Ce qui vaut mieux, puisque cette E-Diagono en magnésium est un passeport électronique vers le futur : on y stocke toutes ses données personnelles les plus sensibles, en les cryptant, pour des paiements sans contact, des mots de passe (ordinateur, téléphone), des ouvertures de portes (bureau, voiture), des titres de transport et tout ce que le système global des objets connectés va nous rendre indispensables. Ces données cryptées sont abritées dans un bunker ultra-sécurisé de l’armée suisse, quelque part dans le réduit alpin. Ce cryptage détruit les données si la montre ou le téléphone échappent à leur propriétaire. Une vraie montre avec une vraie intelligence : très racée et très élégante en plus d’être très utile..

4)   FABERGE

La marque avait disparu des radars, après avoir émerveillé plusieurs générations de collectionneurs de ses fameux « œufs » de haute joaillerie, qui font la fierté de nombreux musées. Elle revient sur le devant de la scène, avec des collections de bijoux qui donnent d’autres frissons (le prix, la qualité des pierres, le design) et quelques montres absolument remarquables, dont la très féminine Peacock (le paon, en anglais) développée par le magicien genevois de la mécanique élégante, Jean-Marc Wiederrecht. En faisant la roue, le paon indique les minutes par ses plumes, déployées sur un sertissage de pierres précieuses. Les heures se lisent dans un champ de nacre, à la hauteur de la couronne. Une version plus austère transforme le paon en éventail, ouvert sur un champ de cristaux de glace. Sur le plan mécanique, c’est de la complication merveilleuse. Réussite esthétique totale, très coûteuse, mais si pleine d’imagination et de créativité...

5)   HUBLOT

Tiens, encore une marque qui fête les dix ans de son icône maison, la célébrissime Big Bang, qui fête sa première décennie avec un faste et une profusion de splendeurs qui en dit long sur les ambitions d’une marque qui a su se poser en nouvelle référence statutaire pour la jeune génération des élites du monde des affaires et de la création. L’idée initiale était d’associer l’or du boîtier avec le caoutchouc du bracelet. On est passé ensuite par la céramique, le carbone, l’acier, l’osmium, le Magic Gold (un or inrayable, sauf par le diamant), les jeans ou le lin et, bien sûr, les diamants. Aucun superlatif n’effraie la Big Bang, dont les dix bougies seront dix millions de dollars à poser sur la table pour un coffret de quatre montres de haute joaillerie, différemment serties et facturées chacune deux millions et demi de dollars – soit 10 millions pour le coffret, dont une quinzaine d’exemplaires ont été vendus pendant Baselworld, merci pour eux ! Chaque montre propose des sertissages différents, réalisés à Genève dans les ateliers de Pierre Salanitro, l’enchanteur Merlin du caratage horloger. Les saphirs situés sur le bracelet (à 12 h et à 6 h) sont les verrous du bracelet interchangeable, pour celles qui préfèreraient un bracelet en jeans ou un bon vieux caoutchouc. À ce niveau de délire et de démesure dans l’extravagance friquée, c’est sublime. Forcément sublime…

6)   HYT

Le nom de la marque est un vague acronyme deHydromechanical Time, mais la proposition n’a rien de vague : il s’agit tout simplement de marquer le temps avec un liquide qui avance au fil des heures dans un capillaire. Ce fluide est « pompé » dans le circuit de la H3 par des « soufflets » animés par le mouvement de la montre et il progresse le long d’un jeu de dés qui basculent toutes les six heures. Ce sont des heures hydromécaniques, puisque les minutes sont décomptées de façon (presque) classique par une aiguille dont la course est linéaire – ce qui n’est pas du tout classique. Forcément, une montre aussi futuriste se pose au poignet dans un boîtier rectangulaire à lecture horizontale, à l’extrême pointe des tendances les plus avancées de la création horlogère. Totalement bluffant, complètement décalé et magistralement révolutionnaire (ne parlons pas du prix, qui peut fâcher les âmes sensibles)…

7)   JACOB & CO

À quoi peut bien ressembler une montre facturée 18 millions de dollars et dénommée Billionaire au cas où vous auriez un doute sur sa destination ? Disons qu’elle a une certaine présence au poignet, ne serait-ce que par sa taille respectable (47,5 mm x 58 mm) et par son caratage (260 carats de diamants en taille émeraude, qui valent beaucoup plus que leur pesant d’or). Disons qu’elle a les moyens de s’offrir un mouvement mécanique à tourbillon on ne peut plus haut de gamme – mais est-ce vraiment important ? Tout est dans l’insolence de la démarche joaillière et dans le caprice de l’oligarque ou du pétro-monarque milliardaire qui sera le seul à posséder cette pièce unique dont on doute qu’elle soit très souvent portée. L’horlogerie suisse s’ennuierait – et nous ennuierait – si elle ne s’offrait pas chaque année un tel vertige…

