Le trou noir au cœur de la véritable histoire du 11 Septembre : mais que racontent les 28 pages consacrées à l'Arabie Saoudite et encore top secrètes de l'enquête du Congrès américain ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Arabie saoudite serait impliqué dans les attentats du 11 septembre
L'Arabie saoudite serait impliqué dans les attentats du 11 septembre
©Reuters

Révélations

C'est en tout cas ce qu'avance ce mardi The New Yorker qui se base sur un dossier de sécurité nationale dont une section de 28 pages intitulées "Découverte, discussion et récit concernant certains problèmes sensibles de sécurité nationale " a été censurée.

Treize ans jour pour jour après les évènements, de nombreuses zones d'ombres subsistent au-dessus des attentas du 11 septembre. Les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone ont engendré une "guerre contre le terrorisme" qui demeure encore de nos jours (Barack Obama y fait notamment référence dans sa lutte contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie, ndlr). Mais obtenir toutes les informations (le pourquoi et le comment ces évènements ont lieu) semble illusoire. En effet, dès le lendemain des attaques, les services de la Maison Blanche ont classé secret-défense tout ce qui touche de près ou de loin à cette affaire. 

Il existe notamment un rapport d’enquête intitulé "Enquête conjointe sur les activités de la communauté du renseignement avant et après les attaques terroristes du 11 septembre 2001". Mais selon des informations de The New Yorker, sur les plus de 300 pages de ce dossier, 28 pages d'une section "Découverte, discussion et récit concernant certains problèmes sensibles de sécurité nationale " ont été censurées.  En effet, selon George W. Bush la publication de ces pages "nuiraient aux diverses opérations menées par les renseignements américains" car elles "révèleraient nos méthodes et compliqueraient une éventuelle victoire dans la guerre que nous menons contre le terrorisme".

Mais à en croire l'hebdomadaire américain, il existe une raison plus officieuse : ce rapport top-secret prouverait l'implication de l'Arabie Saoudite dans les attentats du 11 septembre.  "Il n'y a rien qui mettrait en danger la sécurité nationale" assure au New Yorker, Walter Jones, républicain et membre du Congrès de Caroline du Nord et qui a lu les pages manquantes. Et celui de certifier  qu'il s'agit bel et bien en réalité d'une section qui traite "des liens entre l'administration Bush et les Saoudiens". Stephen Lynch, démocrate et membre du Congrès du Massachusetts,  ne dit pas autre chose : "Ces 28 pages racontent une histoire qui a été entièrement retirée du rapport officiel sur le 11 septembre. Elles sont les preuves de l'appui du gouvernement saoudien dans ces attentats". Mais la question est de savoir à quel point la famille royale est impliquée dans cette histoire. C'est pourquoi  Jones et Lynch demandent  à l'administration Obama de déclassifier ces pages. 

Toujours selon The New Yorker, les Saoudiens ont eux aussi exigé une déclassification de ce dossier sensible. "28 pages issues d'un rapport sont utilisée par certains pour diffamer notre pays et notre peuple" a fait savoir le prince Bandar ben Sultan qui était à l'époque des attentats l'ambassadeur de l'Arabie saoudite aux Etats-Unis. Et celui-ci de poursuivre : "L'Arabie saoudite n'a rien à cacher. Nous pouvons débattre et nous défendre en public sur n'importe quel sujet mais nous ne pouvons pas parler sur des pages dont personne n'a accès". 

Mais qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur de ces 28 pages si controversées ? A en croire le site Antiwar.com,  l'introduction de cette section est la suivante : “Par son travail, l’enquête conjointe a développé des informations suggérant des sources spécifiques de soutien étranger à quelques uns des pirates du 11 septembre alors qu’ils étaient aux Etats-Unis. L’examen de l’enquête conjointe a confirmé que la communauté du renseignement a aussi des informations, dont la plupart doit encore être indépendamment vérifiée, concernant ces sources potentielles de soutien. Dans leurs témoignages, ni les officiels de la CIA ni ceux du FBI n’ont été capable d’établir définitivement l’étendue d’un tel soutien pour les terroristes dans leur ensemble ou juste aux Etats-Unis, ou jusqu’à quel point, ce soutien, s’il existe, était intentionnel ou de nature accidentelle."

