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vote impact du terrorisme
vote impact du terrorisme
©LUDOVIC MARIN / AFP

A l’Ouest, rien de nouveau

L'attentat de Conflans-Sainte-Honorine ayant visé Samuel Paty, un enseignant, a profondément marqué les esprits. Cette attaque terroriste a-t-elle modifié le rapport des Français avec l'islamisme ? Quel peut être l’impact électoral de cet attentat et du terrorisme ?

François Kraus

François Kraus

François Kraus est Directeur des études politiques au département Opinion de l'Ifop.

 

 

 

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Atlantico.fr : L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine a-t-il modifié le rapport des Français à la menace terroriste et à l’islamiste ?

François Kraus : Avec notre dernier sondage, nous observons un retour très sensible de la perception du risque terroriste. On a retrouvé un niveau du sentiment d'inquiétude en matière de terrorisme simiaire à celui que l'on avait en 2016, un an après les attentats de novembre 2015. Ce n’est pas le plus haut niveau observé mais il reste très élevé. 

On observe aussi une forte défiance des Français à l'égard du gouvernement et plus largement du personnel politique. A peine 40% des Français font confiance au gouvernement pour faire face au risque terroriste. Aucun acteur politique actuel ne suscite la confiance d'une majorité de Français sur ces sujets.

76 % des Français sont favorables à la dissolution du CCIF. Il y a un certain consensus dans l'opinion à l'égard de cette mesure, à gauche comme à droite d’ailleurs. Si on peut se demander si légalement la dissolution est possible, les freins ne viendront en tout cas pas de l'opinion.

Ceux qui pourraient s’y opposer sont certains jeunes pour qui les sujets de discrimination et de respect des minorités sont importants. Ils pourraient voir cette mesure comme une atteinte à la défense des droits des minorités.

L’attentat peut-il faire bouger les positions de certains partis politiques qui n’étaient pas connus pour leur fermeté à l’égard de l’islamisme ?

Il y a globalement un consensus pour considérer que la laïcité est menacée et que les islamistes ont déclaré une guerre à la France et à la République.

On a aussi le sentiment que dans la mesure où on a touché à un symbole sacré pour une certaine gauche, c'est à dire un enseignant, c'est peut-être l'occasion d'un changement de position, à gauche, vers plus de fermeté à l'égard de l'islamisme et du combat qu'ils mènent contre la France sur les réseaux sociaux, dans la sphère médiatique et intellectuelle depuis plusieurs années.

On observe par ailleurs chez les Français une défiance à l'égard de Jean-Luc Mélenchon qui a eu des propos surprenants pour un leader de la gauche radicale à l'égard de la communauté tchétchène. On voit bien que derrière il y avait des arrières pensées électoralistes. Il voulait sans doute prendre acte et afficher un positionnement ferme. Dans la mesure où les musulmans d'origine maghrébine constituent un électorat important dans les circonscriptions que détiennent les députés LFI, il y avait une volonté de s'en prendre à une ultra-minorité qui ne pèse pas aussi fort électoralement que les immigrés d'origine maghrébine. Mais les Français préfèrent l'original à la copie. C’est donc plutôt des figures de droite ou de droite radicale qui reçoivent le plus de confiance. Pour l’instant, Marine Le Pen est celle qui s'en sert le mieux en terme de crédibilité pour lutter contre le terrorisme et l'islamisme.

Quel peut être l’impact électoral de cet attentat, et plus largement du terrorisme, au regards des expériences passées ?

Il est peu probable que ça ait un énorme impact sur les prochaines élections régionales qui risquent d'ailleurs d'être reportées. Il faudra voir où en est l'état du débat avant les présidentielles. C'est dans un an et demi. Mais un an et demi avant les élections de 2017, il y avait eu les attentats de novembre 2015 et ce n’est pas pour ça que Marine Le Pen a fait un score exceptionnel. Il faut rester prudent sur l'impact à moyen-long terme. 

L'Ifop avait réalisé un sondage en vue des élections régionales de 2016, avant et après les attentats de novembre de 2015. Moins de 10 % des votants sondés déclaraient avoir changé d'avis après les attentats. Il faut comprendre que le positionnement des Français est assez ancré. Il y a peu de changements radicaux. Ceux qui changent de vote restent dans le même bloc politique. Si on est macroniste, on ne devient pas lepéniste du jour au lendemain.

En revanche, l’attentat pourrait, peut-être, infléchir une tendance de tolérance chez les jeunes et dans une certaine intelligentsia vis-à-vis des islamistes, qu'ils soient modérés ou radicaux. Avec peut-être une adhésion de principe aux mesures de lutte contre la pression exercée par l'islamisme dans l'administration et les services publics. De là à ce que ça change totalement la donne, il faut encore attendre.

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