8)   LEROY

Encore une marque qui fait croire au miracle de la résurrection, de saison en période pascale ! La marque s’affirme « maître chronométrier », avec 1713 comme date de référence. C’est l’année où Julien Leroy a été admis parmi les horlogers parisiens. Depuis, le nom de Leroy est associé aux beaux-arts de la montre, avec des hautes et des basses époques, comme celle dont sort la marque qui se relance cette année sur le marché des montres néo-classiques pour collectionneurs amoureux de la grande horlogerie. Avec ce Chronomètre observatoire L200, ils sont gâtés : impossible de trouver plus néo-traditionnaliste que ce boîtier de 40 mm dont les formes adoucies résument parfaitement l’âge d’or des mécaniques d’exception. Le mouvement sera d’une précision certifiée par l’Observatoire astronomique de Besançon : nous vous épargnerons les détails de ses infinies qualités mécaniques, mais elles sont multi-brevetées. Les finitions sont dignes de ce que l’artisanat horloger suisse sait réussir de mieux. Chaque détail du cadran, des aiguilles, du boîtier et du mouvement a été pensé pour honorer une bien facture qui se remarque au premier coup d’œil. Les plus grands amateurs – ceux qui peuvent dépenser un ou deux millions d’euros pour une pièce vintage – ont failli tomber en pâmoison devant cette friandise absolue : comme quoi trois aiguilles peuvent conduire au paradis. Pour les puristes, ceux qui ne jurent que par les saints du calendrier horloger suisse, cette Leroy L200 est la plus belle des montres de l’année, et même plus si affinités…

9)   PATEK PHILIPPE

Il faut quand même une grande marque dans ce classement des montres les plus intéressantes du printemps 2015 : la nouvelle Patek Philippe Calatrava Pilot Travel Time mérite totalement d’accéder à cet Olympe. D’abord, parce qu’elle témoigne de la fonction des grandes marques, qui est de créer des repères et d’oser explorer de nouveaux territoires. Pratiquement sans légitimité sur le terrain de montres de pilotes (tout le monde a oublié les montres militaires réalisées pour l’armée américaine par Patek Philippe, pendant la Seconde Guerre mondiale), Patek Philippe plante son drapeau sur un nouveau territoire d’expression et Patek Philippe prend le risque d’ajouter de nouveaux codes à sa grammaire stylistique : à eux seuls, les hurlements d’effroi des puristes seraient une magnifique récompense pour cette audace très bien maîtrisée. Ensuite, cette montre d’aviateur est une réussite esthétique, un zéro faute côté harmonie du cadran et du boîtier, doublé d’un zéro faute côté mécanique, avec un dispositif très abouti d’affichage du second fuseau horaire. Seules les grandes marques peuvent se permettre d’imposer ainsi leur vision du marché : sans déroger, Patek Philippe réinvente ici la tradition des montres de sport. Le meilleur pour la fin : moins de 50 000 euros pour cette sportive de très haut lignage, c’est certes un peu coûteux, mais est-ce vraiment cher pour un futur collector?

10) TUDOR

La maison Tudor (petite sœur de Rolex) a compris avant beaucoup de marques, et mieux qu’elle, à quel point l’amateur contemporain de montres avait changé : moins porté sur l’ostentation somptuaire, sauf quand il est Chinois, cet amateur exige à la fois une qualité irréprochable et une esthétique impeccable à un prix imbattable. La nouvelle North Flag se conquiert pour un peu plus de 3 000 euros, en proposant un authentique mouvement manufacture, 100 % maison, à la précision certifiée chronomètre (ça rassure) et une esthétique gentiment vintage, qui rassure au moins autant par son parfum seventies. L’émotion est au rendez-vous. Difficile de trouver mieux sur le marché que ce concentré de bonnes résolutions horlogères : c’est avec des montres aussi intelligentes que l’horlogerie suisse a des chances de résister aux smartwatches qui veulent conquérir nos poignets…

Hors concours) MB&F

Ce n’est pas une montre et ce n’est pas un robot, mais c’est une horloge de table, proposée par l’équipe de MaximilianBusser, le jeune quadra qui est devenu le parrain de la nouvelle génération horlogère. 30 cm de haut, 480 composants horlogers pour un mouvement qui donne l’heure – disques sur le poitrine du robot – pendant 40 jours sans être remonté, des rouages mécaniques révélés au grand jour, jusque sous le dôme de la tête, un style métallo-adolescent pas encore totalement conquis par le sérieux de l’âge adulte, un prénom (Melchior) comme les plus célèbres robots des grands films du répertoire, 6,3 kg d’acier et de laiton, 99 exemplaires déjà quasiment tous souscrits tellement Melchior est à l’aise dans l’air du temps. La mitrailleuse Watling logée dans le bras se démonte pour remonter le mécanisme. Pas belle, la vie rêvée des robots horlogers ?

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