Pour le reste nous n'en saurons pas plus. Nous devons nous en fier à ce que racontent ceux qui ont lu le rapport en entier. C'est le cas de Walter Jones et voici son témoignage au site Antiwar.com : "J'ai été absolument choqué par ce que j’ai lu. (…) Ce n’est pas en lien direct avec la sécurité de l’Etat en soi ; il s’agit plus des relations que nous entretenons. L’information est essentielle pour que notre politique étrangère aille de l’avant et devrait donc être accessible au peuple américain. Si les pirates du 11 septembre ont eu une aide extérieure – particulièrement d’un ou plusieurs gouvernements – la presse et le public ont le droit de savoir ce que notre gouvernement a fait ou non pour amener les auteurs devant la justice."  "Un ou plusieurs gouvernements" assure-t-il. Et parmi eux, il y aurait donc l'Arabie saoudite. 

En revanche, selon Philip Zelikow, les éléments présents dans les 28 pages en question ne suffisent pas à soutenir la thèse qui voudrait que les Saoudiens portent une responsabilité dans les attentats du 11 septembre. Au New Yorker, Stephen Lynch reconnaît que les 28 pages n'ont pas été déclassifiées pour ne pas risquer de mettre à mal la relation des Etats-Unis avec l'Arabie saoudite pour des éléments qui ne relevaient pas de faits avérés. Car selon l'hebdomadaire américain, l'histoire racontée dans cette section censurée compromet fortement le Royaume. 

En effet, il y est narré l'histoire de deux jeunes Saoudiens, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdhar, tous les deux membres d'Al-Qaida et morts au cours des attentats du 11 septembre. Il est notamment évoqué leur rencontre avec Omar al-Bayoumi, un autre ressortissant saoudien en contact fréquent avec l'ambassade d'Arabie Saoudite à Washington et avec le consulat du pays à Los Angeles. Pendant un temps, ce dernier a été soupçonné d'être un espion à la charge du plus grand pays du Moyen-Orient (même si le gouvernement saoudien l'a toujours nié). Bayoumi les aurait emmené à San Diego où il aurait notamment payé la caution et le premier mois de loyer de l'appartement loué par les deux hommes et leur aurait également présenté  des membres de la communauté arabe, dont  l'imam d'une mosquée locale, Anwar al-Awlaqi, qui deviendra plus tard un des plus influents membres  d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique. 

Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi (Crédit photos : Reuters)

Anwar al-Awlaqi (Crédit photo Reuters)

Hamzi et Mihdar auraient aussi rencontré un autre saoudien présent à San Diego à l'époque : Oussama Basnan. Etrange car en l'occurrence, la femme de Basnan recevait de l'argent de la part de l'épouse du prince Bandar, la princesse Haïfa. Le montant s'élèverait à 73 000 dollars sur une période de trois ans. Cet argent était censé financer un traitement médical pour soigner la maladie dont souffrait la femme de Basnan. Mais comme l'indique The New Yorker, certains estiment qu'une partie de cet argent aurait pu servir à aider financièrement les pirates de l'air qui résidaient à San Diego (Hamzi et Mihdar en l'occurrence, ndlr). Toutefois, le  FBI n'a pas trouvé de preuves que cet argent est d'une manière ou d'une autre été un jour dans les mains de ces terroristes. Cependant, les membres de la Commission du 11 septembre  ont de leur côté trouvé un lien direct  avec la famille royale d'Arabie saoudite. 

"Nous affirmons que les organismes de bienfaisance soi-disant  établis par le gouvernement du Royaume afin de propager l'idéologie wahhabite radicale dans le monde entier ont servis comme  principales sources de financement et de soutien logistique d'Al-Qaïda durant plus d'une décennie avant les attaques du 11 septembre"  assure Sean Carter, l'un des avocats qui a porté plainte contre le Royaume. En effet, au début du mois de juillet, la Cour Suprême des Etats-Unis a donné son aval au procès intenté par les familles des victimes des attentats 11 septembre 2001 contre le gouvernement de l’Arabie saoudite, accusée d’avoir indirectement financé Al-Qaïda dans les années qui ont précédé les détournements d’avions. Pour enfin lever le voile sur tous ces mystères...

Maxime Ricard

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